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Page:Zanta - La Renaissance du stoicisme au 16e siecle.djvu/13

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INTRODUCTION


LE MOUVEMENT STOÏCIEN DE LA RENAISSANCE


Des études intéressantes ont déjà signalé, ces dernières années, l’existence d’une restauration partielle du stoïcisme au XVIe siècle[1]. Nous avons vu là l’indication d’un mouvement plus vaste qu’il serait utile de préciser et d’étudier dans son ensemble. La renaissance du stoïcisme fera donc l’objet de cette étude ; nous essaierons de l’analyser dans ses causes profondes et souvent cachées, de la replacer dans le milieu où elle s’est produite, racontant son histoire, depuis ses humbles débuts, jusqu’au moment où elle se fixe et s’épanouit en quelque sorte dans les œuvres de deux hommes : Juste Lipse et Guillaume Du Vair, qu’on peut considérer comme les représentants authentiques d’un stoïcisme nouveau qu’il restera alors à caractériser et à définir.

Rappelons tout d’abord qu’au début de la Renaissance, l’homme, remis en face de lui-même, a repris conscience de sa force, et surtout de la force de sa raison. C’est à elle qu’il revient désormais pour demander des règles pratiques de vie, pour examiner des vérités d’ordre spéculatif. Il sépare les deux domaines du spéculatif et du pratique, autrement dit de la morale et de la foi religieuse, et réagit contre le surnaturel. Ainsi l’idéal se déplace, chaque homme le porte en soi, puisque ce n’est point autre chose que le complet épanouissement de sa nature ; et comme cette nature est universellement considérée comme bonne, chacun, en travaillant à son propre développement, pourra réaliser le bonheur particulier pour lequel il est né. Quant à l’effort nécessaire pour vivre sa vie

  1. Cf. F. Strowski, Pascal et son temps, 3 vol. (Paris, 1907) ; Ibid., Montaigne (Paris, 1906) ; P. Villey, Les sources et l’évolution des Essais de Montaigne, 2 vol. (Paris, 1908) ; Thamin, Les Idées morales au XVIIe siècle, dans la Revue des Cours et Conférences (2 janvier 1896).