Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 4/Lecture 3

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 287-297).

LECTURE TROISIÈME.

HYMNE I.

Aux Viswadévas, par Pratiratha.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Grande (et noble) mère, (l’Aurore) attelle son char, et vient au ciel, annonçant (le moment de l’œuvre sainte), éveillant la (Prière)[1] sa fille. La Prière, jeune et respectueuse, commence ses invocations avec les Dévas dans le lieu (du sacrifice).

2. Les Rayons rapides, issus du Sacrifice, viennent se placer au foyer du (dieu) immortel ; larges, infinis, ils embrassent de tout côté le ciel et la terre.

3. Source de vie et de lumière (le dieu), sur une aile rapide, s’est élancé, du côté de l’Orient, au giron du père[2]. Radieux, étendu, il s’avance au milieu du ciel, et répand ses clartés sur les deux extrémités du monde.

4. Quatre soutiens[3] le supportent avec bonheur ; dix mamelles[4] lui fournissent les forces dont il a besoin pour suivre sa carrière. Trois vaches[5] magnifiques l’accompagnent dans sa course autour du ciel.

5. Ô peuples, le voilà, cet astre admirable, qu’entourent les Ondes (saintes) et vers lequel se précipitent les flots (des libations) ! que sa mère a confié à deux (nourrices)[6], sœurs jumelles de couleur différente et apparaissant à des heures diverses !

6. En l’honneur de Soûrya les Prières poursuivent leurs œuvres. Les (Ondes)[7], qui sont ses mères, filent des vêtements pour leur fils. (Les Lueurs rayonnantes) vont, joyeuses et fécondes, par la voie de l’air, s’unir à leur époux.

7. Ô Mitra et Varouna, ô Agni, que cet hymne soit pour nous une garantie de bonheur ! Puissions-nous obtenir la puissance, mais une puissance solide ! Honneur au (dieu appelé) Div, grand et (noble) soutien (du monde) !


HYMNE II.
Aux Viswadévas, par Pratibhanou, fils d’Atri.
(Mètre : Djagatî.)

1. Nous honorons ce (dieu) grand et chéri, brillant, fort et glorieux, au moment où (l’Aurore), la (divine) magicienne, prenant nos libations, répand ses lueurs sur le ciel, dont la profondeur commence à se mesurer.

2. Les (flammes) du sacrifice ont jeté sur le monde entier leur vêtement de lumière. Notre piété aux Ondes du soir fait succéder les Ondes du matin.

3. Au bruit des mortiers qui résonnent le matin et le soir, la foudre redoutable brille pour frapper le magicien (impie). Les cent (chevaux) d’Indra s’élancent dans (le ciel, qui est) leur domaine, et accomplissent la révolution des jours.

4. Puissé-je avoir le bonheur de jouir de cet astre, qui se trace (dans le ciel) une voie brillante comme la hache (dans la forêt) ! Puisse le peuple qui l’invoque dans ses dangers obtenir les biens qui distinguent une maison opulente !

5. Il s’avance, (le dieu) qui a quatre faces[8], dont la langue est belle et le vêtement éclatant, qui repousse (les ténèbres) et terrasse ses ennemis. Mais nous ignorons encore la grandeur de sa puissance, et si Bhaga et Savitri sont en état d’être nos bienfaiteurs.


HYMNE III.
Aux Viswadévas, par Pratiprabha, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. En votre faveur j’invoque aujourd’hui le divin Savitri et Bhaga, qui dispensent leurs trésors aux enfants d’Ayou. Ô Aswins, ô dieux bienfaisants, je veux être votre ami. Puissé-je chaque jour attirer votre attention !

2. Le (divin) Asoura s’approche. Ô sage, honore par tes hymnes l’auguste Savitri. Que le prêtre, par sa piété éclairée, plaise à ce (dieu) suprême, qui dispense ses trésors aux enfants d’Ayou.

3. Poûchan, Bhaga, Aditi nous donnent une heureuse abondance. Le (dieu) qui a la force du taureau[9] se revêt (de ses rayons). Qu’Indra, Vichnou, Varouna, Mitra, Agni, (divinités) secourables, nous accordent des jours fortunés !

4. Que l’invincible Savitri nous couvre de sa protection ! Que les Ondes viennent aussi nous défendre ! Je forme un vœu, moi qui suis ici le sacrificateur. Puissions-nous posséder des trésors d’abondance et devenir les maîtres de l’opulence !

5. Que la fortune vienne à ceux qui ont pour les Vasous de grosses offrandes, qui honorent par des hymnes Mitra et Varouna. Répandez vos libations. Puissions-nous, dans notre (sainte ivresse), obtenir le secours du Ciel et de la Terre !


HYMNE IV.
Aux Viswadévas, par le Mouni Swastyatréya.
(Mètres : Anouchtoubh et Pankti.)

1. Que tout mortel recherche l’amitié du divin Conducteur[10]. (Ce dieu) est le maître de la richesse. Que tout mortel s’efforce de mériter sa faveur par une offrande (digne de lui).

2. Ô divin Conducteur, nous sommes à toi, et nous, et ces (mortels) assemblés pour honorer les Dieux. Puissions-nous, les uns par nos offrandes, les autres par leurs prières, obtenir le fruit de notre piété !

3. Dans ce sacrifice honorez les Dieux qui se font nos hôtes ; honorez les épouses (des Dieux). Qu’un libérateur (divin) éloigne de nous nos ennemis et tous ces (brigands) qui assiégent les routes.

4. Quand (le dieu) qui porte (nos offrandes) est sur le foyer, et que les libations coulent dans le vase (sacré, le divin Conducteur) touché de nos hommages, (vient vers nous) tel qu’une épouse fidèle, et sa bienfaisance nous accorde une maison (opulente), une mâle famille.

5. Ô divin Conducteur, ce char (du Sacrifice) est pour toi. Que (ce char) protecteur et opulent nous donne le bonheur ! Que nous lui devions richesse et bénédiction ! Nous célébrons un (dieu) désiré, et nous l’adorons ! Nous célébrons tous les Dieux, et nous les adorons !


HYMNE V.
Aux Viswadévas, par Swastyatréya.
(Mètres : Gâyatrî, Ouchnih, Djagatî, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô Agni, viens avec tous les dieux protecteurs pour boire notre soma et recevoir nos holocaustes.

2. Arrivez aux sacrifices, ô vous dont les œuvres sont pures et les pensées justes. Buvez avec la langue d’Agni.

3. (Dieu) sage et digne de nos hommages, viens le matin avec les (autres) dieux, sages comme toi, pour boire notre soma.

4. Ce soma, aimé d’Indra et de Vâyou, en sortant du pressoir est versé dans la coupe du sacrifice.

5. Ô Vâyou, viens à nos cérémonies, et accepte nos holocaustes. Si tu nous aimes, bois de nos libations.

6. Ô Indra et Vâyou, daignez goûter à ces offrandes. (Dieux) protecteurs, prenez avec plaisir et nos mets et nos breuvages.

7. En l’honneur d’Indra et de Vâyou a été exprimé ce jus de soma, mêlé avec du caillé. Comme les eaux coulent vers la vallée, nos offrandes vont vers (ces dieux).

8. Uni à tous les dieux, uni aux Aswins, à l’Aurore, viens, ô Agni, et tel qu’Atri, réjouis-toi de nos libations.

9. Uni à Mitra et Varouna, uni à Soma et à Vichnou, viens, ô Agni, et tel qu’Atri, réjouis-toi de nos libations.

10. Uni aux Adityas et aux Vasous, uni à Indra et à Vasous, viens, ô Agni, et tel qu’Atri, réjouis-toi de nos libations.

11. Que les Aswins nous bénissent. Que Bhaga, que la divine Aditi, et l’invincible (Indra) nous bénissent. Que Poûchan, l’auteur de la vie, nous bénisse. Que le Ciel et la Terre nous bénissent avec bienveillance.

12. Nous demandons la bénédiction de Vâyou, et celle de Soma, qui est le maître du monde, celle de Vrihaspati, accompagné de tous les (dieux). Que les Adityas, que les Viswadévas nous bénissent.

13. Que tous les dieux nous bénissent aujourd’hui. Qu’Agni, l’ami et le refuge de tous les êtres, nous bénisse. Que les dieux Ribhous nous bénissent et nous conservent. Que Roudra nous bénisse et nous garde de tout mal.

14. Bénissez-nous, ô Indra et Varouna. Bénis-nous, ô riche (et divine) Voie[11]. Qu’Indra et Agni nous bénissent. Aditi, bénis-nous.

15. Puissions-nous suivre heureusement notre route, comme le Soleil et la Lune ! Puissions-nous n’avoir pour compagnons que des (hommes) bons, généreux et reconnaissants[12] !


HYMNE VI.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Gâyatrî, Ouchnih, Djagatî, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô Syâvâswa, chante avec force les Marouts, qui, dignes de nos hymnes et de nos sacrifices, trouvent leur plaisir dans les mets innocents de notre Swadhâ.

2. Les (Marouts) sont des amis d’une force et d’une puissance inébranlables. Dans leurs élans vigoureux ils nous protégent sans se fatiguer.

3. Ils s’avancent tels que de mâles taureaux, et surmontent les ténèbres de la nuit. Nous chantons la puissance des Marouts au ciel et sur la terre.

4. Pour vous, nous célébrons les Marouts, et par le sacrifice nous honorons la force de (ces dieux), qui, tous amis des enfants de Manou, protégent le mortel contre son ennemi.

5. Héros généreux, doués d’une vigueur incomparable, ils sont dignes de notre culte. À ces Marouts, qui du ciel sollicitent nos hommages, présente les mets (sacrés).

6. Combattants nobles et courageux, couverts de leurs parures d’or, ils ont lancé leurs traits. Tel que le ciel brille entre les nuages, tel l’éclair brille sur le sein des Marouts[13].

7. Enfants de la Terre, ils ont grandi dans l’espace de l’air ; occupés à précipiter les flots des Rivières, ou placés au sanctuaire même de l’être lumineux.

8. Chante la puissance des Marouts, puissance juste et noblement étendue. Car ces héros, actifs et impétueux, ont uni leurs efforts pour l’ornement (du monde).

9. Tantôt ils couvrent la Nue[14] de purs et légers réseaux, tantôt ils fendent avec force le nuage sous la roue de leurs chars.

10. Tantôt ils viennent à nous, tantôt ils s’éloignent, tantôt ils pénètrent dans l’intérieur (des corps), tantôt ils suivent la voie qui leur est ouverte. De quelque manière qu’ils se répandent, ils méritent les honneurs de notre sacrifice.

11. (Nobles) héros, tantôt ils s’arrêtent ; tantôt leurs coursiers les emportent ; d’autres fois ils se placent aux extrémités du ciel. Telles sont les formes variées sous lesquelles ils nous apparaissent.

12. Célébrés par les hymnes du poëte, ils ont produit une source en faveur de leur chantre[15] qui demandait de l’eau. Comme le brigand (qui veille pour son trésor), qu’ils soient prompts à me défendre et à me faire briller.

13. Grands, sages et prudents, ils agitent leurs traits qui lancent des éclairs. Ô Richi, adore cette famille des Marouts, et célèbre-la par tes chants.

14. Ô Richi, que des offrandes soient présentées à cette famille des Marouts, comme à nos amis heureux de nos chants et de nos prières ; venez du ciel, et montrez votre force victorieuse.

15. Celui qui célèbre ces dieux et leur apporte ses offrandes ressent les effets de leur munificence, ainsi que les sages (seigneurs), qui ornent nos sacrifices, et ordonnent les prières.

16. Les sages qui m’ont enseigné la naissance des Marouts m’ont dit que (leur mère) était la vache (divine appelée) Prisni[16]. Les mêmes savants m’ont appris que l’impétueux Roudra était leur père.

17. Que ces (dieux) puissants, qui sont au nombre de sept fois sept[17], me donnent autant de centaines (de vaches). Que les bords de l’Yamounâ[18] retentissent de ma richesse ; je demande des troupeaux de vaches, des troupeaux de chevaux.


HYMNE VII.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Cacoubh, Anouchtoubh, Pouraouchnih, Vrihat et Gâyatrî.)

1. Qui connaît la naissance des Marouts ? qui le premier a honoré de ses offrandes ces (dieux) que traînent des daims (légers) ?

2. Qui les a entendus de dessus leurs chars ? De quel côté se dirigent-ils ? Quel est le mortel pieux dont les chants attirent en ce moment (ces dieux) avec leurs pluies bienfaisantes ?

3. Ils m’ont dit en arrivant, pour boire le (soma), avec leurs brillants coursiers : « (Nous sommes) les amis des mortels, nous les conduirons toujours au bien. » En voyant ces héros, (ô Richi), commence tes chants.

4. Tout resplendit en eux, leurs parures, leurs armes, leurs guirlandes, leurs bracelets d’or, leurs chars, et les arcs qui font leur orgueil.

5. Ô Marouts, ô bienfaiteurs actifs, j’appelle vos chars à nos libations ; ainsi les mondes célestes (appellent) les pluies voyageuses.

6. Le nuage est un trésor que ces héros généreux versent du haut des airs. Ils vont entre le ciel et la terre, envoyant avec leur arc les flèches de la pluie.

7. Les nuages fendus (par les Marouts) et cédant leurs ondes qui traversent l’air, ressemblent à autant de vaches (fécondes). Les torrents qui s’échappent de différents côtés prennent leur course, tels que des coursiers rapides.

8. Venez, ô Marouts, du ciel, de l’air, de ce monde même. Ne restez pas loin de nous.

9. Que la Rasâ[19], l’Anitabhâ, la Coubhâ, la Cramou ne (vous arrêtent) point. Ne vous laissez pas retenir par le Sindhou. Que la Sarayou ne vous enveloppe pas de ses ondes. Nous attendons de vous notre bonheur.

10. Des pluies, ô Marouts, accompagnent, dans sa course brillante et rapide, votre puissante famille quand on la célèbre par des hymnes.

11. Accompagnons donc aussi par nos prières et par nos chants les diverses tribus[20] de cette famille vigoureuse.

12. Vers quel seigneur, distingué pour ses holocaustes, les Marouts ont-ils en ce jour dirigé leur char ?

13. Donnez-nous, et accordez aussi à nos enfants et à nos petits-enfants, des moissons abondantes ; car nous vous demandons des biens qui puissent être durables et prospères.

14. Puissions-nous vaincre nos ennemis, et par vos bénédictions triompher du mal ! Que des pluies heureuses nous procurent, ô Marouts, tous les biens que nous devons attendre des eaux, de la vache, des plantes !

15. Il est aimé des Dieux, il est grand et entouré d’une forte famille, ô nobles Marouts, le mortel que vous protégez. Puissions-nous obtenir ce bonheur !

16. Loue donc (ces dieux) bienfaiteurs du (père de famille) qui les honore. Qu’ils se plaisent dans nos sacrifices, comme les vaches dans le pâturage. Invoque-les comme de vieux amis, et chante en leur honneur ces hymnes dont ils sont avides.


HYMNE VIII.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Prépare une prière en l’honneur de cette brillante famille des Marouts, qui agite les montagnes (célestes). Présente de riches offrandes à ces (dieux) qui viennent dans le ciel mettre un terme à la chaleur, qui exaucent les vœux du sacrificateur, et amènent une brillante abondance.

2. Votre force, ô Marouts, assemble les Ondes, et fait croître nos moissons. Attelant (à vos chars) vos coursiers rapides, vous vous répandez (dans le ciel). Le (dieu, appelé) Trita[21] s’unit à l’éclair ; il résonne. Les Eaux répondent à ce bruit, et tombent de tout côté sur la terre.

3. Les Marouts, héros entourés d’éclat, brillent des feux de l’éclair, poussent les montagnes (célestes), et agitent leurs traits pénétrants. Pour nous envoyer l’eau, ils lancent avec bruit le tonnerre, (dieux) rapides et robustes.

4. Fils puissants de Roudra, et le jour et la nuit, vous agitez l’air et les mondes (célestes). Vous tourmentez les nuages comme des vaisseaux : vous ébranlez même les citadelles. Vous seuls, ô Marouts, n’éprouvez aucun mal[22].

5. Ô Marouts, votre force a étendu votre gloire, aussi loin que le Soleil (pousse) ses rayons. Quand vous attaquez le nuage alourdi, vous ressemblez à des coursiers dont l’élan est invincible.

6. Ô sages Marouts, votre puissance éclate lorsque vous secouez le nuage, comme on secoue un arbre. (Venez) partager nos plaisirs, et, dans la route où marche notre bienfaiteur, soyez pour lui comme un œil (clairvoyant) : conduisez-le heureusement.

7. Le Richi ou le roi que vous protégez ne saurait être vaincu ni tué ; il n’a ni chagrin, ni blessure, ni mort à craindre. Ses richesses et sa puissance se trouvent à l’abri.

8. Pressant leurs coursiers et maîtres des ondes, les Marouts, tels que des héros vainqueurs des nations, tels que des Aryamans[23], remplissent, avec bruit, les sources de notre abondance, et engraissent la terre d’un miel fécond et savoureux.

9. Les Marouts ont ouvert la voie aux torrents coulant sur la terre, au ciel, dans les plaines de l’air, de toutes les montagnes (célestes) qui cèdent généreusement leurs eaux.

10. Nobles Marouts, auteurs de notre félicité, quand du haut du ciel, au lever du soleil, vous vous livrez à une (sainte) ivresse, vos coursiers alors ne doivent point éprouver de fatigues. Daignez donc vous diriger de notre côté.

11. Ô Marouts, dans vos mains sont des traits, à vos jambes des bracelets, sur vos poitrines des colliers d’or, sur vos chars des (ondes) purifiantes, dans vos bras des éclairs étincelants, sur vos têtes de longues aigrettes d’or.

12. Ainsi, puissants Marouts, à travers ce ciel brillant de pures clartés, vous poussez le nuage resplendissant. Les ondes se condensent ; elles se couvrent de lumière, quand, unis au dieu du feu, (les Marouts) font au loin retentir leurs voix.

13. Ô sages Marouts, nous vous présentons nos offrandes. Puissent nos chars être remplis des richesses que nous attendons de vous ! que les Marouts, du haut du ciel, nous accordent mille (et mille) biens, non moins empressés à nous protéger que Tichya[24].

14. Donnez-nous une riche puissance, qui par sa force excite l’envie. Conservez le Richi qui vous charme par ses chants. Sauvez les troupeaux et les moissons de votre serviteur : (maintenez) la fortune du Roi.

15. Secourables Marouts, nous implorons votre protection, que nous puissions étendre sur toute notre famille, comme un préservatif céleste. Ô Marouts, agréez mon hymne, et qu’il nous aide à traverser heureusement cent hivers.


HYMNE IX.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les Marouts méritent surtout nos hommages. Ils sont les maîtres d’une vaste abondance. Armés de traits brillants, ornés de colliers d’or, ils sont traînés par des coursiers dociles et légers. Que leurs chars arrivent heureusement vers nous.

2. Vous savez, quand il le faut, faire preuve de vigueur. Vous brillez au loin dans l’espace. (Les Marouts) traversent avec force l’étendue de l’air. Que leurs chars arrivent heureusement vers nous.

3. Héros généreux, ils naissent ensemble, ensemble ils grandissent, et s’étendent au loin pour l’ornement (du monde). Ils brillent comme les rayons du soleil. Que leurs chars arrivent heureusement vers nous.

4. Ô Marouts, votre gloire est éclatante. Votre beauté ressemble à celle du soleil. Vous nous défendez contre la mort. Que vos chars arrivent heureusement vers nous.

5. Ô nobles Marouts, du sein de l’océan (aérien) envoyez-nous la pluie. Versez sur nous vos torrents. Les vaches, qui vous appartiennent, ne sont point stériles. Que vos chars arrivent heureusement vers nous.

6. Quand vous attelez vos daims à votre char, vous lancez vos flèches d’or. Ô Marouts, vous atteignez tous vos ennemis. Que vos chars arrivent heureusement vers nous.

7. Ni les montagnes ni les fleuves ne peuvent vous arrêter. Ô Marouts, vous venez (sans obstacle) partout où vous voulez. Vous parcourez ainsi le ciel et la terre. Que vos chars arrivent heureusement vers nous.

8. Ô secourables Marouts, quand il se prépare en votre honneur, quand il se chante quelque hymne ancien ou nouveau, vous ne l’ignorez pas. Que vos chars vous conduisent heureusement vers nous.

9. Ô Marouts, soyez bons pour nous. Ne nous frappez point. Accordez-nous toute votre protection. Venez pour recevoir nos louanges et nous prouver votre amitié. Que vos chars vous conduisent heureusement vers nous.

10. Ô Marouts, conduisez-nous vers le bien. Pour prix de nos hymnes, (délivrez-nous) des méchants. (Ô dieux) dignes de nos sacrifices, prenez plaisir à nos holocaustes. Puissions-nous posséder la richesse !


HYMNE X.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètre : Vrihatî.)

1. Ô Agni, j’appelle en ce jour, du haut du ciel resplendissant, la famille triomphante des Marouts, cette tribu distinguée par ses bracelets d’or.

2. (Agni répond.) Comme tu le désires, (les Marouts) invités par moi sont arrivés pour (entendre) ton hymne. Honore ces (dieux) terribles, qui viennent écouter de près tes invocations.

3. (Le poëte reprend.) Telle la Nue[25] fécondée par Roudra et percée (par la foudre), vient à nous pour notre bonheur, tels vous venez aussi. Honorée par l’œuvre (sainte), ô Marouts, votre troupe est aussi terrible que l’ours[26], aussi formidable que le taureau.

4. Comme la vache chargée d’un lourd fardeau, ils s’emportent avec violence. Sous leurs efforts ils agitent la montagne lourde et retentissante.

5. (Ô sacrificateur), lève toi ! J’invoque dans mes hymnes la bande illustre, incomparable de ces Marouts, qui grandissent et se répandent tels qu’un troupeau de vaches.

6. Et vous, attelez aux chars vos rouges et brillantes montures. Attachez au joug ces deux coursiers aussi légers que robustes, et qu’ils portent leur charge (précieuse).

7. En ces lieux mêmes a été amené le cheval[27], aux lueurs éblouissantes, aux bruyants éclats. Ô Marouts, ne vous faites pas attendre, et qu’il emporte vos chars.

8. Nous invoquons le char des Marouts, qu’entoure l’abondance et sur lequel est montée Rodasî[28], apportant les ondes pour plaire à ces Dieux.

9. J’invoque donc cette forte et adorable famille des Marouts, que l’on voit briller sur ce char. En même temps qu’eux est honorée une noble (déesse), Mîlhouchî[29], féconde et fortunée.


HYMNE XI.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Enfants de Roudra, compagnons d’Indra, venez sur vos chars d’or vous livrer ensemble au plaisir : venez pour notre bonheur. Notre prière vous appelle. Vous nous ouvrez les sources célestes, comme (jadis vous l’avez fait pour Gotama) épuisé de soif[30].

2. (Dieux) prudents, enfants de Prisni[31], habiles archers, couverts d’armes retentissantes, pourvus de glaives, de flèches, de carquois, de traits menaçants, montés sur de beaux chars et maîtres d’excellents coursiers, ô Marouts, vous vous avancez avec pompe.

3. Agitez le ciel, (remuez) les montagnes (célestes) et (répandez) des trésors sur votre serviteur. Les forêts ont tremblé de crainte sur votre passage. Ébranlez la terre, terribles enfants de Prisni. Pour le bonheur (des hommes) vous avez attelé vos daims.

4. Les Marouts, tels que des frères jumeaux tous égaux en force et en beauté, brillent sous les reflets de l’onde pure. (Dieux) bons et grands, montés sur leurs coursiers noirs ou jaunâtres, ils s’étendent aussi loin que le ciel.

5. Chargés d’humides vapeurs, généreux et sincères dans leurs promesses, rayonnants, ornés de bracelets et de colliers d’or, ces nobles héros ont, du haut du ciel, mérité nos louanges et un renom immortel.

6. Ô Marouts, sur vos épaules reposent vos glaives ; dans vos bras sont placées la force, la vigueur et la puissance. Sur vos têtes brillent des aigrettes d’or ; vos chars sont remplis de traits, et vos corps chargés de riches ornements.

7. Ô Marouts, donnez-nous une magnificence éclatante en vaches, en chevaux, en chars, en or, en mâles enfants. Fils de Roudra, faites-nous sentir votre divine protection, et bénissez notre fortune.

8. Nobles Marouts, comblez-nous de vos biens, vous qui possédez tant de richesses, sages Immortels, célèbres pour votre justice, (dieux) toujours jeunes, qui aimez les sacrifices et qui grandissez au milieu de nos prières et de nos libations !


HYMNE XII.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je chante cette robuste famille des Marouts, qui mérite l’hommage de nos hymnes. Montés sur de rapides coursiers, ils poussent de lourdes masses, et deviennent les maîtres brillants de la (céleste) ambroisie.

2. Ô sage, honore cette forte et illustre famille. Ce sont des magiciens qui remuent (le monde) ; leurs bras sont ornés de bracelets, et (leurs mains) riches en présents. (Honore) ces héros merveilleux, dont la grandeur, dont les bienfaits sont infinis.

3. Qu’ils viennent à vous aujourd’hui, tous ces Marouts qui transportent les ondes et envoient la pluie. Ô Marouts, (dieux) sages et toujours jeunes, honorez Agni, dont les feux sont allumés[32].

4. En faveur des mortels, ô Marouts dignes de nos sacrifices, vous donnez la naissance à un roi sauveur et puissant. Il vient, celui qui est votre (fils), dont les bras atteignent ses ennemis, dont le poing les écrase, qui possède de beaux coursiers et de mâles serviteurs.

5. Tels que les rayons d’une roue, avec une marche régulière, tels que les jours (de l’année), les Marouts apparaissent tout resplendissants. Les impétueux enfants de Prisni, mesurant avec sagesse leurs bienfaits à nos besoins, répandent sur nous (l’eau du ciel).

6. Ô Marouts, quand vous arrivez sur vos chars portés sur de fortes roues et traînés par un attelage de daims, les eaux coulent, les forêts sont ébranlées, et le ciel mugit tel que le taureau au milieu de ses vaches[33].

7. Les (Marouts) ont marché, et devant eux la (céleste) Prithivî[34] s’est étendue. Elle a conçu de son puissant époux un fruit que ces (dieux) ont été chargés de garder. Les enfants de Roudra ont à leur char attelé les Vents rapides. La pluie, c’est la sueur (de ces travailleurs)[35].

8. Nobles Marouts, comblez-nous de vos biens, vous qui possédez tant de richesses, sages Immortels, célèbres pour votre justice, (dieux) toujours jeunes, qui aimez les sacrifices et qui grandissez au milieu de nos prières et de nos libations !


HYMNE XIII.
Aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les formes (des Marouts) ont apparu pour votre bonheur. (Ô chantre), célèbre le Ciel bienfaisant ; j’offre ce sacrifice en l’honneur de la Terre. Les chevaux (de ces dieux) sont couverts de vapeurs ; (les Marouts) traversent l’air, et leur éclat est voilé par les ondes.

2. La Terre, en les voyant, a tremblé de crainte ; elle s’agite comme un navire chargé qui s’abîmerait dans les flots. On voit, on sent de loin ces héros ; leur marche les annonce ; ils se rendent au sacrifice que leur offre un noble (seigneur).

3. Vous êtes pour l’ornement du monde ce qu’une haute corne est pour la vache : vous nous distribuez la lumière, aussi bien que le soleil, œil (divin de la nature). Ô héros, vous êtes beaux comme de légers coursiers, et nobles comme les puissants d’entre les mortels.

4. Ô Marouts, vous êtes grands, et vos œuvres, ainsi que vous, sont grandes, sages, viriles. Qui (de nous) en obtiendra le fruit ? Vous secouez la terre, de même que le frein (du cavalier secoue le cheval), quand vous venez apporter (aux hommes) les biens qu’ils attendent.

5. Comme de rapides coursiers, tous d’une noble race, comme de vaillants héros, ils se présentent au combat. Comme de puissants mortels, ces héros grandissent et s’étendent, et couvrent de leurs ondes l’œil du Soleil.

6. Tous également puissants, sans distinction d’âge, ils sont grands et forts. Enfants de Prisni, nés d’un sang généreux et amis des mortels, venez vers nous du haut du ciel.

7. Tels que des troupes d’oiseaux, ils fendent avec force les plaines de l’air et couvrent l’horizon. Leurs coursiers, sensibles aux hommages réunis du prêtre et du père de famille, ont pressé les ondes du nuage.

8. Que le Ciel, par ses bienfaits, reconnaisse libéralement notre piété. Que les Aurores viennent nous combler de leurs riches présents. Ô Richi, que les Marouts, enfants de Roudra, pour prix de nos hymnes, versent sur nous leurs trésors divins.


HYMNE XIV.
À Agni et aux Marouts, par Syâvâswa.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Rempli de foi et de vénération, je chante en ces lieux Agni, (dieu) protecteur. Qu’il accueille nos hommages. Marchant par ma droite (autour du foyer), je me présente, pour ainsi dire, avec des chars couverts d’offrandes ; je veux aussi célébrer les Marouts.

2. Les Marouts, enfants de Roudra, arrivent avec leurs daims renommés, sur leurs chars bienfaisants. (Dieux) terribles, les forêts frémissent de crainte devant vous. La terre et ses montagnes sont ébranlées.

3. La montagne (céleste) a senti frémir ses flancs grossis ; votre voix a fait trembler le sommet du ciel. Ô Marouts, quand vous jouez en agitant vos glaives, vous vous précipitez comme des torrents.

4. Tels que de riches fiancés, ils ont vêtu leurs corps de ces ondes aux reflets dorés. Magnifiquement parés, élevés avec puissance sur vos chars, vous enveloppez vos membres de rayons étincelants.

5. Ils sont tous frères, et n’ont entre eux aucune distinction d’âge. Ils ont tous également grandi pour le bonheur (des hommes). Roudra, toujours jeune, toujours bienfaisant, est le père des Marouts. Prisni, la vache (céleste)[36], (les a enfantés) pour nous donner la sérénité du ciel.

6. Ô fortunés Marouts, enfants de Roudra, que vous soyez dans la région supérieure, ou mitoyenne, ou inférieure des airs, venez à nous. Ô Agni, ne dédaignez pas l’holocauste que nous vous offrons.

7. Ô Agni, et vous, Marouts, qui possédez tous les biens, des sommets les plus élevés du ciel vous nous apportez (vos trésors). Heureux (de nos hymnes), ô vous qui remuez (le monde) et triomphez de vos ennemis, accordez à celui qui vous présente ses libations et ses offrandes le bonheur (qu’il espère).

8. Ô Agni, bois notre soma, et partage ton plaisir avec cette troupe des Marouts, si admirable et si brillante, pure, rapide, et partout présente par ses bienfaits. Ô Vêswânara, élève ton étendard resplendissant.


HYMNE XV.
Aux Marouts[37], par Syâvâswa.
(Mètres : Anouchtoubh, Vrihatî et Gâyatrî.)

1. Qui êtes-vous, ô nobles héros qui arrivez de la région lointaine ?

2. Où sont vos chevaux ? où sont vos freins ? Que vouliez-vous ? Quel était le motif de votre voyage ? Sur le dos de vos montures repose le frein qui serrait leurs naseaux.

3. Sur leur croupe pend le fouet. Comme la femme emmaillotte son enfant, ces héros ont aussi enveloppé leurs chars.

4. Vaillants héros, maîtres puissants, nés pour la gloire, vous veniez vers (nous), comme échauffés par les feux d’Agni.

5. (Sasîyasî) m’a donné des troupeaux de vaches, et de chevaux, avec cent chars. Pour l’époux recommandé par Syâvâswa, elle est devenue un bras fort et puissant.

6. Différente des autres femmes, Sasîyasî s’est montrée plus généreuse qu’un homme qui n’honore pas les dieux et qui est avare de ses richesses.

7. Parmi les Dévas elle distingue celui qui peut être fatigué, pressé par la soif ou le besoin, et c’est sur lui qu’elle porte sa pensée.

8. Cependant je le dis en panégyriste (véridique) : son époux mérite également cette louange. Il l’égale en libéralité.

9. Éprise de ses qualités, la jeune Sasîyasî m’a chargé, moi Syâvâswa[38], d’une mission (de confiance), et deux rouges coursiers m’ont conduit vers le sage et glorieux Pouroumîlha.

10. Ce fils de Vidadaswa m’a donné cent vaches ; non moins généreux, Taranta (m’en a donné) autant.

11. En ces lieux sont préparées des offrandes pour les (Marouts), qui aiment à venir, sur leurs rapides (coursiers), goûter au soma enivrant.

12. Le ciel et la terre sont ornés de leurs riches présents ; sur leurs chars, ils brillent comme (l’astre) d’or au plus haut des airs.

13. Cette jeune famille des Marouts est invincible ; elle s’avance avec pompe, portée sur des chars éclatants.

14. Qui sait où prennent en ce moment leurs ébats ces dieux, issus du sacrifice[39], qui remuent le monde pour le bien (des hommes) ?

15. Ô vous, avides de nos louanges, écoutez ma voix dans les sacrifices, et guidez un mortel vers le but qu’il désire.

16. (Dieux) adorables et vainqueurs, apportez-nous les biens qui nous séduisent et nous charment.

17. Ô Nuit, porte mon hymne jusqu’au fils de Darbha[40]. Ô déesse, sois comme le char de ma prière.

18. Parle de moi à Rathavîti au moment où il versera la libation. (Dis-lui) que mon amour (pour sa fille) n’est pas éteint.

19. Le riche Rathavîti demeure au pied des montagnes, près de ces (rivières) célèbres par des troupeaux de vaches[41].


HYMNE XVI.
À Mitra et Varouna, par Sroutavit, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Rita vient d’accomplir encore, en votre honneur, ce sacrifice perpétuel, dans lequel (les prêtres) lancent les chevaux de Soûrya. Mille rayons sont réunis autour (de son char). J’ai vu la plus belle de toutes les formes divines.

2. (Dieux) infatigables, Mitra et Varouna, votre grandeur est admirable. Les vapeurs (de la Nuit) ont été bues par le Jour. Toutes les vaches (du céleste) pâturage vous doivent leur accroissement. Sur votre roue seule tourne (le monde entier).

3. Ô Mitra et Varouna, ô rois généreux, vous avez consolidé le ciel et la terre par votre force brillante. Vous faites croître les plantes, vous engraissez les vaches (célestes), vous envoyez la pluie.

4. Que vos coursiers dociles et bien dirigés vous amènent ici. Voyez devant vous la libation du ghrita : sur le brillant (Agni) coulent les Ondes (du sacrifice).

5. De même que dans l’œuvre sainte on étend le cousa, vous développez les formes larges et admirables (du monde) ; vous les conservez, (dieux) honorés par nos offrandes et fortifiés par notre ghrita. Ô Mitra et Varouna, vous siégez, entre (le ciel et la terre), au sein même des foyers (sacrés).

6. Ô (Mitra) et Varouna, vos mains sont libérales, et votre puissance est souveraine, entre le ciel et la terre, sur ces foyers où vous siégez. (L’homme) pieux que vous protégez en rois cléments reçoit de vous une force telle qu’on la dirait soutenue sur mille colonnes.

7. La lueur de l’or et du fer de votre char et de son timon semble heureusement se marier avec le ciel. Réunis dans ce lieu fortuné, près de ce foyer arrosé du beurre (sacré), puissions-nous obtenir le miel (divin) qui tombe de ce char !

8. Au lever de l’aurore, à l’apparition du soleil, ô Mitra et Varouna, vous montez sur ce char d’or, au timon de fer ; et de là, vous avez les yeux sur Aditi et sur Diti[42].

9. Ô Mitra et Varouna, ô maîtres et bienfaiteurs du monde, conservez-nous une protection étendue, complète, que rien ne puisse nous enlever. Puissions-nous, par vous, être comblés de biens et obtenir la victoire !

  1. Le commentaire croit qu’il est question de la terre.
  2. Ce père est sans doute le ciel, où les rayons d’Agni se concentrent dans le soleil. On peut entendre aussi ce mot du sacrificateur, du père, qui allume le feu du sacrifice au foyer oriental.
  3. Tout ce passage rappelle le commencement de l’hymne X, lecture vi, section II. Voy. page 176. Le commentaire dit que ce sont quatre prêtres qui soutiennent le soleil par leurs chants. Je ferai remarquer que les vers ont ordinairement quatre padas. On peut aussi supposer que le poëte fait allusion aux quatre points cardinaux, aux quatre parties du ciel vers lesquelles sont tournés les quatre côtés de l’autel. Voyez page 176, col. 1, note 2.
  4. Le commentaire fait rapporter ce nombre dix aux disas, ou régions célestes qui se trouvent toutes remplies des feux du soleil, appelé alors leur fruit ou (garbha). Voy. page 176, col. 1, note 5.
  5. Suivant le commentaire, il serait ici question du froid, du chaud et de la pluie. Je crois qu’il est plutôt fait allusion aux trois sacrifices qui ont eu lieu dans la journée. Voy. page 176, col. 1, note 3.
  6. Le Jour et la Nuit.
  7. Le commentateur croit que ce sont les aurores. J’ai préféré mon sens, parce que l’épithète de mères se donne ordinairement aux Libations, qui, jetées sur le foyer, produisent des flammes rayonnantes, servant à former le vêtement du soleil.
  8. Agni placé sur un foyer qui a quatre côtés bien orientés (Comm. tchatourdikchou prasritah).
  9. Ousra. Suivant le commentaire, c’est le soleil.
  10. Savitri, appelé ici Nétri.
  11. C’est l’air, route que traversent les Dieux.
  12. Un manuscrit ajoute ici deux distiques, qui ne sont ni sur le Pada ni dans le commentaire. Ils sont évidemment falsifiés.
  13. Les nuages sont les formes des Marouts.
  14. Il y a dans le texte Parouchnî, que le commentateur prend pour une rivière. J’ai pensé que Parouchnî, au féminin, était synonyme de Parwata, et que ces deux mots avaient une même signification : le nuage semble être formé de nœuds successifs, qui rattachent les diverses parties dont il est composé.
  15. Voy. page 93, col. 1, note 2.
  16. Cette vache est sans doute la Terre. Les Vents sont enfants de la Terre et de l’Air. Voy. page 53, col. 1, note 5.
  17. Les vents sont au nombre de quarante-neuf. Voyez pour la fable de leur naissance, Harivansa, tome I, page 23, et Vichnou-Pourana, page 152.
  18. Aujourd’hui la Jumnâ.
  19. La Rasâ est une rivière dont il a été question page 110. J’ai pensé devoir regarder aussi comme des noms propres les mots qui suivent, et que le commentaire ne prend, ce me semble, que pour des épithètes. Le Sindhou est l’Indus, et la Sarayou est le Sarju. Plus haut, hymne vi, distique 7, le poëte représente les Marouts comme occupés à former et à grossir les rivières : c’est du moins le sens que j’ai donné aux mots, Vridjané nadînâm. Il m’a paru qu’il rappelle ici cette disposition des Marouts, qui les retient auprès des ondes, dont ils aiment à précipiter les flots.
  20. On se rappelle que l’aire des vents chez les Indiens est composée de sept parties, lesquelles se subdivisent en sept autres. En tout quarante-neuf divisions. Voyez page 290, col. 2, note 2.
  21. Nom d’Agni. Voy. page 74, col. 1, note 4.
  22. Le commentaire entend cette dernière phrase autrement : Ô Marouts, vous ne faites point de mal (à vos serviteurs).
  23. Nom du soleil ; Aryaman est un Aditya.
  24. Nom du soleil, suivant le commentaire. Ce mot signifie heureux, propice.
  25. J’ai rendu le mot Prithivî par nue. Ce mot le plus ordinairement signifie terre ; mais ce n’est qu’une épithète, qui a le sens de large, sens qui me semble parfaitement convenir au nuage chargé d’eau. En bien des endroits les poëtes ont employé le mot Prithivî pour signifier une partie de l’espace céleste. Je me suis donc cru autorisé à chercher un sens plus satisfaisant que celui que m’indiquait le commentateur, embarrassé. Il ne me semble pas plus difficile pour le poëte de créer une terre volante que des montagnes aériennes. Voyez même page, col. 2, note 1.
  26. L’ours s’appelle Rikcha ; et je ne sais pas pourquoi le commentateur veut que ce mot soit un synonyme d’Agni.
  27. Il me semble que, dans tout ce passage, ces coursiers et ces chars, ce sont les flammes et les sacrifices. L’invitation d’atteler les coursiers est faite non aux Marouts, mais aux sacrificateurs. Les deux coursiers (hari) me paraissent être les deux espèces d’offrandes. Et ici le cheval dont parle le poëte est ou Agni lui-même, ou du moins le sacrifice.
  28. Voy. pages 287, col. 2, note 3. Rodasî, considérée comme l’épouse de Roudra, est la mère des Marouts. On sait que les épouses des Dieux sont les Prières employées dans les invocations que l’on fait en l’honneur des Dieux. Rodasî est encore regardée comme la Nue, épouse de Roudra. Ne confondez pas ce féminin Rodasî, avec un duel Rodasi, qui s’emploie pour désigner le ciel et la terre.
  29. Mîlhouchî est le féminin de l’adjectif mîlhouch (pluvius), épithète de Roudra. On en a fait un nom de la Nue, épouse de ce Dieu, autrement appelée Rodasi ou Prisni.
  30. Voy. page 93, col. 1, note 2.
  31. Nous avons dit que Prisni était un nom de la Terre, considérée comme la mère des Marouts. Mais nous avons ajouté (page 53, col. 1, note 5) que Prisni était plutôt la Nue. Les notes qui précèdent me semblent devoir confirmer cette opinion. Le mot Prisni signifie brillant : cette épithète convient au nuage qui réfléchit les rayons et qui s’enflamme des feux de la foudre. La voûte du ciel, couverte de nuages, ressemble à une seconde terre et mérite le nom de Prithivî. C’est cette terre céleste, et non notre terre humaine, qui devient l’épouse de Roudra, c’est-à-dire de l’air, pour l’enfantement des vents. La mythologie indienne tranchait ainsi la question de l’origine des vents, en l’attribuant au déplacement des nuages. Ce corps nuageux, connu sous ce nom de Prisni, est, dans une autre mythologie, nommé Diti, par opposition à Aditi. Aditi est l’ensemble de l’univers, qui se tient sans division : Diti est précisément ce qui s’en détache, ce qui se coupe et tombe en dissolution ; de là vient que les Dêtyas, ou enfants de Diti, sont les agents du mal.
  32. Les Marouts, comme nous l’avons vu, ont aussi la qualité de prêtres, de Ritwidjs : ce sont eux qui, de leur souffle, font briller la lumière d’Agni, qui peut ainsi recevoir le nom de leur fils. Ils ont peut-être encore dans le sacrifice d’autres fonctions, qu’ils exercent de concert avec les Angiras.
  33. Les vaches sont les nuages qui viennent sur le ciel. Le commentateur prétend que ce sont les rayons du soleil.
  34. Ce passage s’explique par le moyen des notes 1, page 293, col. 1, et 3, col. 2, même page. Le fruit conçu par la Nue, c’est l’eau que les Marouts donnent aux hommes.
  35. La seconde partie de ce distique contient une origine de la Pluie, particulière au poëte, et qui n’est plus en rapport avec ce qui précède.
  36. L’épithète gomâtarah (voyez page 92, col. 2, notes 2 et 3) est maintenant expliquée : elle ne signifie pas enfants de la terre, mais enfants de la nue, laquelle est la vache et la Prithivî céleste.
  37. Cet hymne est une déclaration d’amour du poëte Syâvâswa. Ce poëte était fils d’Artchanânas, prêtre du roi Rathavîti. Dans un sacrifice il vit la fille de ce prince, et en devint amoureux. Il paraît que cet amour n’eut pas le succès que Syâvâswa attendait ; il devait être pauvre. Mais une princesse, nommée Sasiyasi, remarqua son habileté ; et, désirant obtenir pour époux Tarenta, fils de Pouroumilha, elle le dépêcha auprès de ces princes. La négociation fut heureuse, et Syâvâswa fut de tout côté comblé de richesses. Il fait un sacrifice aux Marouts pour leur demander leur protection en faveur de ses amours. Il suppose qu’il rencontre ces dieux, se reposant des fatigues d’un long voyage, et il les invoque en leur racontant sa fortune.
  38. Le texte porte Syâva, au lieu de Syâvâswa.
  39. Le commentaire donne un autre sens au mot Ritadja : il le traduit nés pour donner l’eau.
  40. Père du roi Rathavîti.
  41. Traduction du mot Gomatih. Il y a une rivière du pays d’Oude, qui s’appelle la Gomati, aujourd’hui le Goumti, De ce côté se prolonge la chaîne de l’Himâlaya.
  42. Voy. page 293, col. 2, note 3.