Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 4/Lecture 4

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 297-307).


LECTURE QUATRIÈME.
HYMNE I.
À Mitra et Varouna, par Artchananas.
(Mètre : Djagatî.)

1. Gardiens de Rita, soumis à un juste devoir, dans la région supérieure, vous montez sur votre char. Ô Mitra et Varouna, l’homme que vous protégez voit la pluie venir du haut du ciel lui apporter son miel savoureux.

2. Ô Mitra et Varouna, vous régnez ensemble sur ce monde. Vous connaissez tous les biens (que nous demandons) dans le sacrifice. La pluie est votre bien ; nous désirons l’eau qui donne la vie. Vos rayons parcourent le ciel et la terre.

3. Rois terribles et bienfaisants, maîtres du ciel, surveillants de la terre, ô Mitra et Varouna, au bruit (de nos hymnes) vous arrivez avec les nuages aux teintes brillantes ; et vous faites que du sein magique de Pardjanya[1] le ciel verse la pluie.

4. Ô Mitra et Varouna, vous avez aussi votre magie (divine), qui s’exerce au ciel. Le Soleil s’avance, astre éclatant et armé de (rayons) admirables. Dans sa carrière céleste vous le couvrez des ondes de la pluie. Pardjanya, tu répands les flots aussi doux que le miel.

5. Comme le héros (attelle son char pour le combat), de même les Marouts attellent leur char fortuné pour la conquête de l’eau et la recherche des vaches (célestes). Ô Mitra et Varouna, vos rayons parcourent les mondes. Rois, du haut du ciel, répandez sur nous le lait (de la pluie).

6. Ô Mitra et Varouna, Pardjanya fait entendre sa voix qui annonce tant d’abondance, de merveilles et d’éclat. Les Marouts ont jeté sur les nuages un vêtement magique. Faites tomber la pluie, et donnez-nous un ciel brillant et irréprochable.

7. Vous êtes sages, ô Mitra et Varouna, et connaissez votre devoir ; vous sauvez nos œuvres par la magie de ce (Pardjanya) qui donne la vie. Vous éclairez le monde entier par les feux de Rita. Vous gardez dans le ciel le char admirable de Soûrya.


HYMNE II.
À Mitra et Varouna, par Artchananas.
(Mètres : Anouchtoubh et Panktî.)

1. En votre faveur nous invoquons dans nos vers le victorieux Varouna et Mitra le bienfaisant, qui de leurs bras semblent rassembler (pour nous) le troupeau des vaches (célestes).

2. Avec un bras (puissant), avec une âme bienveillante, venez au secours de celui qui vous chante. Votre admirable bonté s’étend par tout le monde.

3. Si je suis une route, que ce soit en compagnie de Mitra. Les hommes se rassemblent sous la protection de cet ami bienfaisant.

4. Ô Mitra et Varouna, que mes vers obtiennent de vous le prix qu’ils méritent. Que (ce prix) soit tel qu’il excite l’envie dans la maison des grands et des chantres.

5. Ô (Mitra) et Varouna, venez dans nos demeures avec vos bienfaits, et augmentez la fortune de nos grands et de leurs amis.

6. Ô Mitra et Varouna, pour récompenser (nos chants), vous nous donnez la force et l’abondance. Faites-nous une large part dans les biens, les richesses, les bénédictions (que vous accordez).

7. Au lever de (la déesse) aux rouges coursiers, dans (le sacrifice qui fait) la force des dieux, venez, héros adorables, à nos libations de soma avec vos quadrupèdes (rapides), et soutenez Artchanânas.


HYMNE III.
À Mitra et Varouna, par Râtahavya, fils d’Atri.
(Mètres : Anouchtoubh et Pankti.)

1. Qu’il parle pour nous, celui qui parmi les Dévas se distingue par ses œuvres et par ses chants, celui dont l’illustre Varouna et Mitra écoutent les paroles.

2. Ces rois d’une si noble forme nous entendent de loin : ces maîtres de la piété croissent par le sacrifice, et sont connus pour leur justice parmi les nations.

3. Je viens à vous. C’est vous que j’invoque avant tous pour implorer votre secours. Pleins d’empressement et de vénération, nous vous présentons ces offrandes.

4. Mitra ouvre une large voie pour l’heureux établissement de l’homme qui le chante. Terrible (avec ses ennemis), Mitra est bon pour son serviteur.

5. Puissions-nous être sous cette protection de Mitra, qui s’étend si loin ! Exempts de fautes, puissions-nous être comme les enfants favorisés de toi et de Varouna !

6. Ô Mitra et Varouna, vous venez vers ce peuple, et vous le conduisez. N’abandonnez pas nos seigneurs ; ne nous (délaissez pas), nous qui vous chantons. En faveur de notre sacrifice, délivrez-nous.


HYMNE IV.
À Mitra et Varouna, par Râtahavya.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô mortel, chante ces dieux connus par leurs prouesses et vainqueurs de leurs ennemis. Présente ton offrande au grand Varouna, qui emprunte la beauté de Rita, et qui possède l’abondance.

2. Ces (dieux) ont en partage une force invincible et une vertu qui donne la vie[2]. Cette vertu se manifeste parmi les hommes dans les œuvres (saintes), et au ciel dans le soleil.

3. Ô (dieux), pour que vos chars traversent (heureusement) ces larges pâturages des vaches (célestes), nos voix présomptueuses répètent l’hymne de Râtahavya.

4. (Dieux) admirables et dignes de nos éloges, ô vous dont la force est toujours pure, vous tenez compte et de mes abondantes libations et de la piété de ces mortels.

5. Ô Terre, ton sein porte Rita, et reçoit les nombreuses offrandes de ces Richis. Ô (dieux) vainqueurs, venez donc. Les ondes du sacrifice n’ont-elles pas assez coulé ?

6. Ô Mitra et Varouna, (dieux) aux larges regards, nous vous (invoquons), nous et nos seigneurs. (Puissions-nous vivre) dans votre large et grand royaume, habité par tant d’êtres et si noblement gouverné !


HYMNE V.
À Mitra et Varouna, par Yadjata, fils d’Atri.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Mitra et Varouna, divins enfants d’Aditi, vous possédez, ainsi qu’Aryaman, une force grande, merveilleuse, invincible, immense.

2. Ô Mitra et Varouna, protecteurs des mortels et destructeurs des méchants, quand vous venez vous asseoir au foyer doré, vous apportez le bonheur.

3. Ces (dieux), qui embrassent tout, Varouna, Mitra, Aryaman, ont chacun leurs fonctions dans l’accomplissement des œuvres (saintes) ; ils protégent le mortel contre l’ennemi.

4. Bons et justes parmi les nations, ils viennent toucher (les mets de) nos sacrifices ; guides heureux, généreux bienfaiteurs, en faveur de celui qui les loue, ils savent opérer de grandes choses.

5. Qui de vous deux, ô Mitra et Varouna, n’a pas reçu son tribut de louanges ? La Prière peut donc maintenant vous quitter, pour revenir vers les enfants d’Atri, (qui la gardent en dépôt).


HYMNE VI.
À Mitra et Varouna, par Yadjata, fils d’Atri.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Chantez à haute voix les louanges de Mitra et de Varouna. Ô (dieux) forts, (venez) au grand sacrifice qui est préparé pour vous.

2. (Venez), ô Mitra et Varouna, rois qui aimez la libation du ghrita, dieux célébrés entre tous les dieux.

3. En notre faveur déployez ces grandes richesses qui vous appartiennent au ciel et sur la terre. Votre force est grande parmi les dieux.

4. Les sacrifices auxquels ils daignent toucher leur donnent une force nouvelle ; et, dieux bienfaisants, ils grandissent (pour nous).

5. Jetant la pluie à travers le ciel, ils savent combler nos vœux ; et, maîtres de l’opulente Abondance[3], ils brillent sur un large char.


HYMNE VII.
À Mitra et Varouna, par Ouroutchacri, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Mitra et Varouna, vous êtes les gardiens des trois cieux, des trois airs, des trois terres[4]. Vous augmentez la forme du (dieu) fort et guerrier[5], et vous veillez à l’accomplissement de l’œuvre immortelle.

2. Ô Mitra et Varouna, votre miel savoureux est recueilli par les Rivières et par les Vaches fécondes (du ciel). Par vous sont établis les trois (dieux), mâles et brillants auteurs des trois mondes[6].

3. J’invoque la divine Aditi le matin, à midi, au coucher du soleil. Je chante dans le sacrifice Mitra et Varouna pour obtenir d’eux le bonheur et l’opulence en faveur de mon fils et de mon petit-fils.

4. Divins Adityas, Mitra et Varouna ; vous êtes les soutiens du monde céleste et du monde terrestre. Les dieux immortels ne sauraient détruire vos œuvres.


HYMNE VIII.
À Mitra et Varouna, par Ouroutchacri.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Mitra et Varouna, votre secours est efficace et puissant. Je veux célébrer votre bienveillance.

2. (Dieux) sauveurs[7] et bienfaisants, puissions-nous obtenir de vous les aliments dont notre corps a besoin ! Puissions-nous mériter vos faveurs !

3. (Dieux) sauveurs et secourables, défendez-nous. Nous nous plaçons sous votre protection. Puissions-nous avec nos enfants triompher des Dasyous !

4. (Ô dieux) dont les œuvres sont merveilleuses, puissions-nous avec nos enfants seuls et notre famille jouir des fruits de notre sacrifice !


HYMNE IX.
À Mitra et Varouna, par Bahouvrikta, fils d’Atri.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Mitra et Varouna, ennemis terribles, vainqueurs redoutables, venez à nous ; approchez-vous de notre beau sacrifice.

2. Ô maîtres prudents, Mitra et Varouna, vous régnez sur tout ; accomplissez nos vœux.

3. Ô Mitra et Varouna, venez à nos libations ; (venez) boire le soma de votre serviteur.


HYMNE X.
À Mitra et Varouna, par Bahouvrikta.
(Mètre : Ouchnih.)

1. Ô Mitra et Varouna, nous vous invoquons par nos chants, comme (faisait) Atri. Asseyez-vous sur le gazon (sacré) pour boire le soma.

2. Vous êtes fermes et constants dans votre œuvre ; votre devoir est de donner le mouvement au monde. Asseyez-vous sur le gazon (sacré) pour boire le soma.

3. Que Mitra et Varouna aiment et désirent notre sacrifice. Asseyez-vous sur le gazon (sacré) pour boire le soma.


HYMNE XI.
Aux Aswins, par Pôra, fils d’Atri.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Aswins, possesseurs de tant de biens, que vous soyez aujourd’hui dans une région ou lointaine ou voisine, que vous vous trouviez dans l’air ou en quelque autre lieu, (venez vers nous).

2. J’appelle en ces lieux ces (dieux) en qui résident tant de vertus, et qui accomplissent tant d’œuvres ; j’invite à notre fête ces héros distingués par leur force et invincibles dans leur marche.

3. (Dieux) voyageurs, pour former la lumière, vous poussez (dans le ciel) une des roues éclatantes de votre char. Les autres roulent aussi avec grandeur, à travers les mondes, pendant le temps qui appartient aux fils de Nahoucha[8].

4. (Dieux) irréprochables, qui remplissez tout, et qui êtes déjà nés tant de fois, si les chants que le poëte a composés pour vous ont pu vous plaire, amenez vers nous (votre char) avec la bienveillance d’un ami.

5. Quand la fille du Soleil monte sur votre char rapidement lancé, alors ses rouges et brillants coursiers, placés autour de vous, vous couvrent de leur éclat.

6. Nobles héros (surnommés) Nâsatyas, Atri vous adresse des prières et des offrandes, et sa bouche célèbre votre bienfaisante chaleur.

7. On entend le bruit de votre grand char, de (ce char) rapide et poussé par un mouvement continuel, au moment où Atri vous force par ses œuvres, ô nobles Aswins, à lui prêter votre attention.

8. (Dieux) sauveurs, qui aimez le miel (de nos offrandes), la Vache (du sacrifice) vous arrose de son lait. À l’instant où vous traversez l’océan (céleste), (les prêtres) apportent les mets qu’ils ont préparés pour vous.

9. Ils vous saluent, ô merveilleux Aswins ! ô vous qui méritez principalement d’être invoqués dans les sacrifices, vous qui donnez le bonheur, (venez) assister à nos cérémonies.

10. Que ces rites, qui font la grandeur (des dieux) et que nous produisons comme (l’ouvrier construit) son char, soient heureux et agréables aux Aswins ! Puissions-nous nous vanter du prix accordé à nos hommages !


HYMNE XII.
Aux Aswins, par Pôra.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Divins Aswins, trésors de prières et de libations, où êtes-vous aujourd’hui ! (Vous venez) du ciel, vous entendez ma voix. Atri vous honore.

2. Où êtes-vous, divins Nâsatyas ? En quel endroit du ciel vous êtes-vous fait entendre ? Quel peuple daignez-vous visiter ? quel (chantre a fait retentir) le bruit de vos louanges ?

3. Quel (mortel) venez-vous trouver ? quel (mortel) visitez-vous ? Dans quelle (maison) amenez-vous votre char ? quel est celui dont vous préférez les hommages ? Nous vous appelons à notre sacrifice.

4. Ô (dieux) qui comblez nos vœux, vous envoyez à Pôra[9] le nuage d’où l’onde jaillit, et (vous le faites tomber sur la terre) de celui qui vous honore par le sacrifice, comme (le chasseur pousse) le lion dans le piége qui l’attend.

5. Vous avez enlevé à Tchyavâna[10] sa vieille forme, comme on enlève une cuirasse. Vous l’avez rendu jeune, et l’avez fait digne de l’amour de son épouse.

6. Le chantre de cet hymne vous est dévoué. Puissions-nous pour notre fortune attirer vos regards. Écoutez ma voix, et arrivez à notre secours, ô (dieux) trésor d’abondance.

7. Au milieu de tant de mortels quel est celui qui vous honore aujourd’hui ? Ô (dieux) dignes d’être célébrés par les sages, ô vous, trésor d’abondance, quel est le sage qui vous adresse le sacrifice ?

8. Votre char, ô Aswins, est le plus rapide de tous les chars. Qu’il vienne vers nous ! L’hymne que nous chantons en votre honneur doit nous délivrer de beaucoup de maux parmi les mortels.

9. (Dieux) sages, qui aimez le miel (de nos sacrifices), que toutes nos œuvres soient bénies par vous. Poussez vers nous vos légers coursiers, et venez avec la rapidité de l’épervier.

10. Ô Aswins, en quelque lieu que vous soyez, écoutez mon invocation. De nombreuses offrandes vous sont présentées avec le désir qu’elles vous soient agréables.


HYMNE XIII.
Aux Aswins, par Avasyou, fils d’Atri.
(Mètre : Pankti.)

1. Ô Aswins, le Richi, votre chantre, décore de sa louange votre char adoré, fécond et chargé de trésors. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

2. Ô Aswins, venez ; je (désire) éloigner à jamais tous nos ennemis, ô généreux protecteurs, portés sur un char d’or, et maîtres des ondes. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

3. Venez et apportez-nous les biens précieux, ô Aswins, sauveurs bienfaisants, portés sur un char d’or, trésor d’abondance. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

4. Opulents (Aswins), la voix de votre poëte célèbre votre char ; grand, beau et rapide, ce (char) répand l’abondance. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

5. Écuyers impétueux, votre âme est vigilante, et vous entendez la prière. Avec vos légers coursiers, ô Aswins, vous vous êtes approchés de l’incomparable Tchyavâna. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

6. Ô nobles Aswins, que vos coursiers ailés, qui obéissent à la pensée et que distinguent leurs couleurs différentes, vous amènent à nos libations avec tous vos trésors. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

7. Ô véridiques Aswins, venez en ces lieux. Ne vous éloignez pas de nous. Aryas invincibles, protégez notre maison contre le mal. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

8. Ô Aswins, maîtres invincibles des ondes brillantes, vous faites la gloire de celui qui vous chante dans ce sacrifice, du poëte Avasyou. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.

9. L’Aurore a lui ; Agni, brillant au milieu du troupeau (de ses vaches), a été placé (sur le foyer) au moment favorable. Ô généreux protecteurs, votre char immortel est attelé. Ô (dieux) qui vous enivrez de notre soma, écoutez mon invocation.


HYMNE XIV.
Aux Aswins, par Bhôma, fils d’Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, qui est la flamme des Aurores, commence à briller ; les voix des sages qui appellent les dieux se sont élevées. Ô Aswins, rapides écuyers, venez à nous, (guidés) par les rayons (du sacrifice) qui grandissent.

2. Ô Aswins, agiles voyageurs, bienfaiteurs actifs, en ces lieux se chantent vos louanges : ne dédaignez pas ces feux que nous avons préparés. Venez du ciel, et secourez la faiblesse de votre serviteur.

3. Arrivez au moment où sont assemblées les vaches (du sacrifice), le matin, à midi, au coucher du soleil. Au point du jour et le soir, comme en ce moment, venez en patrons généreux. Ô Aswins, la libation vous attend.

4. À vous est cette demeure brillante de clarté, cette enceinte, cette habitation, ce sanctuaire. Du haut du ciel, du séjour des nuages, venez avec les ondes, et apportez-nous la force et l’abondance.

5. Bienfaisants et merveilleux Aswins, puissions-nous obtenir de vous un secours nouveau ! (Dieux) immortels, apportez-nous l’opulence, le bonheur de la famille, une prospérité complète.


HYMNE XV.
Aux Aswins, par Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Sacrifiez avant tous à (ces dieux) qui arrivent le matin. Qu’ils boivent (notre soma) avant que le cupide et impie (Rakchasa) vienne y toucher. Aux Aswins est dû le sacrifice du matin, et les chantres ont commencé par célébrer leurs louanges.

2. Sacrifiez le matin aux Aswins, Présentez vos offrandes. Le service du soir n’a pas été négligé. Ainsi, un autre peut honorer (le dieu) que nous invoquons. Mais le plus diligent doit être préféré par lui.

3. À vous, ô Aswins, se présente un char dont la couleur est celle de l’or, tout trempé du miel (des sacrifices), brillant de ghrita, et chargé d’offrandes. Il est rapide comme le vent, comme la pensée. Avec ce char vous passez par toutes les mauvaises voies.

4. L’homme qui au moment du sacrifice donne aux (dieux) véridiques les mets les plus abondants, par ses œuvres sauve son fils. Il doit avoir la supériorité sur ceux qui n’allument pas le feu (sacré).

5. Bienfaisants et merveilleux Aswins, puissions-nous obtenir de vous un secours nouveau ! (Dieux) immortels, apportez-nous l’opulence, le bonheur de la famille, une prospérité complète.


HYMNE XVI.
Aux Aswins, par Saptavadhri, fils d’Atri.
(Mètres : Ouchnih, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô véridiques Aswins, venez en ces lieux. Ne vous éloignez pas. Tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

2. Ô Aswins, tels que deux daims ou deux cerfs blancs, sur le gazon, tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

3. Ô Aswins, trésor d’abondance, aimez et désirez notre sacrifice ; tels que deux cygnes, accourez à nos libations.

4. Quand Atri[11] voulut monter vers le foyer (sacré), il vous invoqua et vous pria avec la foi qu’une épouse a dans son époux ; (il disait) : « Ô Aswins, venez avec l’heureuse promptitude de l’épervier. »

5. « Maître des bois (sacrés)[12], sors (de ta prison), comme (l’enfant sort) du sein de sa mère. Ô Aswins, écoutez mon invocation, et délivrez Saptavadhri[13]. »

6. « Le Richi Saptavadhri a peur ; il vous supplie, ô Aswins, d’employer votre puissance magique pour briser le bois (qui le renferme). »

7. « Comme un lac est soulevé de tout côté par le vent, de même ton fruit soit agité[14], ô ma mère ! Qu’il sorte de ce sein qui l’a porté dix mois. »

8. « De même que le vent, la forêt ou la mer sont émus, ainsi tu as été agité. Porté pendant dix mois, sors du sein (de ta mère). »

9. « Le jeune enfant est resté dix mois dans le sein de sa mère : qu’il en sorte vivant et fort. Que le fils et la mère vivent heureusement ! »


HYMNE XVII.
À l’Aurore, par Satyasravas, fils d’Atri.
(Mètre : Pankti.)

1. Ainsi que tu nous as déjà éveillés, ô brillante Aurore, éveille-nous aujourd’hui pour nous combler de biens, à la voix du Vâyya[15] Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

2. Ô fille du Ciel, ô toi qui t’es levée à la voix de Sounîtha au char étincelant, lève-toi aussi à la voix du puissant Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

3. Ô fille du Ciel, riche en présents, lève-toi pour nous aujourd’hui, toi qui t’es déjà levée à la voix du puissant Satyasravas, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

4. Ô riche et brillante (Aurore), ceux qui t’apportent (leur holocauste) et te chantent dans leurs hymnes deviennent fameux, opulents et capables d’être bienfaisants, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

5. Tes serviteurs, réunis pour te chanter et jaloux d’obtenir tes bienfaits, apportent de tout côté de riches offrandes dont ils prétendent t’honorer, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

6. Opulente Aurore, accorde une mâle abondance à ces nobles seigneurs qui nous ont comblés de présents, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

7. Opulente Aurore, donne la force et la prospérité à ces seigneurs qui nous ont distribué des vaches et des chevaux, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

8. Ô fille du Ciel, fais-nous riches en troupeaux de vaches, et apporte-nous ces biens avec les rayons purs et brillants du soleil, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

9. Ô fille du Ciel, lève-toi ; ne fais pas attendre les libations. (Crains) que le Soleil ne te traite comme un voleur, comme un ennemi, et ne te brûle de son éclat, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides).

10. Ô riche Aurore, donne-nous tout ce qu’il nous faut, ou même plus. Ne te lèves-tu pas pour le bonheur de ceux qui te chantent, ô (déesse) illustre par ta naissance et célébrée pour tes coursiers (rapides) ?


HYMNE XVIII.
À l’Aurore, par Satyasravas.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les sages célèbrent dans leurs hymnes la divine Aurore au char éclatant, aux formes rougeâtres, grandissant aux feux de Rita, juste, brillante et amenant avec elle la clarté.

2. Sa lueur éveille les nations. L’Aurore ouvre les voies et s’avance à l’orient. Elle s’étend, elle remplit le monde, et, poussant son large char, elle amène l’astre lumineux au commencement des jours.

3. Elle attelle ses vaches rougeâtres, et, déesse bienfaisante, elle consolide notre fortune. Elle nous montre le chemin pour arriver au bonheur, et brille, louée par tous, et source de toute richesse.

4. Elle lance ses blanches clartés, et, placée entre le ciel et l’air[16], elle découvre son corps à l’orient. Elle suit la voie du sacrifice, comme si elle l’avait senti d’avance, et embellit les régions célestes.

5. Elle se dévoile ainsi qu’(une beauté) couverte de parures. Elle semble se lever et se montrer à la vue comme la (femme) qui sort du bain. L’Aurore, fille du Ciel, repousse les ténèbres ennemies, et arrive avec l’astre lumineux.

6. Telle qu’une femme (jalouse de plaire), l’heureuse fille du Ciel déploie ses formes devant les hommes. Elle a tissé pour son serviteur la plus belle des toiles, et, toujours jeune, elle précède à l’orient la lumière (du soleil).


HYMNE XIX.
À Savitri, par Syavasva.
(Mètre : Djagatî.)

1. En l’honneur d’un (dieu) grand, éclairé et sage, les sages attellent (le char) du sacrifice, et commencent leurs prières et leurs invocations. Les holocaustes s’élèvent vers celui qui connaît nos besoins. La grande louange du divin Savitri éclate de tout côté.

2. Le sage Savitri crée toutes les formes. Il préside au bonheur du bipède et du quadrupède. Ce grand (dieu) éclaire le ciel, et se fait précéder des splendeurs de l’Aurore.

3. Les autres dieux, qui ont suivi le divin Savitri dans sa naissance, suivent encore dans ses merveilleux développements celui qui, avec grandeur, avec une riche magnificence, a mesuré (de ses pas) les mondes terrestres.

4. Ainsi tu vas à travers les trois mondes, ô divin Savitri ; ainsi tu viens t’unir aux rayons du soleil. Tu touches aux deux confins de la nuit. Par tes œuvres tu te montres Mitra[17].

5. Ainsi tu domines seul sur la création, ô divin Savitri, et par ton activité tu te montres Poûchan[18]. Tu règnes sur tout ce monde. Syâvâswa s’est chargé de te louer.


HYMNE XX.
À Savitri, par Syavasva.
(Mètres : Anouchtoubh et Gâyatrî.)

1. Nous préparons en l’honneur du divin Savitri ces mets (sacrés). En l’honneur de Bhaga nous chantons un hymne qui renferme toutes les vertus, celle de plaire au dieu et de vaincre nos ennemis.

2. Personne ne saurait ébranler la royauté de Savitri, (royauté) chérie et qui se soutient d’elle-même.

3. Que Savitri, (qui est aussi) Bhaga, donne à son serviteur les biens les plus précieux. Nous réclamons de lui un riche partage[19].

4. Ô Savitri, donne-nous aujourd’hui la fortune et le bonheur de la famille. Repousse loin de nous (la pauvreté), qui empêche de dormir.

5. Ô divin Savitri, repousse loin de nous tous les maux, et donne-nous la prospérité.

6. Ne manquons pas d’honorer Aditi, qui nous procure tous les biens en enfantant le divin Savitri.

7. Nous célébrons aujourd’hui dans nos hymnes Savitri, qui renferme en lui tous les dieux, qui est le maître de la piété et l’auteur de toute justice.

8. Le divin Savitri, animé par de bonnes pensées, préside sagement au jour et à la nuit.

9. Que Savitri produise donc tous ces êtres, qui avec reconnaissance écoutent le bruit de sa gloire.


HYMNE XXI.
À Pardjania[20], par Bhôma, fils d’Atri.
(Mètres : Djagatî et Anouchtoubh.)

1. Parle devant tous. Célèbre par tes chants, honore par tes offrandes le vigoureux Pardjanya ; fécond, rapide, retentissant, il répand une heureuse semence au sein des plantes.

2. Il déracine les arbres, il donne la mort aux Rakchasas ; avec sa grande arme, il épouvante le monde. La foudre à la main, le bienfaisant Pardjanya va faisant la guerre aux impies qui retiennent les ondes.

3. Tel que l’écuyer, qui avec le fouet stimule ses chevaux, Pardjanya se fait annoncer par des courriers chargés de pluies ; et quand il couvre le ciel de nuages, il en sort de longs frémissements de lion.

4. Les vents soufflent, les éclairs brillent, les plantes croissent, l’air est inondé. La terre renaît pour tous. Pardjanya a fécondé Prithivî.

5. Par toi, ô Pardjanya, la (céleste) Prithivî a plié sous son fardeau, les vaches (aériennes) se sont remplies, toutes les plantes ont grandi. Sois donc notre protecteur puissant.

6. Ô Marouts, envoyez-nous la pluie du haut du ciel. Que (le nuage, tel) qu’un mâle étalon, nous lance sa rosée. (Ô Pardjanya), toi qui donnes la vie[21], toi qui es notre père, viens avec cette (masse) où gronde la foudre, et répands sur nous les ondes.

7. Fais entendre ta clameur, tonne, dépose sur (les plantes) un germe (précieux). Vole de tout côté sur ton char humide. Déchire l’outre du nuage ; qu’elle s’épuise sur nous, et que les collines, comme les plaines, se trouvent inondées.

8. Ouvre et répands sur nous ce grand trésor. Que les Ondes prisonnières s’échappent. Arrose le ciel et la terre de ce beurre (limpide). Que nous buvions le lait des vaches (célestes) !

9. Ô Pardjanya, quand, au milieu des murmures du nuage et de la foudre, tu envoies la mort aux méchants, le monde entier tressaille de joie ; tout ce qui est sur la terre se réjouit.

10. Tu nous as donné la pluie pour notre bonheur. Tu as rendu la vie aux déserts arides. Tu as produit les plantes utiles à notre existence. Ainsi tu as mérité les hommages des mortels.


HYMNE XXII.
À Prithivî[22], par Bhôma.
(Mètre : Anouchtoubh.)

1. Ô Prithivî, c’est en ton sein que se déchirent les montagnes (célestes) ; ô grande et noble (déesse), tu réjouis la terre avec les torrents que tu laisses tomber.

2. Dans tes courses variées, nos hymnes te célèbrent, ô toi, (déesse) brillante, qui lances la nue comme un cheval hennissant.

3. Tout ce qui est fort, les arbres mêmes, c’est toi qui le soutiens avec la terre, en faisant, par ta puissance, couler du ciel resplendissant les ondes de la pluie[23].


HYMNE XXIII.
À Varouna, par Atri.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. En l’honneur de l’illustre, du royal Varouna célèbre un grand sacrifice, accompagné de tout l’appareil qui peut lui plaire. De même que le victimaire étend la peau (de l’animal immolé), Varouna a étendu devant le soleil la (céleste) Prithivî[24].

2. Il a donné l’air aux (branches) des forêts, la force aux chevaux, le lait aux vaches. Il a mis l’âme dans nos cœurs, Agni au milieu des ondes, le soleil dans le ciel, la plante du Soma sur la colline.

3. Varouna a créé ce grand corps qui semble s’affaisser sous son poids[25], et le ciel, et la terre, et l’air. Comme la pluie humecte un champ d’orge, ainsi Varouna, roi du monde, arrose la terre entière.

4. Varouna arrose la terre, l’air et le ciel ; et quand il a besoin de ce lait (céleste), les nuages étendent au loin leur masse ténébreuse, que les courageux (Marouts) poussent avec force.

5. Je chante cette grande magie du célèbre Varouna, uni à (l’esprit) qui donne la vie[26]. Placé au milieu de l’air, il se sert du soleil comme d’une mesure pour arpenter la terre.

6. Personne ne saurait détruire cette grande magie d’un dieu rempli de sagesse. Car il ressemble à une mer immense, que tous ces brillants torrents ne peuvent remplir avec leurs ondes.

7. Ô Varouna, tu as pour nous le caractère d’Aryaman et de Mitra, tu es notre ami, notre frère ; tu es comme notre semblable, qui descend jusqu’à nous. Si nous avons commis quelque faute, ô Varouna, daigne l’effacer.

8. Si des méchants ont, comme dans un jeu (cruel), conçu quelque mauvais dessein, s’il existe quelque trame injuste que nous ignorions, ô divin Varouna, délivre-nous de ces complots ; qu’ils soient éventés. Puissions-nous être sous ta garde fidèle !


HYMNE XXIV.
À Indra et Agni, par Atri.
(Mètres : Anouchtoubh et Virât.)

1. Ô Indra et Agni, le mortel que vous gardez au milieu des combats est sûr de triompher des obstacles les plus forts, comme (jadis) Trita triomphait des paroles (enchantées)[27].

2. Ô Indra et Agni, nous vous invoquons, vous qui êtes invincibles dans les combats et fameux pour vos prouesses, vous qui protégez les cinq espèces d’êtres[28].

3. La force de ces (dieux) magnifiques est triomphante ; leur arme est brillante et acérée. Leurs bras puissants délivrent les vaches (célestes) et donnent la mort à Vritra.

4. Ô Indra et Agni, nous vous prions de lancer vos chars, ô maîtres de la richesse et de la force, ô (dieux) sages, et dignes objets de nos louanges.

5. Je vous invoque, avant tous, ô dieux qui grandissez chaque jour pour les mortels dévoués, dieux invincibles et honorables, qui êtes deux des membres (du grand corps divin)[29].

6. Ainsi, Indra et Agni ont reçu ces offrandes qui procurent la force, et qui, pures comme le ghrita, ont été extraites de nos mortiers. Accordez aux pères de famille une grande fortune ; donnez la richesse à vos chantres, donnez à vos chantres l’abondance.


HYMNE XXV.
Aux Marouts, par Évayâmarout.
(Mètre : Atidjagai.)

1. Ô Évayâmarout[30], que vos hymnes, accompagnés de l’offrande du soma, se produisent en l’honneur de la noble troupe des Marouts, forte, pénétrante, adorable, ornée de beaux bracelets, robuste et agile, célébrée dans nos sacrifices et se plaisant dans l’agitation.

2. Ô Évayâmarout, les Marouts naissent pour la grandeur et la sagesse ; voilà, ce que disent (les hommes). En entendant cet éloge, ô Marouts, vous sentez votre force invincible ; et cette force, grande et généreuse, vous rend aussi solides que les montagnes.

3. Ô Évayâmarout, on les entend du haut du ciel ; leur voix (a retenti) au loin ; ils sont brillants, ils sont bons ; ils règnent en souverains dans leur domaine, tels que des feux éclatants, et déchaînent les torrents.

4. Ô Évayâmarout, (le char des Marouts) s’attelle de lui-même, et s’avance au loin sur cette grande surface qui est leur demeure ; et ces grands (dieux), à l’envi l’un de l’autre, semant les biens sur leur passage, poussent leurs rapides coursiers.

5. Ô Évayâmarout, ce char est brillant, fécond et rapide. Puissions-nous, (ô Marouts), entendre le bruit retentissant qui vous accompagne quand, pour l’ornement (du monde, vous arrivez), agiles et triomphants, couverts d’armes resplendissantes, entourés de rayons solides et de reflets dorés !

6. Ô Évayâmarout, que cette puissance brillante devienne protectrice ! Ô Marouts, croissez en force, et déployez votre invincible grandeur. Arrêtez-vous à la vue de notre sacrifice ; restez avec nous, et, tels que des feux étincelants, délivrez-nous du méchant.

7. Ô Évayâmarout, que ces enfants de Roudra, honorés par de bons sacrifices, pareils à des feux puissants, soient nos protecteurs ! Le large séjour de la (céleste) Prithivî s’étend pour eux, et dans cette vaste carrière s’exercent les forces de ces admirables athlètes.

8. Ô Évayâmarout, que la voix du poëte soit entendue ! Venez, ô Marouts, et montrez-vous nos amis. Compagnons du grand Vichnou, combattez comme de fiers conducteurs de chars, et repoussez nos ennemis dans leur obscurité.

9. Ô Évayâmarout, que les Rakchasas s’éloignent de toi ! Ô (Marouts), qui par vos œuvres méritez nos hommages, venez à notre heureux sacrifice ; écoutez nos invocations. (Dieux) sages, élevez-vous dans le ciel comme de superbes montagnes, et ne supportez pas les injures du méchant[31].


HYMNE XXVI.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Illustre Agni, sois le premier à connaître nos prières ; (deviens) notre sacrificateur. (Dieu) libéral, donne-nous une force capable de triompher de toute autre force.

2. Pontife vénérable, avide de nos offrandes et digne de nos éloges, assieds-toi sur ton trône de terre ; les (hommes) pleins de respect pour les dieux, et empressés de les honorer pour obtenir la richesse, viennent t’invoquer en premier lieu, ô maître puissant.

3. Oui, les (hommes), s’éveillant pour te rendre hommage, viennent vers toi, opulent Agni, (dieu) brillant, illustre, magnifique, qui vas semant les trésors sur ta route, engraissé de nos offrandes, entouré chaque jour de flammes étincelantes.

4. Les (mortels) qui désirent ton secours s’approchent de ton foyer divin, et t’honorent par de pures offrandes. Ils t’invoquent sous plusieurs noms adorables, et jouissent avec bonheur de ta présence fortunée.

5. Les peuples viennent près de ton trône de terre t’apporter leurs doubles[32] offrandes. Tu es digne de nos prières ; tu nous fais traverser heureusement (la vie) ; tu es pour les hommes un père, une mère (tendre).

6. L’adorable Agni est cher aux nations qui l’honorent. Sacrificateur aimable et digne de respect, il siége parmi nous. Venons avec vénération fléchir le genou devant un (dieu) tel que toi, qui brilles dans le foyer.

7. Ô Agni, remplis d’une pieuse dévotion, nous nous approchons de toi ; nous te chantons, en te présentant nos vœux et nos offrandes. Ô Agni, c’est toi qui, brillant du haut du ciel, conduis les nations à la clarté du grand (astre).

8. Maître prudent des peuples, patron et bienfaiteur des générations qui se succèdent, Agni vient vers nous, adorable, purifiant (le monde), cherchant nos offrandes et régnant sur la richesse.

9. Ô Agni, le mortel qui t’honore par ses sacrifices et ses hymnes, qui jette son holocauste sur tes flammes, qui fait retentir autour de toi ses invocations et ses prières, (ce mortel) est certain de ton secours, et obtient toute espèce de prospérités.

10. Ô magnifique Agni, enfant de la Force, nous voulons t’honorer magnifiquement par nos invocations et nos holocaustes ; nous voulons, allumant tes feux sur le foyer, t’adresser des chants, des hymnes, de fortunées prières.

11. Ô toi, qui remplis au loin de lumière et la terre et le ciel, (dieu) sauveur et digne de tous les éloges, étends l’éclat de tes rayons sous la riche abondance de nos innombrables offrandes.

12. Ô (dieu) notre protecteur, accorde-nous, (accorde) à nos fils et à nos petits-fils une mâle et solide opulence. Que nos récoltes soient pleines ! que (nos richesses) soient immenses ! que notre bonheur soit innocent !

13. Ô Agni, tu es roi et maître de grands trésors. Fais que j’obtienne de nombreuses richesses. Ô Agni, ta royale opulence peut être sans crainte libérale et prodigue pour celui qui t’honore.

  1. Pardjanya est le dieu du nuage : le texte l’appelle Asoura (qui donne la vie).
  2. Asouryam.
  3. La déesse de l’Abondance est ici celle que l’on appelle Ich, la déesse de l’offrande, de la nourriture sacrée.
  4. Nous avons déjà vu ces distinctions de mondes, et il peut y avoir quelque chose de vague dans la division que l’on établit pour la confondre souvent : on reconnaît trois mondes, le ciel (dyou), l’air (antarikcha) et la terre (bhoû). On subdivise ces trois mondes chacun en trois autres, trois dyoulokas, trois antarikchalocas, trois bhoûlocas. Cependant les mots employés dans le texte sont rotchana, dyou, radjas.
  5. Ce dieu est Indra, auquel on donne ici l’épithète de Kchatriya.
  6. Cette idée de monde est exprimée ici par le mot dhichanâ, et les trois dieux dont il est fait mention sont Agni, Vâyou et Aditya.
  7. Le mot dont se sert l’auteur est Roudra.
  8. La note 1, page 58, col. 2, essaye de donner une explication sur ce qu’il faut entendre par les roues du char des Aswins. Le passage présent semblerait contrarier un peu le système de cette note. On croirait ici qu’une de ces roues, c’est le soleil ; il en résulterait que les autres roues devraient être les astres de la nuit. Les deux roues des Aswins, ne serait-ce pas le ciel et la terre ? Le commentaire, expliquant les mots nâhouchâni yougâni, donne au mot youga le sens de savana, et au mot nâhoucha le sens de mânouchya ; ce qui n’explique rien. J’ai pensé qu’il fallait rendre à nâhoucha le sens de la racine naha (lier, enchaîner), et entendre : temps où les sacrifices sont enchaînés, c’est-à-dire la nuit. Toute la nature même est alors liée. Mais il est une autre explication que je proposerais de ces yougas de Nahoucha. Adoptant un sens allégorique pour la légende de Nahoucha, changé en serpent, je verrais dans ces révolutions nahouchiennes les révolutions accomplies par les serpents de la nuit, les astres qui serpentent dans les ténèbres dont le ciel est couvert. Je conserverais ainsi à ces mots le sens de périodes nocturnes. Cependant, revenant au sens indiqué par le commentateur, on pourrait supposer que le char des Aswins a trois roues, qui sont les trois savanas. Le savana du milieu du jour est brillant, c’est l’instant de la plus haute splendeur du soleil. Les savanas du soir et du matin ont lieu au moment de l’obscurité, aux heures où le soleil est plus rapproché des enfants de Nahoucha.
  9. Le texte, par un de ces abus de mots si fréquents dans l’Orient, offre le rapprochement de la même expression employée trois fois dans un sens différent. Pôra est le nom du poëte qui a composé l’hymne : il est en même temps un des synonymes du mot nuage et une épithète des Aswins. Le même vers contient ces trois mots ; et c’est sans doute une beauté du style de ces vieux temps.
  10. Voy. page 114, col. 1, note 6.
  11. Atri est ici un nom patronymique : il signifie, le fils d’Atri, ou Saptavadhri, à moins que ce ne soit un surnom d’Agni lui-même. Et nous devons renouveler ici l’observation que nous avons faite plus haut sur les noms des poëtes auxquels ces hymnes sont attribués. Le chant que nous traduisons est inscrit sous le nom de Saptavadhri, et il est évident que ce mot est une épithète d’Agni, renfermé dans l’Aranî et privé de la lumière de ses sept rayons. La légende raconte que Saptavadhri est par son ennemi enfermé et scellé dans un coffre. Il y gémit, et cherche les moyens d’en sortir. Sa femme arrive, et elle est impuissante à le délivrer. Les Aswins sont invoqués ; le prisonnier recouvre sa liberté, et il apparaît avec sa femme au lever de l’aurore. Il faut penser que le poëte, qui portait un surnom d’Agni, a cru devoir dans son hymne rappeler cette légende ; ou bien que le nom du Richi est pour cet hymne le nom du lieu qui y est célébré.
  12. Vanaspati, surnom d’Agni.
  13. Voy. même page, note 1.
  14. Allusion aux mouvements par lesquels le feu est extrait de l’Aranî.
  15. Vâyya est un nom de famille. Voy. section I, lecture iv, hymne viii, stance 6, et section VI, hymne v, stance 12.
  16. Paraphrase de l’épithète dwibarhâh, que nous avons déjà expliquée page 85, col. 2, note 1.
  17. C’est-à-dire l’ami des hommes.
  18. C’est-à-dire, tu embellis le monde.
  19. Bhâga. Il y a ici un jeu de mots, qui consiste dans le rapprochement de Bhâga et de Bhaga.
  20. Nom de Roudra, considéré principalement dans les nuages.
  21. Asoura.
  22. Cette Prithivî est celle que nous distinguons par le surnom de céleste. Voy. plus haut, page 293, col. 2, note 3. C’est le nuage ainsi personnifié.
  23. Un quatrième distique a été intercalé sur un manuscrit. Le commentaire n’en fait pas mention.
  24. C’est-à-dire la masse des vapeurs, la nue.
  25. Je suppose que c’est la céleste Prithivî.
  26. Je rends ainsi le mot Asoura. Le nom d’Asoura est ordinairement assigné au dieu de l’air, qui devient le compagnon de Varouna. Varouna signifie le dieu qui couvre, et il est dans cet hymne considéré comme le même que Pardjanya, ou le nuage, qui couvre la surface du ciel.
  27. Voy. page 74, col. 1, note 1, et page 104, col. 2, note 3, la légende de Trita. Pour comprendre le sens que je donne à ce passage, il faut supposer que les ennemis de Trita avaient, pour le retenir, prononcé des paroles puissantes, enchantées.
  28. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  29. Le mot ansa est rendu par cette périphrase.
  30. C’est, dit le commentaire, le nom d’un Richi. Cette apostrophe répétée m’a étonné : on dirait que cet hymne est une espèce d’instruction adressée à un personnage de ce nom. Ce mot ne serait-il pas plutôt une épithète d’Agni, donnant, par le sacrifice, l’essor aux Marouts ? J’ai pensé encore quelquefois que c’était un nom collectif de ces dieux (maroutgana), ou bien une épithète de leur char. Il y a là une difficulté venant de l’ignorance où je suis de la nature de ce mot, qui semble être au vocatif. Le commentateur n’est pas embarrassé : il met ce mot à tous les cas qui peuvent lui convenir pour sa traduction. J’ai adopté constamment le vocatif, regardant provisoirement Évayâmarout comme un Richi du sacrifice, qui personnifie le Rite dans lequel les Marouts sont invoqués.
  31. Ici se termine le cinquième mandala, connu sous le nom d’Atri. Le sixième mandala va commencer, et porte le nom de Bharadwâdja. À la fin du cinquième mandala, un manuscrit intercale quatre vargas en l’honneur de Srî. Nous ne les avons pas reproduits : ils manquent dans le commentaire.
  32. Les offrandes consistent en libations et en mets.