Devoirs des parens et des maistres, pour l’Education Chrestienne des Enfans
Devoirs
des parens
et des maistres,
Pour l'Education Chrestienne
des Enfans.
Dressé & Imprimé par l’Ordre de Monseigneur Jean-Claude de La Poype
Evéque de Poictiers.
Pour le bien & l'utilité des Petites
Ecoles de son Diocese
A Poictiers
Par Jean Fleuriau Imprimeur du Roy, & de Monseigneur l'Evêque.
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Avec Privilege & Permission& des Maistres
pour l’éducation Chrestienne des Enfans.
I.
Devoirs generaux & particuliers des Peres
& des Meres, sur lesquels Dieu les jugera.
EUX à qui Dieu a donné des Enfans, ne doivent plus se regarder
simplement comme Chrestiens dans l’examen qu'ils font obligez de faire
chaque jour de leur conduite & de
leurs devoirs. Ils doivent se juger comme Dieu
les jugera ; & comme ils ne seront pas considerez à son Tribunal comme Chrestiens seulement, mais comme peres & meres de ceux ausquels
Dieu a donné naissance par eux, ils ne peuvent
avoir un veritable repos de conscience pendant
qu’ils se contentent de se juger sur les fautes qu’ils
commettent en qualité de Chrestiens, sans avoir
égard à celles qu’ils font comme peres ou meres
de leurs enfans : lesquelles estant le plus souvent des fautes d’omission, n’en sont que plus
difficiles à remarquer, & plus dangereuses. Car
si la qualité de Chrestiens leur impose des obligations qui leur sont communes avec tous les
Chrestiens, la qualité de peres & de meres en fait naistre d’autres qui sont particulieres, &
qui ne sont ny moins importantes ny moins indispensables. La Pieté veritable & solide ne manque point, d’allier ensemble ces deux sortes de
devoirs, mais la fausse les separe. C’est ce qui
fait qu’on voit tant de peres & de meres qui ont
la reputation de gens de bien, & qui neanmoins
ont souvent moins de zele pour le salut & l'éducation de leurs enfans, que n’en ont eu plusieurs d’entre les Payens. On a peine à comprendre que ces personnes ayent la crainte de Dieu,
& que cependant ils ne pensent pas à un devoir
si grand & si visible. Mais au nom de Dieu,
qu’ils ne se trompent pas : cette vertu qui paroist
en eux, n’est qu’une vertu de reputation & imaginaire, qui ne sert qu’à leur voiler les yeux, pendant que l’ennemy les conduit au precipice, qu’ils
ne reconnoistront qu’à la fin de cette voye, qui leur paroist droite, & qui ne se termine qu’à la mort éternelle ; s’ils n’ont autant de soin du salut de leurs enfans, que du leur propre ; & s’ils ne s’efforcent par une pieté interieure & par une exacte fidelité à leurs devoirs de parens Chrestiens, d’estre en effet aux yeux de Dieu, ce qu’ils paroissent estre aux yeux des hommes.
Instruction necessaire, mais inutile sans
la charité & la pratique de ses devoirs.
Ul ne peut satisfaire à ses devoirs s’il ne les connoist ; & il ne les peut connoistre, s’il n’a soin de s’en instruire. Or negliger de s’instruire, c’est de soy un peché qui engage dans un danger évident de se perdre, & c’est la source de tous les crimes que produit l’ignorance, dont le
nombre est infiny. Ceux donc qui voudront s’instruire, pourront apprendre dans ce discours leurs
devoirs les plus essentiels : Mais on les prie de se
bien persuader que l’instruction ne suffit point.
Comme la Foy sans les bonnes œuvres, est morte, aussi toutes les lumieres & les connoissances qu’on peut avoir sans les pratiquer, sont mortes, & ne peuvent devenir pour celuy qui les a, que des pleiges & des sujets de chute, s’il n’en sçait pas user pour sa sanctification : & il n’en use jamais bien, que lorsqu’elles luy servent de regles & de principes de conduite, & qu’il y conforme les dispositions de son cœur aussi bien que ses actions. C’est la seule charité qui consiste à aimer Dieu plus que toutes choses, & son prochain comme soy-méme, qui produit cet effet, en reformant & renouvellant l’interieur, & en y conformant l’exterieur, selon les diverses rencontres & les engagemens où l’on est, & selon l’Apostre saint Paul, les miracles, les aumônes les plus grandes, & le martyre même ne sont d’aucune consideraition devant Dieu sans la charité. Si ces œuvres si saintes ne servent de rien sans la charité, de quoy peuvent servir les connoissances les plus saintes, lorqu’elles ne sont pas suivies des œuvres que la seule charité produit utilement & avec fruit ? Et si la seule ignorance & la negligence à s’instruire font perir une infinité d’ames, que doivent attendre ceux qui estant instruits & éclairez, retiennent leurs lumieres captives, & n’en font pas plus de profit que ceux qui n’en ont point ; Il faut donc s’instruire de ses devoirs, mais il faut en lisant ces verités, élever son cœur à Dieu, pour luy demander la grace de les aimer, & de les faire passer du cœur dans les actions & dans toute la conduite de la vie ; & on verra par experience que ce qui avoit paru d’abord difficile, ou méme impossible, deviendra par la vertu de cette grace divine, qui remue les cœurs & les volontez des hommes, & trés-facile & trés agreable.
S. Paul nous en fournit les regles.
N Pere & une Mere considereront avãt toues choses, que s’ils veulent se rendre dignes du nom de Chrestiens qu’ils ont l’honneur de porter, ils sont obligez d’élever leurs enfans de l’un & de l’autre sexe, d’une autre maniere que les Payens, qui ne connoissent que cette vie & ses faux biens. Puisqu’en qualité de Chrestiens ils font profession de croire, d’esperer, & de chercher une vie éternelle, & de vivre sur la terre comme des étrangers qui ne font que passer, & qui n’usent des choses temporelles que par pure necessité, & pour faire le voyage, il n’y a rien qui les puisse dispenser d’élever leurs Enfans dans le méme esprit, de leur inspirer du mépris pour tout ce qui ne dure qu’un temps, de leur apprendre à ne point établir leur bonheur, ny leur demeure sur la terre, à la regarder comme une hostellerie où ils ne font que passer, & le Ciel comme la patrie où ils doivent vivre éternellement, à servir, honorer, aimer Dieu, & luy obeyr en toutes choses comme à leur Pere, tendre à luy par tous leurs desirs comme à leur souverain bien, & à la fin de toutes leurs esperances & de tous leurs travaux. Et s’ils ne les élevent que pour le monde, & ne leur procurent que des établissemens temporels sur la terre, comme font la pluspart des parens si mal élevez, que d’estre pour l’éternité chassez de la maison de ce pere celeste, dont ils se rendent indignes d’estre les enfans. Car quand ils seroient Payens & sans aucune connoissance du vray Dieu, ne les pourroient-ils pas élever de cette sorte, & méme leur apprendre avec cela, comme ont fait plusieurs infideles, les maximes d’une honnesteté & d’une vertu humaine, pour vivre en societé avec les autres hommes selon les regles de l’équité naturelle.
Si donc ils veulent s’acquitter chestiennement d’une obligation si importante, qu’ils apprennent de Dieu méme qui les a associez en quelque façon à sa paternité divine, les regles sur lesquelles il veut qu’ils forment l’esprit & les mœurs de leurs enfans. La regle generale & qui renferme tout ce qu’on peut dire sur ce sujet, est celle que ce Maistre adorable & ce souverain Pere des espits nous enseigne par la bouche du grand Apostre en deux endroits de ses Epitres. Peres, dit-il dans l’Epitre aux Ephesiens, n’irritez point vos enfans, mais ayez soin de les bien élever, en les corrigeant & les instruisant selon le Seigneur. Et dans la premiere à Timothée aprés avoir defendu aux femmes d’enseigner & de prendre autorité sur leurs maris, & leur avoir donné le silence, parce que le peché est entré dans le monde par la femme, qui se laissa seduire par le Serpent, il ajoûte : Elles se sauveront neanmoins par les Enfans qu’elles mettront au monde en procurant que les mémes Enfans demeurent dans la sainteté, & dans une vie bien reglée : Que les Peres & Meres se considerent tous les jours dans le double miroir que Saint Paul leur presente ; ils y pourront voir, non la beauté ou la difformité de leur visage, mais celle de leur ame, estant certain qu’ils n’auront de beauté dans l’homme interieur qu’autant qu’ils suivront dans leur conduite cette regle divine ; & que quelque belle apparence qu’ils gardent à l’exterieur, si cela leur manque, leurs ames sont horribles aux yeux de Dieu qui voit le fond des cœurs.
Les Meres ont obligation particuliere
de bien élever leurs Enfans.
Mais les Peres estant les chefs de famille,
n’y ont pas moins d’interest.
L faut donc poser pour principe, selon Saint
Paul, que les Parens ne peuvent estre sauvez qu’en procurant par tous les moyens essentiels que
la pieté paternelle leur prescrit : que leurs enfans demeurent dans la Foy, dans la charité, dans la sainteté, & dans une vie bien reglée, & en les corrigeant & les instruisant selon le Seigneur ; c’est à
dire, en leur donnant une éducation & une instruction conforme aux divines maximes de l’Evangile, à la doctrine & à l’esprit de Iesus-Christ.
Que les Peres ne pretendent pas s’en dispenser sur
ce que l’Apostre parle aux femmes dans l’Epitre
à Timothée. Il leur adresse son disours, parce
que leur sexe ayant esté la premiere cause de la
perte des hommes, & l’organe du serpent, qui
les a engagez par leur ministere dans son malheur, elles ont une raison particuliere qui les
presse, les oblige plus étroitement à contribuer en tout ce qu’elles peuvent à retirer du
moins leurs propres Enfans de cette condamnation dans laquelle elles les ont fait naistre : comme pour les consoler de ce qu’il leur defend
d’instruire publiquement, & leur donner au moins
dans le particulier & dans le secret de leur maison, un moyen de reparer cette faute de leur
sexe, L’Apostre sçavoit encore que les Meres
estant plus assiduës à la maison, voyent plus souvent leurs Enfans que les Peres qui sont occupez
aux affaires du dehors, & sont par consequent plus
obligées de veiller de prés sur ces petites ames,
dont elles sont comme les Anges Gardiens visibles,
& d’entrer dans le détail & dans le particulier de leur éducation pendant qu’ils sont dans la maison de leur parens.
Au reste outre que le méme Apostre parle aux Peres dans l’autre endroit que nous avons cité, il est certain que si leurs affaires leur permettent d’estre auprés de leurs Enfans, ils ne sont pas moins obligez de veiller sur eux, & de prendre soin de leur conduite particuliere ; & que cette affaire estant la plus grande de toutes, & celle dont ils rendront un compte plus terrible, estant l’affaire méme de leur propre salut, ils doivent plustost quitter toutes les autres que d’abandonner l’éducation de leurs Enfans, ou de la confier à une Mere, ou à des Maistres qui seroient incapables de les élever dans l’esprit du Christianisme, ou qui méme leur pourroient inspirer l’esprit du monde. Qu’ils considerent qu’au Iugement de Dieu toutes les autres affaires ne passeront que pour des bagatelles & des amusemens d’Enfans en comparaison de celle-là ; & même que s’ils ne font servir à cette fin, c’est à dire, à leur salut, & à celuy de leurs Enfans, tout ce qu’ils ont d’occupations & d’affaires, ils s’exposent à un danger visible d’estre traitez de Dieu dans ce grand jour, comme des hommes seculiers, & des reprouvez, qui n’auront point eu de commerce avec luy, & qui n’auront point esté employez à ses affaires. Ils sont d’ailleurs obligez, s’ils ne le peuvent pas faire par eux-mémes, ou s’ils n’en sont pas capables, de le faire faire par les Meres, si elles ont assez de lumiere & de pieté pour cela ; ou si elles en sont incapables, ils doivent choisir des personnes d’une pieté approuvée qui suppléent à leur defaut, sans pourtant qu’ils demeurent pour cela dans une fausse assurance ; ils doivent craindre au contraire, que s’estant engagez temerairement dans le Mariage, sans avoir eu soin de se rendre capables de gouverner une famille, selon les Loix de Dieu, ils ne soient responsables de tous les maux qui en seront les suites, de toutes les fautes que feront ceux sur qui ils s’en reposeront, & de celle de toute leur famille. Il suffit de dire que par toutes sortes de loix naturelles, divines & humaines ils sont établis pour estre les chefs de toute leur maison ; pour faire voir que c’est à eux à veiller, corriger, instruire, regler & ordonner tout ce qui se doit faire dans la famille : qu’ils en sont comme les Pasteurs & les Evesques, selon les saints Pères, qu’ils sont obligez aux mêmes devoirs à l’égard même de leurs femmes autant qu’elles en ont besoin, & qu’ils sont responsables de tout ce qui arrive dans la famille par leur faute. Enfin l’homme & la femme estant unis si étroitement par le Mariage, qu’ils n’ont qu’une chair, qu’un cœur & qu’une ame, ils doivent donner des marques de cette union, particulièrement lorsqu’il s’agit de procurer à leurs Enfans une nouvelle naissance, & de leur en conserver les fruits & les avantages, au lieu de la naissance criminelle & corrompue qu’ils leur ont donnée en devenant en quelque sorte leurs parricides en méme temps qu’ils sont devenus leurs Pères.
Six moyens pour réussir dans l’éducation
des Enfans. Le i. Vie innocente avant le Mariage.
L’abus de ce Sacrement source de maux.
R entre tous les moyens que la raison éclairée des lumieres de la foy, juge les plus propres pour conserver ce tesor d’innocence aux enfans, & les preserver de la corruption du siecle & du peché, j’en trouve six principaux, ausquels on peut rapporter tous les autres. Le premier qui est le fondement de tous les autres, & qui les rendroit sans doute beaucoup plus faciles & efficaces, seroit qu’un Pere & une Mere eussent eu le bonheur d’estre fideles à Dieu dés leur bas âge, en vivant dans sa crainte & son Amour, dans l’humilité, la pureté & la chasteté, dans l’éloignement des vanitez du siecle & des conversations profanes, & dans le mépris du monde, & qu’ils ne fussent entrez dans le Mariage qu’aprés avoir consulté Dieu serieusement, & avoir reconnu sa volonté autant qu’on la peut connoistre dans les tenebres de cette vie. C’est la manière dont on se marie qui attire la benediction ou la malediction de Dieu sur les parens & sur les enfans. C’est pourquoy il est de la derniere importance que ceux qui sont déja engagez dans le Mariage, ou qui le pourront estre un jour, s’instruisent parfaitement de l’esprit & des dispositions avec lesquelles on doit recevoir ce Sacrement : Car il n’y a gueres de Sacremens que l’on reçoive avec si peu de preparation, & que l’on profane davantage. Cependant Dieu punit cet abus par des suites trés funestes, & un Mariage qui ne se fait pas dans l’esprit du Christianisme, & dans la crainte de Dieu, est la source d’un nombre infiny de malheurs que nous voyons tous les jours tomber sur Peres & Meres, & sur leurs Enfans, par un effet de la vengeance divine. Ce Sacrement produit à la vérité la grace : mais cette grace ne se donne qu’à cent qui le reçoivent dignement, & le moyen de le recevoir dignement est d’avoir conservé l’innocence du Baptéme par une vie pure, chaste & Chrestienne ; ou du moins de l’avoir reparée par une conversion sincere, & une penitence serieuse & veritable, si on l’a malheureusemẽt perduë par le peché mortel ; & d’avoir renoncé pour jamais à ce qui pourroit souiller l’ame pour passer le reste de la vie dans la pieté & le service de Dieu.
Uisque l’Eglise demande que ceux qui entrent dans le Mariage, se preparent à ce Sacrement par celuy de la Penitence, son dessein est que si un Directeur éclairé & expérimenté reconnoist qu’ils soient déchus de la grace du Baptême, il les mette en penitence, & leur prescrive les veritables moyens de reparer cette même grace, qui ne se repare, selon le saint Concile de Trente, que par beaucoup de larmes & de gemissemens, & par de grands travaux. S’ils vouloient donc ne se pas tromper dans l’affaire du monde la plus un portante, ils choisiroient — long temps avant leur Mariage un Directeur sage, pieux & éclairé, auquel ils pussent avoir une parfaite confiance : ils luy feroient une entiere ouverture de cœur, en luy montrant à nud & découvert toute leur vie passée, & tous les déreglemens interieurs & exterieurs où ils seroient tombez : ils se mettroient entre ses mains pour faire d’eux tout ce que l’esprit de Dieu luy inspirera, ils s’abandonneroient entierement à sa conduite, & ils n’entreprendroient rien sans son avis : Cela estant ainsi, il auroit du temps de leur faire reparer les pechez de leur vie passée, de les éprouver & de s’assurer de leur conversion avant qu’ils entrassent dans un estat comme celuy du Mariage, où l’on a besoin de beau coup de vertu & de conduite pour se soûtenir dans les bonnes resolutions, contre tous les pieges & les tentations dont on est environné. Car la pluspart des Confessions qui se font avant le Mariage, estant precipitées & bornées à un certain temps dans lequel il faut recevoir l’absolution, ne sont suivies d’aucune conversiõ sincere ; ce qui les rend sacrileges, & les convertit en peché, aussi bien que les deux autres Sacremens ausquels elles doivent servir de preparation, sçavoir la Communion & le Mariage. Ie dis qu’ils devroient longtemps auparavant choisir an Directeur éclairé & homme de bien, s’ils estoient assez malheureux pour avoir oublié Dieu : mais ce seroit un avantage beaucoup plus grãd d’avoir esté pendant toute leur jeunesse entre les mains d’un bon serviteur de Dieu, qui les fit entrer ensuite dans le lien sacré du Mariage avec des ames innocentes, & une pureté Virginale. C’est là une des près grandes obligations des Peres & Meres de procurer ce bien à leurs Enfans. En effet, l’Eglise veut qu’avant que de s’unir ensemble par ce Sacrement, ils s’unissent à Iesus-Christ dans l’Eucharistie, qui est le Sacrement des vivans, & la nourriture des grands & des forts ; pour marquer qu’ils ont besoin d’une vertu qui ait déja receu quelque acroissement pour entrer dans un engagement qui les expose à tant de dangers, & qui est suivi de tant de difficultez, qu’on en voit moins en cet estat qu’en aucun autre, qui servent Dieu avec une pieté solide.
fin pour laquelle Dieu l’a institué.
A seconde disposition qu’on doit apporter à ce Sacrement, est de ne se marier que pour la fin méme pour laquelle Dieu l’a institué, & non pour aucune fin temporelle, ny pour le bien, ny pour l’honneur & la vanité, ny pour les autres avantages du siecle, ny pour le plaisir & par une passion charnelle ; il faut laisser toutes ces vûës & ces motifs aux Payens & aux Infideles, qui ne connoissent point d’autres biens que ceux de cette vie. Ceux qui se marient dans cet esprit, n’ont pas la moindre teinture : Christianisme. Or Dieu a institué le Mariage pour trois fins : Premierement, afin que les personnes qui se marient s’entr’aident mutuellement dans les besoins de cette vie, & dans l’affaire de leur salut, & trouvent leur consolation dans l’amour & les services qu’ils se rendront l’un à l’autre. 2. Afin que du Mariage il naisse des Enfans qui soient élevez dans la crainte de Dieu, & qui remplissent un jour les places des Anges reprouvez dans le Ciel. 3. Afin que le Mariage serve de remede & de frain à la concupiscence, & preserve de tomber dans le crime. Les personnes qui dans le Mariage veulent vivre comme freres, & garder une continence perpetuelle, à l’exemple de la sainte Vierge & de saint Ioseph, & de plusieurs autres Saints, se marient pour la premiere de ces trois fins. Ceux qui desirent d’avoir des enfans, se marient pour la seconde fin : & plusieurs Saints ont fait voir qu’ils n’avoient eu que ce motif, non seulement en s’abstenant de l’usage du Mariage pendant la grossesse de leurs femmes, mais encore en ce qu’ayant les Enfans qu’ils souhaitoient d’avoir, ils ont embrassé, d’un commun consentement, la continence pour le reste de leur vie. Enfin ceux qui ayant la crainte de Dieu, se sentent attaquez par des tentations de la chair, ausqu’elles ils ont peur de succomber, ont recours au Mariage comme à un remede pour s’empécher de tomber dans l’impureté, & se marient pour la troisiéme fin. Il faut neanmoins remarquer que lorsque ces personnes usent du Mariage par cette seule veuë de leur foiblesse, qui leur fait chercher le plaisir, & non la generation des Enfans, qui en est la fin principale ; cette action n’est pas, selon Saint Augustin, exempte de tout peché, quoyque le Mariage la rende pardonnable. Et ils doivent par la douleur humble qu’ils ressentent de leur foiblesse, par leurs gemissemens, & par toutes les bonnes œuvres dont ils sont capables, effacer les taches qu’ils en pourroient avoir contractées. Quiconque n’a pas un de ces trois motifs en se mariant, ne se marie point en Chrestien, & commet un grand peché : & tous ceux qui estant surmontez par les passions de la chair, loin de regarder le Mariage comme un remede à leur incontinence, ne le considerent que comme un moyen de la satisfaire avec plus de liberté & d’emportement, se marient, non en Chrestiens ny en hommes, mais en bestes : & l’Ecriture Sainte dit qu’ils sont en la puissance du Diable. C’est ce que Dieu a fait voir visiblement par l’exemple de ces sept jeunes hommes, qui ayant l’un aprés l’autre épousé la vertueuse Sara, sans autre vûë que de contenter leur sensualité, furent étranglez par le demon la nuit méme de leur nôces, & avant que de satisfaire leurs desirs dereglez, selon qu’il est rapporté dans le livre de Tobie. Si le Demon ne tuë pas les corps de tous ceux qui se marient de la sorte, il est certain qu’il tuë leurs ames, & toute la suite de leur vie fait assez voir que c’est luy qui est le maistre de leurs cœurs. Saint Augustin ne craint pas de dire, qu’un mary coupable de cette intemperance, est l’adultere de sa propre femme, & que la femme devient la concubine de son propre mary. Il faut dire la méme chose de celles qui se marient avec ces mémes dispositions.
Eureux celuy qui peut dire avec le jeune Tobie : Vous sçavez, Seigneur, que ce n’est point peur satisfaire ma passion que j’épouse cette femme, mais dans de seul desir de laisser des Enfans par lesquels vostre nom soit beny dans tous les siecles. Heureuse celle qui peut dire de son costé avec Sara épouse du méme Tobie : Vous sçavez Seigneur, que je n’ay jamais desiré un mary, & que j’ay con- -servé mon ame pure de tous les mauvais desirs. Ie ne me suis jamais mêlée avec ceux qui ayment à se divertir, & je n’ay eu jamais aucun commerce avec les personnes qui se conduisent avec legereté. Que si j’ay consenty à recevoir un mary, je l’ay fait dans vostre crainte, & non pour satisfaire ma passion. O que l’on pourroit esperer de grands biens d’un tel mariage ! Si un jeune homme, une fille, avoient soin de se conduire en toutes choses par la crainte de Dieu, de bien examiner sa volonté, & de la consulter avant que de rien entreprendre, de ne suivre que sa vocation divine, aprés avoir pris tous les moyens de la bien connoistre, de bien discerner celuy ou celle que Dieu veut leur donner pour mary, ou pour femme ; & de choisir preferablement à tout toute autre personne, la plus sage, la plus modeste, la plus pieuse, comme aussi la plus chrestienne qu’ils pourroient trouver ; sans doute qu’un tel mariage ne pourroit manquer d’estre comblé des benedictions du Ciel, & d’avoir des suites trés-heureuses en cette vie & en l’autre. Aprés avoir posé des fondemens si excellens, ce seroit une pratique trés-sainte & un moyen efficace pour obtenir la grace d’user saintement du Mariage, & des Enfans vertueux craignans Dieu, que de suivre avec Tobie & Sara, le conseil que donna à ce jeune homme le S. Ange Raphaël en ces termes : Lorsque des personnes s’engagent tellement dans le mariage qu’ils bannissent Dieu de leur cœur & de leur esprit, & qu’ils ne pensent qu’à satisfaire leur brutalité, comme les chevaux & les mulets qui sont sans raison, le Demon a pouvoir sur eux. Mais pour vous aprés que vous aurez épousé cette fille, estant entré dans la chambre, vivez avec elle en continence pendent trois jours, & ne pensez à autre chose qu’à prier Dieu avec elle. Il ajoûta qu’il meriteroit, par cette conduite que Dieu chassast le demon, qu’il entreroit dans la société des Saints Patriarches par l’imitation de leurs vertus ; & qu’il recevroit la benediction du Seigneur pour avoir des enfans. La troisiéme nuit estant passée, ajoûta l’Ange, vous prendrez cette fille dans la crainte du Seigneur, & dans le desir d’avoir des enfans plustost que par un mouvement de passion & par l’amour du plaisir, afin que las enfans que vous aurez, soient de dignes enfans d’Abraham. Tobie pratiqua fidelement cet avis. Car la nuit de ses noces, lorsqu’il furent seuls, il dit à Sara son Epouse : Prions Dieu aujourd’huy demain & aprée demain ; parce que durant ces trois nuits nous devons nous unir à Dieu, & aprês la troisiéme nuit nous nous unirons ensemble ; car nous sommes les enfans des Saints, & nous ne devons pas user du Mariage comme les Payens qui ne connoissent point Dieu. Heureux ceux qui seroient en estat d’imiter un si grand exemple, au lieu de passer les premiers jours & les premieres nuits de leur Mariage dans les débauches si ordinaires dans les excez, dans les folles joyes & dans les plaisirs, comme font la plûpart, lesquels attirent par de si grands abus la colere de Dieu, & mille maledictions & sur eux & sur les enfans qui naissent de tels Mariages. On sçait combien de benedictions Dieu répandit sur le Mariage de Tobie & de Sara. Cette conduite n’est pas sans exemples dans nostre siecle, quoyqu’elle soit rare, pour-être parce qu’elle est peu connuë, mais je ne doute point que si elle estoit plus commune, on verroit plus de sainteté, plus d’union, plus de fidelité dans les Mariages, plus de paix & de concorde dans les Familles, plus d’éducation de solidité, de modestie, & de crainte de Dieu dans les enfans, plus de pieté, de justice, de charité, & de Religion dans toutes les professions, ausquelles les Mariages fournissent des sujets ; l’Etat en seroit mieux gouverné, l’Eglise mieux servie, & Dieu plus honoré.
IX
L’Etat de la Virginité plus parfait & plus saint que celuy de Mariage.[modifier]
Eux-là sont heureux qui n’entrent dans le
Mariage que dans cet esprit, & selon ces régles
saintes, apportez du Ciel par un Ange,
dictées par le saint Esprit ; & écrites du doit de Dieu :
mais je suis obligé de dire icy en passant, qu’il
y a une voye pour aller à Dieu encore plus parfaite,
& un bonheur beaucoup plus grand. Les personnes
à qui Dieu donne assez de generosité pour
preferer la sainte Virginité à l’état du Mariage,
& Iesus-Christ, l’Epoux des Vierges, à un mary,
ou à une femme, pourvû qu’ils ayent soin d’estre Vierges,
autant d’esprit que de corps, & de vivre d’une
maniere digne d’un estat si parfait, sont regardez,
& l’ont toujours esté dans les siecles passez comme
la plus belle fleur & la plus pure portion de l’Eglise.
Heureuses mille fois les ames ausquelles I. C.
fait cet honneur de les mettre au rang de ses Epouses :
elles doivent mépriser saintement tous les
Epoux & toutes les Epouses de la terre. C’est une
grace rare & pretieuse, & il n’y en a point de
precepte du Seigneur, parce que peu en sont capable.
Voicy, dit l’Apostre Saint Paul, le conseil que je donne : Ie croy qu’il est avantageux à l’homme, à cause des fâcheuses nécessitez de la vie presente, de ne se point marier. Si vous épousez une femme, vous ne pechez point ; & si une fille se marie, elle ne peche pas aussi ; mais ces personnes sentiront dans la chair des afflictions & des maux. Or je voudrois vous les épargner. Le temps est court : & ainsi que ceux mémes qui ont des femmes, soient comme n’en ayant point. Pour moy je desire de vous voir dégagez des soins & des inquietudes. Celuy qui n’est point marié, s’occupe du soin des choses du Seigneur, & de ce qu’il doit faire pour plaire au Seigneur : Mais celuy qui est marié, s’occupe du son des choses du monde, & de ce qu’il dois faire pour plaire à sa femme, & ainsi il se trouve partagé & divsfé. Et ayant dit la Deme chose des personnes de l’autre sexe, il ajoûte : le vous dis cecy pour vous porter à ce qui est de plus saint & qui vous donne un moyenplus facile des attacher à Dieu sans distraction… Ansi celuy qui marie sa fille fait bien, mais celuy qui ne la mar point, fait encore mieux. le voudross, dit-il auparavant, que tous les hommes fufent en leffar où je fais moy-même, c’est à dire, qu’ils ne fussent point mariez. Mais chacun à son don particulier selon qu’il le ree de Dieu l’un d’une maiere, & l’autre d’une autre. Pour ce qui est de ceux qui ne font point maviez, & des veuves, te leur declare qu’il leur est bon, de demeurer en cet estat, comme j’y demeure moymém. Que s’ils sons trop foibles pour garder la continence qu’ils ferient : car il vaut mieux se marier que de bler. Les parens doivent de bonne heure enseigner ces maximes à leurs enfans, & tâcher de leur inspirer de l’amour pour cet estat Angelique, & les y porter méme, si Dieu les y appelle, en les élevant d’une maniere qui puisse les y disposer : autrement ils doivent les engager dans le Mariage selon les maximes que nous venons d’érablir. Comme la reformation des Chrectiens dépend de la bonne é ducation des enfans, aussi cette bonne éducation dépend de la sainteté des Mariages, & la sainteté des mariage, d’une jeunesse passé dans la crainte de Dieu & exempte de la corruption du siècle. On n’aura pas de peine à convenir que ceux qui ont eu ce bonheur, ont un trés-grand avantage au dessus des autres, pour élever saitement leurs Enfants.
Il est d’importance que les Parens qui ne font pas entrez dans le Mariage avec de saintes dispositions, reparent leur entrée par la penitence.
MAis si un Père & une Mère reconnoissent n’avoir pas vécu de la forte avant leat engagement, & n’estre pas entrez dans le Mariage. avec ces dispositions & dans cet esprit, l’unique chose qu’il leur reste à faire, est de pleurer leur malheur, de regreter du plus profond de leur cœur d’avoir ignoré si long-temps ces veritez, & d’entrer dans les sentimens d’une penitence sincere & veritable, pour demander à Dieu le pardon de la semerité avec laquelle ils le font engagez dans cet estat avec des dispositions si pea Chreſtiennes, & sans s’estre instruits des obligations qui y sont atra-chées : Car des parens qui ont vécu das un long ou bly de Dieu, font incapables de faire connoistre. Dieu à leurs enfans, & de leur apprendre les moyens d’aller à luy, s’ils ne reparent les égare messe passez par une parfaite conversion de cœur, par un changement sincere, & par une vie penitente. Sans cela toute la conduite qu’ils tiendroient sur leurs enfans, au lieu de leur estre utile, leur deviendroit tres pernicieuse. Qu’ils commence donc par bien vivre eux-mêmes, s’ils veulent apprendre à leurs enfans à bien vivre. qu’ils haiffent le mal, s’ils veulent leur en inspirer de la haine : qu’ils retournent à Dieu les premiers, s’ils veulent les y conduire : qu’ils détruisent en eux-mêmes le regne de la cupidité & de l’amour du monde, avant que de pretendre le détruire dans les autres : & qu’ils s’établissent dans la crainte de Dieu & dans la pieté, pour les y établir par leur exemple : Autrement ils se fatiguent en vain, ils travaillent inutilement : & en se perdant eux émes, its se rendione responsables an Ingement de Dieu de la perte de leurs enfans & de tous leurs domestiques Les Pères & Mères, généralement tous ceux qui font appellez de Dieu à élever & former les enfans dans la crainte de Dieu, & dans une vie conforme à celle de Iefus Christ nostre divin Maistre, doivent donc avant tout estre bien convaincus que pour le faire avec fruit, & d’une maniere qui tourne à leur propre bien, & au salut éternel des enfans, il faut avoir l’innocence du Baptéme ou l’avoir reparée par une vie vrayement penitente : ou que s’ils s’y trouvent engagez sans avoir jamais pensé à une chose si importante, ils doivent du moins commencer alors à rentrer dans les dispositions où ils auroient dû estre avant que de s’y engager.
XI. Le second moyen est de concevoir une haute idée de cette obligation de bien élever ses enfans.
LE second moyen d’y réussir, est d’avoir con eu une haute idée de cesse obligation d’éle ver des enfans pour le Ciel, & de leur apprendre à preferer les biens éternels à toutes les choses du monde. La plupart des parens n’en ont aucune idée,& leur ignorance sur ce point est prodigieuse. C’est là la cause la plus universelle de la damnation des Pères & des Mères. Saint Chrysostome assure que quand ils auroient de la vettu & de la pieté d’ailleurs, s’ils manquoient à ce devoir qui est le plus grand de tous, & sur lequel ils seront jugez, toute leur picté n’est qu’une vaine illusion, & toure leur vertu est fausse. Qui oseroit l’avancer, si Dieu méme qui parle dans le grand Apostre, ne le disoit ; Que si quelqu’un n’a pas foin des siens particulièrement de ceux de la maison, il renonce à la Foy, & qu’il est pire qu’un infidele ? Comment ceux qui negligent le salut de leurs ensans peuvent-ils ne pas trembler, lorsque la verité méme, qui parle aux hommes du plus haut des Cieux, leur assure qu’à son Ingement, qui pele chaque chose selon ce qu’elle est, ils font devant Dien comme s’ils avoient renoncé à la Foy, & méme qu’ils font pires que les infideles.
XII.
La plupart des Pères & des Mères ont un foin excessif du corps de leurs enfans, & ils en ont moins de leurs ames que de leurs chiens.
E n’est pas avoir foin de ses enfans, que de leur procurer toutes les choses nécessaires à l’entretien d’une vie de peu de jours, & de les laisser en même temps dans un danger évident de se perdre pour jamais, en perdant un temps qui doit durer une éternité. On à un extreme foin de leur corps, & en abandonnant la plus noble partie d’eux-mémes, on la laisse peut sans aucun scrupule ; & on ne considere pas qu’en agissant de la sorte, on met les enfans au rang des bestes qui n’ont point de raison. On a plus de foin d’un chien & d’un cheval, que de l’ame de son fils, ou de sa fille. Pendant qu’on les laisse petit par l’ignorance, l’aveuglement & le dereglement du vice, on ne manque à rien de ce qui est nécessaire pour l’entretien de ces animaux. N’est-ce pas là un étrange renversement de la Foy, & méme de la raison ; il vaudroit mieux estre le chien
de plusieurs, que d’estre leur enfant. Et cependant
cela n’empéche pas qu’on ne se pique de vertu &
de devotion ; on pretend méme n’estre pas des derniers
en ce point.
XIII.
Les Pères & Mères ne doivent point avoir d’autre vue sur leurs enfans, que d’en faire des habitans du Ciel.[modifier]
N Pere & une Mere ne doivent point avoir
d’autre vûe sur les enfans dont Dieu benira
leur Mariage, que de donner en leur personne
des enfans à l’Eglise, des membres à Iesus-Christ,
des heritiers à Dieu, des Temples vivans au St
Esprit, des habitans au Ciel, des compagnons
de bonheur & de gloire aux Anges & aux Saints
pour l’éternité. Ce doit estre là toute leur avarice,
de procurer à leurs enfans les richesses éternelles
de la vertu & de la sainteté, ce doit estre
toute leur ambition de les élever aux grãdeurs de
la Ierusalem celeste, & d’en faire des Saints &
des amis de Dieu. Point d’autres richesses, point
d’autre fortune, point de party que celuy-là. Tout
le reste leur doit paroistre de la boüe & au fumier,
selon la parole de Saint Paul ; ils leur doivent
inspirer un trés-grand mépris du monde, pour
l’Or & l’Argent, pour les biens perissables, &
pour les vanitez & les grandeurs de la Babilone
du Siécle.. Tout cela n’est pas un grain de sable,
selon la parole de l’Ecriture en comparaison de la pieté
d’un serviteur ou d’une servante de Dieu.
XIV.
Les Enfans ayant esté consacrez à Dieu par le Bapteme, n’appartiennent plus à leurs Parens, mais à Dieu, qui ne les leur remet entre les mains qu’afin qu’ils leur conservent le tresor de la grace qu’ils y ont receüe.[modifier]
Ls ont consacré leurs enfans à Dieu par le
Baptéme. On y a renoncé pour eux à Satan, au
peché, au monde, & à tout ce qui luy appartient, On leur a donné des pareins & mareines, afin de
répondre pour eux. C’est à cette condition qu’ils
ont esté lavez dans le sang de Iesus-Christ,
qu’ils ont esté par la vertu toute-puissante de sa
grace dégagez des liens du Demon, & purifiez
des soüillures du peché ; qu’ils ont esté sanctifiez
& revétus de l’innocence, qui les a rendus enfans
de Dieu. Ils ne sont plus à eux, c’est à Dieu qu’ils
appartiennent. Ils ont esté à eux, dans leur premiere
naissance qu’ils avoient tiré d’eux : mais en
méme temps ils estoient Enfans de la colere de Dieu,
Esclaves de Satan & du peché. Depuis que Dieu
leur a fait trouver par un effet de sa misericorde
infinie, une seconde naissance dans le sein de son
Eglise, & qu’il les a rendus les heritiers de son
Royaume & de sa gloire, il est juste qu’ils
appartiennent plus à Dieu & à l’Eglise leur seconde Mere,
qu’à leurs premiers parens. Il veut cependant les
leur remettre entre leurs mains, non pour les
faire devenir une seconde fois les enfans d’Eve,
en leur donnant encore la mort par le poison de
l’amour du siecle, que la prostituée de l’Apocalypse
presente à boire à tous les enfans ; mais pour
conserver soigneusement dans leurs cœurs le vin
precieux de la grace, qui les rend purs à ses yeux,
& méme pour la faire croistre en eux jusqu’au
jour qu’il luy plaira de les redemander.
XV.
Les Enfans sont des Vases qui contiennent les tresors du Ciel, & que les Peres & Meres ont en dépost pour en rendre un compte rigoureux. S’ils les laissent perdre, ou s’ils en veulent disposer selon leurs volontez particulieres, ils se perdent eux-mémes.
N doit donc conclure de là qu’un Pere &
une Mere ne peuvent regarder leurs enfans aprés le Baptême, que comme de trés-precieux
déposts que Dieu leur a mis entre les mains, dont
il leur demandera un compte trés exact. Ils ne
peuvent les negliger sans infidelité : ils ne
peuvent en disposer selon leurs volontez particulieres,
fans une injustice trés criminelle : & ils ne
peuvent les laisser perdre, sans perdre leur couronne &
leur recompense, & sans s’engager à estre jetté
dans les prisons éternelles, pour y recevoir la
juste punition de leur ingratitude. Ce font à la
verité des Vases de terre, pour user des termes de
Saint Paul, mais ce font des vases qui renferment
les tresors du Ciel, des perles & des diamans d’un
prix infiny. Loin de les dissiper, d’en ternir l’éclat,
ou de les exposer aux voleurs, il veut qu’ils
employent tout ce qu’ils ont de force, de pouvoir, &
d’industrie pour les multiplier, & les embellir,
afin de les luy rendre plus éclatans & plus purs,
qu’ils ne l’estoient quand ils les ont reçûs de sa
main. Le moins qu’ils peuvent faire, c’est de
craindre autant que leurs enfans ne se corrompent,
& perdent leur innocence par l’enchantement
du siecle, que les Dames du monde craignent de
perdre leurs pierreries, ou de salir leurs vains
ajustemens.
XVI.
Ce qui corrompt les Enfant vient du dedans ou du dehors. L’ennemy du dedans est la concupiscence. Ne pas laisser les Enfans à eux mémes, & veiller beaucoup sur eux.[modifier]
Ls doivent d’autant plus redoubler leurs soins
pour conserver ces tresors, que les vases qui
les contiennent sont fragiles, qu’il y a de voleurs
& d’ennemis qui les assiegent de toutes parts
pour les enlever. Il faut qu’ils sachent que ce qui
corrõpt l’innocence des Enfans, peut venir du
dedans ou du dehors. Souvent ces petites ames
Wt corrompues au de.dao» éTam q0*9 b CJ}F-€f. CQijCi tamoft Parh coieic ,k ictfennnicnt , & âa haine j «Aotwft par la ^unpan ou Punnu. rcté uactoft par la TapHt. l’orgueil J’ambi(iop/ o« lavari c. fie quelquefois par tantes ces pa rlons cnlcmblc- Le cocui de l‘homme eft une loar. ce féconde de routes (ortei de vices , tentes Ici inclination* tend.-ni au mal dé, ton enfance , & l cnnaincnt dans le piccipicc » Ij on n’en ar été je aoûts far une faiacc êlucaûô à.uoc diiciphnc ïa’ucaire. Ceue.penre que fan a au mai qui i’ap-pelle Cfirrapi/iJff.f , eft le plut grand le plus jncrcel «o.ûemy ded’homme. il eft tuât au dedans pl le porte par iottf.il eft une pastie ac J u y-néme, fit il eft preft i tont moment de luy faire des Wcl(urca profondes v s’il .ne le.lient _codeihiv 1 :c*iimc l«r fesf^ardes pour ne uy, lien pardonner Uuk enfant n’cft pas encore en eftat de rombactic , dç ▼ciller fur oy , ny même de reconnoiftre cet eu-
cxoel ; vl prend le» blrflares pour des carcHes , parce qu’elles eonftHcm à lui▼ re fou inclination , & accorder aux 1cm U à IA ^chair ce qo*ws demandent s* >1 o’Mponr re$le Je conduite que les iens ,9 ïoriqu’on le laiflc.a foy., t* qu’il n’cft porut re^lc pat »o« xauiwi *
.^ronduiie fupcûcuCC»
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XVII
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ÀMtuMth^mMne n **/&* 1** l M vend’. On bn»’ fi en Ifi M pon cw « "** ?" f"fut F" U
fictif.
pour Edttc. Ctor’fl’ de S Etfitnf,
27
Frfpric du fieele , «a même dans les dcCafdrcs *ifrülci & greffiers. Ils font incapable* d’élever leurs enfaas pour le Ciel, ilfaudroie pour cela qu’ils agi flent contre lests propres lumières 9c contre leur pente naturelle, Ih ignorées même t és- loaveor les maximes qui fcoleSpeuvent for mer la crainte de Dieu & la pieté dans leurs Eh* fans. Ou ils les kiflent à enx mêmes , & ne lesr donnent aucune éducation ; ou s’ils leur en donner : quelqu’une , ils ne les élèvent que dans le farte , la vanité, l’orgueil dt l’inrereii ; ils les forment lut heur modelé y ils leur donnent le caradere qu’ils veulent qu’ils ayentuo jour peur en faire les vi ctimes de leurs prétentions routes profane» ? & les Sacrifier à l’idole du monde* On veillera fur leur maintien, lue leur contenance , leur air,lcaf Manière, leur allure ; mais on ne vciJle point 1er leurs inclinations ny tur leur conduite par raporc à Dieu & à fa Loy Oij observera l’ilsfçavçnt bien mclurcc leurs pas, mais ton ù leurs demarcho font melurées fur l’Evaneilé , s’ils marchent droit dans la voye du Ciel. On s’appliquera à voir s’ils fçavent f.ire la’rcverence, s’ils feront bien le com pliment , s’il*parlent de bonne grare ;raais jamais on n’examine s’ils-fç*» vent rendre aaCreaceur l’a do rât ion de les bornages qu’il denâ le de (a prearure,
- ih fçavent luy parler dans la finccrittdu coeur,Gr
avée pieté & humilité dans la wrrerc, s’i-s fçavené (Astler ce langage chrétien qui édifié,& qu’mvChrà» tic eft oblige de parler indépeodernert des loix da« monde. On confidere* s’ils feront habiles à fc enarrefaite , i di£muler leurs fenrirreni , i gagoer le monde , & às’infinner dans les bonnes grâce* des Grand» ; & ea même-temps on femet peu ea peine s’ils feront habiles à démêler les piégés, lea artifices & les tromperies du ficelé & du démon B en cft le prince ; lies éviter par une fageffe >8
JDrv. Z*/ Purent & A(t Afjtijïrcs
éclairée, mais accompagnée d’une pa.Uitc plici :é j à vaincre le monde, en rc Citant à fes ai*» train ; à p.a ire â Dieu par la pureté du <ocur , & s’iritinuer dans les bonnes gra. es par la conformi* té de leur Volonté à toutes les volontcz adoiablcSII eft vtay qt il leur faut apprendre cette civilité Cbrefticunc qui cft fondée fur la charité 3c l’ha-* milité,
qui n’cfl poioc piéjudiciablc à la par ta > te fiaccnté , au defintcxclfcinenc, & à la liberté gencreufe des enfans de Dieu : mats jamais cette civilité baffe qui gâte Pcfpric & corrompt ce cœur, donc cour l’air cod lifte a difTimu.ee, à complaire au monde en coûtes choies pour le gagner,3c iiu< ▼enter mille détours pour arriver à cette fortune & : eecte grandeur doue on fait une idole. Si la civil i ré □‘à la venu pour fondement, pour principe, & pour fini fi elle n’a pour motif de ne la pas ren dre odieufe , mais aimable, de ne pas éloigner les âmes de Dieu, mais les conduire à luy, 3c de les gagner pour le Ciel, elle n’efl qu’au mafquc 3c < un dégui fem cru conunuc I,& ua continuel men ton gc de parole&d’aâion. S’il y ena quelqu’un qai n’aie pas ces talc ns engageant d’une civilité toute profane, qui font pernicieux & mortels à un fi grand nombre, 3c dont il y en à fi peu qui en paille bien ufer , il en faut faire, dic-on, un Re ligieux, pour décharger la famille,ou bien il faut le donner à TEghfe,on aura dans la famille un Bénéficier, un Abbé, au moins il fervira de quelqae chofe , il gratina les revenus. Et eofuite de cela on voir dans les Moiuflcrcs d’hommes ou de filles quantité de gens fans vocation , qui y font comme dans un enfer, parce qu’ils ont bien voulu . recevoir les ordures 3c les balieures de ces Mai fons,
- en devenir comme les malheuteufes fentines.
On içait aücz les fàchcufcs fuites qui en ai ci venu
»
tfcrrf. ’des Twfw-i
îf
XV.1H JWaux<jxi frit les fritté .> * dT/pr^r*^ rftaf* Aîs ce qui devrait eftre pleuré avec des lar mes de fang »qd voir le revenu de CEglilc ?», le patrimoine du Crucifix , le prix avec lequeLles fideles ont racheté leurs anaei deda fer virude dn pec hé ; en un mot » la (ubftaixe des pauvres t de venir la matière du luxe , du farte de -de la var.ic£ des hommes , fervir à la mai elle & aux délices dune multitude de gens fans employât fans oc cupation , fournir aux d-penfesdu jeu & du d^vertiflement : ou enfin, en <o fait le patrimoine d’une famille que l’on relevc, ou que Ton cire de lapoufàcre où elle avoir toujours cfté. Oq voie les charges do J’Eglifeufurpées par des g cru qui n’y cherchent que la gloire ouïe profit, (ans avoir aucun de.Tcin d en remplit les devoirs ; ou qui ne s’en acquitte qued une maniéré qui n’a que le monde pour principe., & qui ne refpire que vanité & oftcQtation. On voit lésâmes abandon nées en pToye à des voleurs & à,des loups , ou à des meteenarres , qui les laiflent égorger fans fc mettre eh peine que de le repaiftrç Oq voit en fin tout le peuple feandalifé par la marvaife coo- * dnitede ceux que l’on aainfi devez fur Je chan» délier fans antre vexation que celle de la cupidité^ où au lieu d’eftre des Lampej ardentes (milme jettent qu’une fumée puante qui je*/ pand de routes pires » non la bonut odeur dt IcCnjÇhriiV, mais Codeur empoifonntc moxidaipci,^
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CT de ? Mtiftret
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Les £nfAns non élevez ne (i portent (jxauijice- . rSdncation humaine les porte vers le monde ? & à une vert* toute pAycnnc. Ous ces maux & une infinite d’autres dont je ne parle point > ne viennent que de la manière toute profane dont les parens élevent leurs enfauSces petites aines prennent toutes les trop ce fiions qu’on leur donne , a’eftant pas encore capables de discernement, ny de con duite. Les cnrans ne fuirent que ce qu’ils voyent, CC qu’ila entendent, ce qui touche leurs fens , ce qui leur donne du phifir j ce qu’ils trouvent au dedans d’eux ; êc c’eft ce qui les fait tôbcr infalliblcment dans le libertinage , dans la débauché, & dans l’impureté , «Sc les autres p a (lions grofCereS ; par ce que la concupifccncc êc 1 âge les y portent . lorfqu’po les abandonne à leur volonté. Et fi par une élucation réglée on employé les fui tes de (es déreglemcns , on ne fait autre chofe que de (aire changer d’objet à li concupiscence , qui au lieu de tendre vers une v-ie dcreglée , Ce tour ne vers le monde plus fin & pins déguifé ; ce que l’ou veut faire pafler pour une vertu plus fage, Idus ptudentc 3c plus polie ; mais qui, telon a vérité , eft d’autant plus abominable aux yeux de Dicu^qu’cUc a plus d éclat aux y eux des hom mes.
T
XX.
éducation Chrejliennt preferve la je unefi de l’un & l’autre decet écueils. Il faut oltferver de loin les inclinations des enfans. Artifice du demon pour les corrom pre. .
Z4
A feule éducation Chïeftienae , qu‘u« bot Pctc Ce une boaac Met* douucut à leur»
L
ptur l’Edue. Chrejt. dti Enfant.
3 r
cafans, les prclcrvc ordinairement de l’une U de l’autre de ces deux extremicez » & peut ancftet les aifauts 3c les attaques de cet cnnemy domeftique qui les accompagne par tour. Et ceux qui veuent les défendre contre fes blcdures, ne fçaaroienc trop s’appliquer à veiller continuel lement lur eux , en obfcrvant de p ét routes leurs iaclinatious, ’eurs paflioos, leurs ^êm’rchcs.» afia de reformer tour ce qu’ils y aperçoivent de déré glé , & ^equi pourrait meme Ivug-ternps apres les acheminer vers îc vice , oa vers le monde, quoyquc ce ne fût que peux peu Sl inlcnûblcment. Car pourvu que l’enocmy les corrompe de s’acquicrrc un empire lur eux t il fc met peu en peine que ce loir pluftoft ou p luttard : fie il y. rciiifit meme louvcnt mieux en ne s’avançant que par un progrez infenfible , que s’il vouloit préci piter leur chute. Il luy fuÆt de voir de loin dans un enfant quelque (cmcnce de mort, qui luy fait efperer de l’avoir un jour, en prenant fes icps & les mcfurcs félon les ouvertures qu’il luy don nera : il ne laiffc pas cependant de laitier beau coup de reglement & de modeftie extérieure dans cet enfant , fie de le lailler vivre en paix ,afin d’endormir , pour aiafi dire, des parens direAient . & de le faire tomber par de petites avan ces dans le piege qu’il luy tend enlecrct. C’cft puurquoy un Pere fie une Mere doivent oppofer à eeae p ru dm ce fie à ces artifices diaboliques,, la prudence du ferpent , t pour prévoir de loin, les chutes fie les dangers oïl leurs Enfant-, pourroienc eftrc engagez un jour par quel qu’une de leurs inclinations , ou par quelque lenlimenc qui ne (croit pas conforme aux maximes de l’Evangile : comme leroit une pente au jeu,. & aux divers ili emens du fieele , a voir le monde.. à pargiftre , à vivre dans les délices fit dans l*oi4 ÜVsUa i J*4«
k 4ci ajuftcmcM, À
5 2 DèV. des Tifins & des AfaijTres ’ cftre riche »à mep/iler les p.idvres & les perforas • affligées comme des gens ma Iheureox ji cfbnict les Riches <5û les Grands comme des gens hrurcurj à donner d’un autre coftc îegeremen : & pat foibkJe dans les dévotions apparenres St mal :c- glées on préjudiciables au devoir rSenticl 3c principal, aimrdu refte. Et lorlquill ont remar que cd eux quelque choie de fetnblablejls doivët appliquer tout l’art d’une lagefleChreftienne,fer me, charitable & pleine de douceur à ruiner peu i à peu en eux ces petits commencemens du règne de la cupidité , qui croift toujours fit fe fortifie de plus en plus iorlq<on la négligé ; à établir far les ruines la règle de la charité, dans laquelle il eft important qu’un Cbieftien foit/on^c è» enraetni de bonne-heure , pour le preferver de la corruption du fiecle. ■
XXL’
Des ennemis du dehors. Les premiers font les malins e/prits^. Ais le mal vienr fourent des ennemis du . dehors, qui fe joignent â ceux dont nous venons de parler. ( ’éft suffi ce qoi demande leurs (oins & leut application. Ces ennemis lune Ici effrits de malice 9 que iaint Paul dit eftrr mpandn dnns l’air , qui veillent tau& reffe à la perte des bommes,& qui en veulent particulièrement à l’innocence eacore tendre de ces petites anirs , Crachant que ft dciecrige ils les peuvent fa re tomber dans leurs filets, !! leur fera difficile dé ja mais s en dégager , félon ce que dit l’Ecriture, y* *n enfdnt r+nttntic ordinairement de Vivre jnfâ U fin de fa maniéré qu’il a remmenée de Vivrt en fa jeune[Je. Mais ces efprirs artificieux ne fc rendent pas viCbfes > dans le deffeio qu’ils ont JCI co^d«j & d’étciudre eu eux la piété
M
«AiUaiifc^çonxnjc Herode qui vouhurt faite
idoih
pwt Edre. Chrejf.dts Enfant.
yJ
lie l*£nfant Issus, fie au U hoiaoie c^rua^a 4e uns d’Enfans.
XXIL Lesfccends font les autres enfant, /et jeunes fait tous ceux de Cun & de l’autre fexe, dent le démon fe fert pour les détourner du bien & les porter au mal». /*** Es meurtriers des amcsfc cachent dans Ici sacrer en fans dont ils font déjà rnaiûrcs. Ils fc fer vent déjeunes hommes, de jeunes filles , de perfonnes plus avancées en âge, de tout lexe , de toute condition , comme de luppoft & de mini* Ares de leurs defleins. Ils leur in ip irent de les por. ter au mal ou par leurs difeours, ou par leurs mauvais exemples. Les laquais, les valets 3c les fer vantes, font les plus dangereux de ccs fuppofts du démon : & cornac ils font ordinairement très peu Chreftiens , pour ne lieu dire de plus , parla faute des chefs de famille , les enfans ne peuvent avoir de liaifon 6c de familiarité avec eux y trouver la perce de leurs anses, & y apprendre Couvent des vices qu’ils ne quittent jamais. La pluÉpart des enfans cfiant ttcs mal efevez , s’ap*» prennent ks 41DS aux autres mille moyens de faire le mal : un fcul qui cft corrompu , efi capable de de perdre cousccuxd’un quartier. C’cft un piege que le demon tend aux plus innocent, 3c qui luy rcu/Ec le plus fouvenc. C’cft ce que les parcos doi vent fans comparai fa a plus craindre , que les Mères des laaocens^ ne craignoicnc l’épée d’Hcrode. Ceux-cy. font d’autant plus dangereux, qu’ils font mourir les âmes cidres par les carcffcs , par le plaifir , par le jeu fie le divertilTemcnt , eu fin par raille actrairs qui charme le coeur par les fens, & qui répondent aux inclinations : C’tft pourquoy a moins que ceux qui font chargez du foia duenfanb n’a peut beaucoup de vigilance ôc J|
Dtv- des Purins & des Maigres
de arçon pcciion , poar te »c h tuU)Ou > en Cca tinclle , 3c pour avoir fans ceftc l’«il lur leur» enfin» , ih t ut laifle’ront enlever k treiur ac rioooccocc, eei petites âmes cher es de Die», de viendront es vidimcs de la foicur du dcir.on (•DUC 1 i 1 u t>* C H 1 H X.
xx i ir
Afalhett des Parens qw laiffent perdre leurs e fans. Leur unique affaire efl de les pre* fer ver du mal> & de les porter à Dieu. S’ils la négligent, tonte la dévotion qu’ils pourraient avoir d'ailleurs > leur eft inutile. h pendant no Pète fit u&e Merc doivent cftre per uadez que la perte de toutes le ? ricl.elles du monde n‘cft pas comparable à celle-là : qu’il vaudroit mieux paui eux fe voir redu ci à mand :rr lear pain, & a la dernier e titre mi é, que de hifTcr corrompre par quelque vice que ce loir ou charnel,ou piriruel, l’innocence d’un de leurs enfaut ; &. que h faute d’avoir veiî é kir leur con* duicc & d’avoir travaillé fe*i< utero en t à le» réta blit dans la crainte de L ieu , & les y aftermir , i l ne luy remettent pas au dernier jour entre les mai^s leurs âmes pures fie fans tache, la leur pro* pre en répondra, St feu livrée pour celles qu’il auronrpeedut’rpar lem ncghgencCjtrouvatH far leurs comptes cou iJ ex detordr es de leurs encans. Autf ? l’ttQicpic affaire dr$ Parenreft celle-J a toutes kurs penfee*, le ü’s defîéins, leurs paroles, ’euis afttonr fie leurs ocrupatrons ne doivent avoir pour bue que de fojtncr l’amoar de Dim fie le mépris du monde dans ic coeur deleur» en fans , fit de les é-’ lorgner du vice , togenetalcmenc de tout ce qui le* peut corrompre. Toutes leurs entreprifei fie leurs dcilcins doivent té terminer à cela , tant de de dévotion qu’il leur plaira .mais s’ils ntgli&ÇRt*’
G
peur i’Sduc. Cbrrjî. tlti f’-fnu. SHte «ihmc , pvur aq«c. :C ülcu
lait rata
Bit fc fatiguent inuii-eincur, & toute» cuit prb es ne fc terminer une qu’l une laoît.fcteine’Je Tout C : qui a elle dit jalqu s uy du ltcuni M(.y u, icivna à faire connotftîc /importance de cciic obligation : idi.scc r.e le toi et* t eocoie eue beaux projets, â un ncpuâoit au t<oifiêsne Moyeu. XX I J.
tro ficme Moyentfi /iafhMirt iis l’cnf™* ce. Lu Eufjuis iwi Autant CAptblcs d prendre le hen iw tti *ge9 que d’Apprcn~ . dre U MaL Jl Ttoiriéme moyen de procurer que les en fant demeure dans a lair.tcié qai leur aeûc cunimumquèc au Baptême , cA de les taftiuire des maximes de noftrc Uiaie Rcjigiuu, de de aura* Biciicet i Je» leur rn’ptrcr dis qu’l»» fça»cnt pre« •Aoucer quelque» paiolcs. Si dé» cet âge Je»eütans font capable» Rapprendre des fottaici & de» fornettes » comme ©□ le von par expérience dans la » Ufart des famille» ,od les Pères & Mc.es t le-a 1er eueai s êt toutes lorres Je perfciqr.es * abufaot de ûn->occn<e le de la (implicite agrraole de ces petitesamci v prennent oq malheureux p’aifir à Imr faire dite des choies dont ils reodiunr un terBible compte au louverain juge. Ne peur-oq pas
- auBi facilement At avec bien pins a’oannecr St
d’urrliti , leur appieodic de bonnes choies , pouf jettex dau» ces terres teadres des ienicoce» de ver tu qui pio JuHoiect leur fruit dans le temps ? Les enfau» a eet âge lonr incapables de loin Ar de pré ceptes.» n’ayant pas encore j’uage de îcur liberté de de leur raiion ; il rft vxay. .Mais au/fi as faut-il.pas attendre Tnla^e de la laiton poui les difpolcc au bien , puisqu’on ue l’attend pas pour lrj dilpolcr au mai On ne jette pas une tcncnca fans û icxjx Ju qu’cite piuaûuc muonuocci
L
17
loo fcuit
qti J en ioiteçn un moment du
bled tout formé , ou un libre ; & h lcrrc ne Rfo< «i.jHQit n/ i mi ny l’autre, fi elle c’en a voit reçu la fcmenec dé> es temps mêmes qu*d !e ne pouvoir pas en produire les fruits. Un enfant cft une tette qui reçoit la (emence de la vertu, la feroecce de Ja fie éternel e. Le terris d*c«i produire les fruits tft I ufage de rai ! on : c’cft alors fans doute qu’il porte les premiers fruits , bons ou mauvais eo fe portant au bien,ou au mal. Il es fera infaiLibîcment de coufotrr.es à la femence qu’il aura reçu ? auparavanct fir nonàeeJe qu’il n’aura point entore reçue. S’il trouve dans (on etpiic ’& dans fa mémoire des idées & des maximes corrompues, ils les luivra : s’il y trouve des idées & des maxi* mes Cfircftiennes
elle le preferveront de
la corruption avec le fecours de Dieu : S’il n’en Trouve ny bonnes ny mauvaifes^equi paroît impotfîblc t il 1era entraîné par la conçu* pifeenee fit par l*impretâon des chofes fenfib es, 4c Ion ame demeurera toute p !5gée dans les fens, cfime avant l’gfage de rai for ; ce qui ne peut p us cftre indiffèrent, ny innocent, depuis que la raiffi doit agir & avoir fempite. Il clb doue de trop grande importance de ne leur apprendre rien de <nauvd$,fic meme de leur apprendre quelque cho fr de bon fit de falacaire fi tort qü*i :s ont iWage de la parole , pour ne pas dire avatn même qu’l s puiflent parler. Pourquoy , par exemple , ne leur pas faire prononcer en bégayant le Nom de E)ieu , le de la (airi te Trinité , le Nom adorable de J a s u s , les noms des Saints » le particn’ierement de la lainte Vierge ; Saint Jcrône écri vant à Laera , veut que Tes mon qui fervnooti dénouer la angue de fa fi’le, fie à luy apprendre a prononcer, (oient les noms des Apoft’CSjdesI ro* •hetc< fit dcsPatnarches* les noms qui compo
sât la Généalogie de Nbrce^eigncoi, rapp°J*
cet
fn<r f Educ. Chrejf. des Enfans, cée dans Saint Mathieu & (tint Luc. A fin,dit. il** ejüc s’en fermant pour nn autre ufage , elle ** rem pille fa mémoire des chofcs dont elle doit<c un jour fe fou ve air. U’.uy eonfeillc de luy faire** apprendre par c«ur le Pfauticr » des Livre» de Salomon , l’Evangile, les a&es des Apôtres, leurs f pitres, & tout le refte de l’Ecriture de fuite, Il donne le même avis à Gaudcnce pour l’/hïUttâion de fa fille , & il veut qu’il luy fafle apprendreunt partie de ces Livre» depuü l’â^e de lepe eus ju’qu’à doute,
xxr.
’Maniéré d’infruirq les enfans des lebastyn & quelles deefis on leur doit apprendre. UN Pere k uneMere fai gn eux pouroient les plus cendres années apprendre à leurs cufaos Ici noms des vertus Chrccieoees/cur en par* lanc comme des choses aimables & piccicufes ; 6c les noms ces vices, lear en parlant av«c horreur, afin Jeteur if (pires dés le commencement Sc lorf•quelcs objets tant des impreffon» profondes Ce in effaçables dans les âmes rendrc5,quei’amour de la vertu , k la haine du vice. Pouiquoi rc leur pat parler da bon Leur de ceux qui art bien técujkdu malheur des méchant, en leur expliquant,autant ^u’il ? en font capab’es , ce que c’eft que de bien vivre , k d’éftre méchant, Poutqnoy, ne leur pal parler du Paradis comme de noftre patrie ; 1e dei’Ejfer comme d’un Heu £e apifces, de la mort donc le moment eft incertain ; lu ju^emetr, où* l’on doit rendre contre de tou»-& de la vie qui Je doit fuivre, afin de leur onftcr de bonne heure •cette idée que cette vie qae Bon mené ftr Fa terre •fi peu de chof«,<^j’on en doit faire peu d’eur, 3c de roui les faux biens que l’on y peut poffeder ; Ce tout le foin a<u Chrcftica doit dVe de .’een-
• D
JJ » WïWff Stfjet. crc S. •••ne Mere ne doivent pas man • curr à bien faite eonnoiftre Jefos-Chrift a leuî s enfans , dén qu ils peuvent rnccndrc ce qu’on îcui de. Ils doivent leur ^prendre avec loin tour ce qu’il a foutfère pour noftre falut : que s’ils ont eu le bonheur de devenir les enfans de Dieu & : de (on Eglife au Batéme , çj été par la grâce de ce divin Sauveur , qui leur a méritée par fa Most, & que fans eela nous étions tous perdus.il prut cftre utile de leur répéter louveot quêtant Dieu il a voulu devenir enfant comme eux , pour Jes faire devenir fes heres & leurs Sr enfans de Dieu ; & en même rems pou ? aprendre à tous les enfans la manière dont i s doivent vivre , s’ils veulent aller au Ciel, & Je voir face à face : eue
U
modefte , (âge, humble , cbéïiïaBt, tournis a ton Pere H à l’a Mere ; qu’il 1er honoroit & rcfpeiftoit, qu’il n’avoit point de menfonge , ny de mauvais dilconn dao* la bouche, qu’il n’en écou• nit nome , qu’il ne hactoit point les petit ! liber+ •
ptwr l’Edite.Chttft. det Enfant. de crav-ilicr lans pc.dic déteins, fit qu’il faifoie «et allions les pius baffes du ménage ; com me de fervir fon i cic fie la Mère , de leur pré parer à manger > de travailler à la boutique de faine de Joleph i qu’en fin on ne le voyoït jamais oifif fie (ansoccupation : qu’il a lois *ux ictcsau Temple avec Tes païens, quuy qu’il veut beau coup de chemin à faire ; qu’on l’y voyou dans une modeftie & dam un ic.pccf qui faifoit vor atout le monde que Le ctoit fa pie c On peut leur aiie cncoie p ufiruis autres choies icmbia* be^pour Je-rnjpitcr lan.oui de i’Eolant Je’us, fi-’ les porter ai fi à imiter ce divin modèle de cous les ccfans» XX I T
-D« meme frfa** îL eft même d’importance de leur aprendre 1« ■plutôt que l’un peut, qu’ayant pu citie riche, & uaiftrc <ie parent puil.Àiis, puisqu’il croit le Créateur de toutes choies,il a choifi de caiftre de patens pauvres & de ü baffr condition, que Saïuc Joteph croit Charpentier, qu’il cû né dans une é^bk , qu’il a efti couché fur la paille au milieu ucs animaux , qu’il a voulu cftrc pauvre toute fa vie # & mourir encore <Une une pauvreté plut grande fur un gibet infâme au milieu de deux voleurs, comme s’il eue cftê le plus méchant hoir.me do monde,quoy qu’il fuc Wainteté meme ; qu’il s cil abaifféàces états, & qu’ l cft mort de la forte, uniquement parce qu’il l’a voulu , par un effer de fa mikricorde, &■ pour nous racheter du pèche «3c de la mo(C éternelle ; qu’outre le peche originel que noua avions reçu de nos premiers païens , Je qui noua avoir tout cnvelopcz dans la même mafle de perdition , nous nous fêtions nous memes enga»gei dc pus en plus daas d’autics qui uquj
I
Dz
Dev. des ’Parens & des-Maiftres
roieot fait pcrir fans «Source , s’il n’aroit bien voulu donner fa vie & fai (ang pour neus eu mériter le pardon , k la grâce de pemtencc. XXViH.
ZJtillté que les enfans retirent de ces inftrstfliens. Les parens doivent avoir de bons lin. TT.N PCfÇ ic une Mere foigneux de leur falut & de ccluy de fa famille 3 fit oui auroieuc foin de l’inftrairc esx-mémet de cea vetitis, ta pouroient remplir de bonne heure l’efpnt de jenrs enfans comme en les divcrrifîaot, & fans les gêner. A mefare qu’on les inftriiii leur efprit fe forme, & devient capable des plut importan tes vérités Ils les retiennent du hio di par caeur> & en «ü âge pics avance ils trouveront ces luanieres fie ces connoiffancçi daos leur mémoire, ils les coropccodront , elles feront autant de fcxncQces qui y produiront les fruits de la pieté fie de la crainte de Dieu. S’il fçavcnt lire ils peu vent avoir quelques bons Livres, fie particulier** ment un nouveau Teftameot, nne Imitation d* Jcfus-Chtift, anc Jlnftruâion lur la Praircue*, une Hiftoirc de la Bible , les Heures de Moofleur le Tourneur, l’Hiftoire de la Vie de No tre Seigneur par le mime Auteur , & quclqaee autres (emblables, fie en lire tous es pour
y apprendre eux-memes les devoirs d’une amc Chrétienne, pour y conformer leurs affilions, leur vie & leur conduite, & cnluice infimité leurs enfans, à mcfuxr qu’i’l croîtront, de ce qui •eft Dcccflaire pour leur fasi&ificaüon , fie de ce qui leur eft proportionne
XXIX.
’.Maximes fondamentales de l’Evangile qx’il fimi perfunder fouvenr aux en^ns* Z^ûtnme le faiot Evangile concient 1« reg’es fjs^iflfaillibles que lefus-Cbxift nous a proterres peur i Educ. Chreft. dcj Enfans.. 4i
pour bicu vivre, & iur lciqucLcs nous ferons jugez au dernier jour, ils doivent avoir grand foin de leur aprcndie & de leur en répéter l au vent les faintei maximes. Par exemple , que lit pauvres 9 qui le font defprtt & de ^ceur, font bitxhwretsx > pArce que le Royaume dsi Cul ijt à «ma a & qu’au contraire les riches font vsaitoeKroHX 9 parce qu’ils ne manquent de rien, & quels ont faute leur con/olaticn fur la terre : que ceux qui pleurent leurs pcchez , qw forfirent quelque chofc pour l’amour de Dieu , /ont bien-heureux • fie qu’au contraire ceux ià font mal houseux que paffini leur vie dans les ne > dans la joye , dans les vains, diverriflemtirs & les p’aifns : qu’il faut aimer Diiu de tout jen caur, de toute [on arxc » de toute [h ptnfets t Ô* de toutes fos forces : K qifil ne faut point Aimer le monde , «j b ; chofcs du m«a* «G qu il faut aimer fort prochain comme /oy-mime^ & meme fes plus grands ennemis j qu il Jantprier pour eux &le»r faeredu bitnt no faut jatrsajsfaire à fer/onne ce que nous ne voudrions pas qu on note fifl> & qu’il faut faire aux Autres tout Je bien que nous vendrions que les Autres nous jSÿê»/qu’il faxt renonctr a l’amour de roue ce qu on peur pofieder U d<Cret fur la terre, pour ne dc&rct que le Ciel : qu’tl faut porter fa croix ions les jourl de/avie, & /M/*vre Jc us-Chrift >en vivant Gam me luy poux avoir parc un jour a fa gloire ; Que tous ceux qui ne font pas ptmiencc» périront j 4c qu’L faut par confcqucnt fc refeudre à erre éter nel ement perdu, fi on n’aime amener une yia «de travail, d’bumilitc & de pénitente»
X X X.
M pas permettre que les enfant entendent àe :
entretient contraires a ces feintes maximes. N ne lauioit exprimer le bien qu’uu Vexe êt une Mere procureront à leurs enfanseq leux
O
des P arent & des Mjiftres
apprenant ce9 faiacci maxime» de* leurs plui ten-. dtes aoaccs.de en les leac expliquant (auront avec, amour & avec douceur. Mais uu de leurs plue, grands foins doit eftre de prendre garde qu’ils ne frequentent pas des gens qui leur en apprennent de contraires À celles-là. C«r 1rs *4j*v*h C4rvtlient ctWNptnc les bani<$ f^X4r ;fdit i’Apoftre. Il ne faut point (ouff.ir, pat exemple , que les enfans tirent & concertent avec des gens qui. louent devant eux le* vannez, le* neheffe* , les grandeurs du monde , ceux qui fane fournie, qui s’enrichillenr, & qui Le pouiienl, ny les feftinsde la bonne chere , ny le jeu , ny la Jan'e > ny les divertidémens, ny ceux qui fçavent le vanger, & . qui ne (ont pas gens à le laitier faire un afFrontt ou une injure,oy généralement ce qui eft vicieux & déreg i , ou ce qui appartient au monde Sc a fes damnables couûu.nes ou nuximes. 11 ne tant pas non plus > fi cela le peut , qu‘ii* entendent blâ net la vertu 9 ny les perlonnes vettueu es > ny lien de ce qui a rapport au Service de Dieu , ou a fa para c ; ou qu’i’s apprencat dans leur enfance** rien de ce qu’il leur faudra oublier an joie f< pour fe fanihfie : x fc’on a parole de faiot <c ie. ô ne Car i cftixea Lffi l’c , ajoure ce (aiot c< Jodeur, d’efFiCer les impr (Gm qa’ooapri-** fes dans les premières anne.-s de la vie. XXXI.
Veiller beaucoup uM qtilf n’entendent pas
— des d[cours qui puiffent lonner atteinte d leur cbajletc**
"J ’ianl ho q ne de n »£re ficelé-ne vou* ne pas mi-uz permerere qi’on louât la les femmes ou des fi es en prefencc des ga ç ins , ny par conlequenc • ea jeuies hnm.n-f biecfàits
prefeace les fi es. Et aduremenc ce <raad humme, iopc a pute cceîc auifi foâUc K pw t’ Educ Chrsfl, des Ehfau.’
I
éfü :rçc, quefoa clprir école ure & cicvc, ncfc trompait pas : «fie fi les Teres & les Merci içivcq ?> ce que c’cft que la putccé te a. chaftctt : , Ôc quillefQlx finie it Pheromt xu enx . dit fon enfance , le feui témoignage de leur contciencc les portera à. prendre cette précaution pour conferveri kart enfans pure & inviolab c cette innocence ri fi nale qui cl la mere de toutes les vertus. Ces dit cours forment facilement dans les cœurs rendirs. des affrétions humaines, qui à U fia fe peuvent, terminer à un amour déréglé. I s leur font venir du moins uadefir de lézarder ceux qu’on lotie , de rechercher leur converiarion & leurimiric, ce qui aPuine peuà peu let flinjm-J de l’impureté*, il n’y a rien uc p as dé icat, ry de pius facile à Aetrir & à perdre que la chaftc’é dans ces pus petits cofans-mcaies. Il ue faut pour ce a qu’une paro’e, un regard , ta v&J d*unc petite liberté* Une penfee un peu contraire i l’honnéteté 9 eft uneéûnce e qui tombant dans l’amc d’an enfant-, ya lume leuvent des incendies que rien ae peut éteindre. C’eft en ce point qu’un Pcrc fit une Merc doivent redoub e< leur vi-i ance fur kart enfans de l’no & de î’antrefexe, afin de ne xs peidre prefqoe jamsu.de vue., & ce point 1er expo Ce r aux iraics enfiamez lu nu m clput- S’il arrive , que ’e» enfai.s entendent de (emb.ables dt’cours , es parens doivcrc le p’uftot qu’ils peur vent en effacer ies imprciÜ^ns, en eur en eigtunt des maximes contraires, en b âm-nt en Icirt prelence ce que es autre* ont loué, ou louant ce qu’ils ont bi.ré, la »• que es enfaus *’*ppcccoivent, h ce a le peut, qu’an c fairixp é* , h ce n’eft qu’i s n padeut eux-mé n-s Is n’eft pas ce cfiarre up.éi ce a d’avertir qu’n oc leur fans j «-nais permettir d’être en a compagnie de ceux ou ïe, ceix* qui /ont dans la , bouche que det p<ioie> mes or dohonnetes 9 jo à doub.es fcnir
- 4 -
Dev. des 7arens & des Afaijfres
duDt les entretiens f me tout corrompus , qui font fujetsà k medifanu, au menfonge aux jujetnens, aux bouffjnnciies, aux railtnes , aux qucie 1rs , auxdifpuces, & autres chofcs f ;nib,abks. Tout cc-a cft trop gro/ïiet, pour que des Païens qui craignent Dieu, n’en é oignent pas !cim< enfans & ne leur en infpircnc pas une Loueur extreme. Il ne faut qtfui. moment roui cffaccr du . œur de ces petites creatores toutes ici bonnes impiçflions 5[uc leurs i-iftruJ/w* y auroie t peu faire ci ; p tr ieurs années 5 s’iis n avoïent pas loin c’cloigucr d’eux tous ces difeours. XXXII.
Le quatrième Moyen efi le bon exemple de : Parens. Ne rien faire devant les enfans quib ne pmjfent imiter fans péché. toutes ’es inftrnâions de paro’cs, 3c routes ces prérau-ions terviront de peu, fi elles ne tonc fcûtenucs par leurs aôions 3c par toute la conduite de leur vie Le bon exemple cft une puiftance infiru^tion, qui rend les paroles penetrantes & touces de feu, fc fans lequel tous Jes ditcours de pieté iom muets & languiAant. Les Parens doivent donc avoir pour maxime^ que ce feroit un très grand crime de tcnvciîer pat leurs actions ce qu i s éiifieroient par leurs • paroles, en donnant mauvais exemple àlcurs enfans j 6c de les entraîner dans le vice par leur conduite pets Chictiennc > lorfqu’ils cmplofcroient les paro.es pour les en éioigucr : Que jamais isnc doivenrVaire devanc,eux comme diterf faine. Jérôme , ce qu’ils ne pourvoient imiter et fans péché , & que les enfans ne doivert tien c voir eu leur conduite qui les puiffe porter auc< mal. Les enfans ayant du refpcél pour leuis Parens, ils ne (e porteront pas a condamner leurs aâions : & comme ils oe Loue pas capables de aïs
M
/ ^wr l9&.luc. Ckrejf. des ënfans. 4^ ohoifir dans leuis pcrionwes ce qa’ils y doivent honnorer » ioovent ils aiment fc ils eftimcot 1er vices mêmes qai font en eux > ft éponfenr fa<i-* lemenc leurs feminiens 1rs plus dangereux Tout<c ac qu’au enfant peut faire dans un âge h foible ,c fc ü tendre , dit Saint Augufliu , c’cftdccon- " fidercr fes parens > & défaire aveuglement ce<c qu’il leur voit pratiquer. De forte qu : la cor- “ ruption qui regoe dam le monde , ne vient que dru mauvais exemple que les païens donnent à leurs enfans.
XXX l II.
Jl fantre ’peliïcr la prefence de fis enfans tfr ejlre devant eux dans une grande retenue^ N eafait qui voit tous les jours agir foa Pere, fc encore plas fouvcar fa Mete, qui voie leurs moindres fautes , & prend l’idêe de lears moindres paflîons , s’y aecouftume & s’y saturalife : il fc Forme lui-même for ce modèle. Il croiroit ne pas bivn faire, s’ils ne parloir & n’agi tfoit oomme fon Pcre «5c fa Mcre, s’il ne les hnitoit dans toute fa conduite. Les Pères fc 11 cics doivent donc extrêmement veiller fur* eux mimes > fc comme cierublcr en la prefenee de leurs enfans , d» peur qu’ils n’aperçoivent eu leur vie qQe’qne chefe qui les entraîne dansJe précipice. Qu’ils ayeut faos celTe devant les. yeux ces terribles paroles de J jsas CHRisTdans l’Evangile : f* ymlqu’un tft mm jujtt de chute & de fantialr a de eti faut yu, ereyent „9y j J
U
vaudras eux luy ttuc de te.f thtulf ; qu dnt tourne que* tr jfttdi d/i’às la mtr. Us doivent cflrc pcifuadcz que s’ils tom bent , ils font tomber leurs enfans avec eux ; que s’i’s pèchent, ils pecbeni poor eux & en eux.. JSu que leur pechc cft d’autant plus grand que csluy des per^nnes particulières, qu’il cft un lu* 4^
2>*v. des Parens & des Maifiret
,cc Je ruine à leurs eufaus & à tous ceux de
- ur nuiten. 11$ doivent donc avoir pour leur
Phenee le même te’ped qu’.li auraient pour tjneperfonne vénérai e par fa îamteté : on n’ule.oie pa* rien dire ay lien faite en fa prcicucc <iui fin lachoqaer,ny déplaire. 11 faut avoir la mêaïc xctcnuë devant les en fa es & les do* me Cliques» XXXIV.
il faut par 1er , prier , a^ir > cvwm on veut que les enfans le faÿent. L ne faut jamais faire en leur prefence ce ’qu’il ne faut prs qt’ih imitent : fit il faut faire au contraire tout ce qu’on veut qu’ils faifctic. Il fawt parler cor*mc on veut qu’ils par lent ; prier comme o . icut qu’ils prient > avoir les lentimcns qu’on veut qu’ils ayent , & agir envers le prochain de a même muniere qu’un fouhaite qu’ils agiflenc euvccs le piochain- L’é ducation des enfaes cft une grande loy pour ua Pere & une More, laquelle leur défend une infinité de chofes, 4’ leur en prefent un grand nombre d’autres. Ils doivent cftre fideles à lui^ vrc ces ordres differens, s’ils ne veulent attirer fur leurs enfant Se fut ceux qui iottiront d’eux de race en race, une horrible fuite de maux : car il n’eft pas croyable jufqu’où s’étend la mauvaife éducation que i’on donne À les enfans. XXXV.
Î
Difcours ordinaires des Parens *[nil faut éviter. SilenceJnr les défauts du prochain. L ne faudrait donc pas qu’ils cntcndiflenc jamais s’entretenir de ce qui regarde leurs voifins & leurs voifines , & de ce qui ne ks re garde point ; eenfurer knr uonduHe , oblerver leurs moindres adiens, parler de la maniéré
I
pcxr r^dftC’ Chrtfî.dts Exfiwt
47
Àr•’* 1rs auttts s habillent
de leurs modes , de ku s bien*, dç leuis mariages., de leurs mauvais . ménages, de Iran inimitiez., de leurs défauts & de leurs vices, & généralement de tout ce qui £r pjiîc chez eux , «8c dans leurs affaires ; fi ce r.’eft que les enfans ayene apcrceu qu : qur choie qui les mal édifie, ou qu ils foiene en danger de Cuivre Je m .avais exempt 5c les coallumcs des autres ; car en ce cas il fout leur infpitcr toute l’horreur , ou le méprisqn’ils en doivent a voir, & ne pas (oaffrir qu’i s voyent , ou qu ils enten dent rien capable de ruiner , ou d’affoibür en c-x la crainte de Dieu &l la fidélité qu’lis doivent à (2 Loy , (ans détruire en meme tems, oh n Zinc prévenir les mauvaifcs ira pic fiions que ces cho ies pourraient faire dans l’efprit. XXXVI.
Dh
meme fajtt*
Ors cela un Pere fit une More doivent garderie fiéncefurce qui regarde le pro chain ; &r ce (croit un exemple plus (alutaiie pour leurs enfant, de parler peu, ou de parler d’une maniéré édifiante , qui tendift à ialpirer à ceux qui feraient prefens l’horreur du vice & * l’amour de« biens éternels. Ordinairement kc femmes & même les hommes qui ont peu d oc cupation fetieuk , noue point les jours côtiers d’autre fujet d’entretien , que les defauts du prochain & ce qui regarde les autres : ifs font mille jugemens téméraires , difent mille chafes qui fe trouvent faufies, quand on les examine pins mearement , & font mille méditantes qui deshonorent le prochain. On veut tout fçavoir, parler de tout, examiner tout, fc mclcrdctout ; & on ne penre pas qu’on apprend amfi , en fe perdant foy méme, la curtôficé , la témérité , la anéirlancc , la malignité envers le prochain, à
H
-«S
Dev. det Part ns & dts Mulbt,
font bonne eherc , & qu’ils ne blâment k’mj
ceûx qui n ©ne pas le <«ur allez haut pour cela qui négligent leur avancement dans le monde’ qui ne rendent pas i s’enrichir ; parce que l’un 3c l’autre leur îwpire l’amour du fiecle, l’avarie* I ambition , 8c eft capable d éteindre dans leur «Ipric toutes les lumières de la Foy , 8c dans leur certr l’amour de Jeftli—Chrift,de la pauvreté » de fon humilité 8c de fa Croix, qui feule fait toute la véritable grandeur > toute la gloire, 8c rouie la fortune d’un vray Chteftien. X X X Y I I.
£.*/ Parens doivent fuir les frequentes vifitrt CT lesa/femblees cdl^njoüe, // ne faut pts que les enfans visent de careffe ni de libertez entre les perfonnes de different [exe. Ils doivent les retenir auprès d’eux. I un Fere veut cftrc le Pere, 8c nan le meaM crier de lame de fes enfans, on ne le verra peine dans les je me publics & les bcrlansjaiie det parties de divertiffemeut & de boaoe chere pour patfer le tems, fe promcaci uoe partie du jour comme un hom<ie qui ne fait àqt*y s’occuper : on Je verra encore moins dans ces cabarets qui font l’opprobre & la honte du Chriftianilme > l’enfer de la terre, où lésâmes font enfeveiies toutes vivantes. Et fi une Mere veut le falot de fes enfans 8c de fes domeftiques autaoc quelle y eft obligée, on ne h verra point courir de maifo* en maiion chez fes voifioes, pour s entretenir e nouvelles , 8c pour p aller le ceins dans lesaflem*
S
blécs de garçons 8c de filles > ou poar joaür avec pour r Edxc, Chre/t. des Enfans.
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Ôames, fi elle eft plus de caillante. Ces fortes de de vifites 5c d’aflembrées font la perte de la jeuaefle. Si cae Mere eft fa} ;e, 3t fi elle à la crain-* te de Dieu, elle ne voudra point que (es enfans voyent jamais d : libertez ny de privautés , ny de carcllei encre fon Mary 3c elle, encre les hom mes & femmes,gai çons 3c fille», en Quelque lieu que ce fo’C, 6c elle retiendra les écrans auprès d’elle, travaillant devant eüx , fans jamais cfire oifive ; & tâchant de le» tenir auili tou jours oc cupés à quelque pecittravail.fi coft qu’ils en feront capable» , ou à leurs petits jeux en (a prefeuce , fans permettre que d’autres petits gatfon» ou petites filles viennent les voir , ou les prendre pour les emmener avec eux hors de la mai fou 4 XXX VIH
Il
faut coucher les enfins feuls, «< ;« avec les ’Per es & M.eres y ny (reres , ny fewrs > ny fer vtteurs ch autres t peur ne les pas expofer x de grands dangers,
’trt une choie tout 1 fut indecente , trcîdaigercufe , que les enfans couchent avec Icq» Pcic k leur Merc Jao le meme ht, ou même proche de leur lit. La feu e honnerteté en convaincre, quand il uc a’agir’oit pas du faine des enfans , aufquels cette conduite eft an trèsgrand fiijec de Ican ’ale Et de même lorfqut j’un ou l’autre eft mort, ou qu’ils font épates d* lit, jamais le Vcrc ne do.t faire couchet fa fillcavec îuy , ny Ia Mere fon fi’s , fous quel que prétexte que ce foie II vau hoir mieux que le» enfans cuucbafienc hir la paille. C’crt ca quoy la p (spart des Parent font de graad’s fau tes. Nulle «recellite ne doit nco plus les porret t faire roachci les gai çnns avec les ûllrs ? cyafC^ des ferraatev ; rfy tes fi les avec ks gJ çoot , quelques petits que (oient Ici uns & les autres 3
£
r
Dev. des Ts^ens & des Afrijlrt*
- jy avec des valets, beaucoup de percs àc de meret
le damnent , fit ion : caoC ? de la damnation de leurs enfans , pour ne pas coniger un fi horrible □ nus qui a des fuites plus funeftea qu’on ne peut dire , fie que les feules lumierea que donne icrainte de Dieu ,feront facilement rccounoiflre a ceux qui ne veulent pas s aveugler eux-me ncs, J’s auront me oie loin de les fane tous coucher leu ! à fcul , chacnn en ton petit lit fepaié de ceux drs autres. C’rrt ce que Samc Charles Barrom é : îccüinmandc aux païens co ces termes, k
- J ’$ auront loin de faire coucher leurs enfans au- cr
tant d’un.fexe quede l autre dans des lits lena-<e . xés j pour les.éloigner de roue dmger de tomber<f 4 dans l’impureté, donnant à chacun loi lit parti « eu.1er. < ‘cfl l’avis que leur donne encore Saintce François de Sales dans la première lettre du Livre fécond : Prcnés ? ;arde, dit-il, non tellement’* pour roc garçons , mais encore pour vos filles,ts qu’ils ne couchent fie ne dorment que feu 11. 11 <f n’eft pas croyable , combien cet avis cft utile,te Fexpencacc me lr rend recommandable tous iestfC jouis. U faut peu de choie puer couches une per» îonoc ; il vaur mieox qu’il eo couftc ud peu plus, que non pas de hasarder le ulut de fri enfans. Car il eft certain que les carçoos (e peuvent per dre les uns les autres, fit le» filles de même. Et c’d ,cc que ces lainw Hrciqtics avoient bien veu. Il ne faut.point non plus permettre aux enfans dut ftx~ daller jouer dans des lieux retirés, ayee ceux de l’autre lexe, non pas même les ficrci avec les foturs, ny Jesloeursavec lesfrétés. Le plut fenr & le mieux eh de les voir roujouis autant qu’on peut , pour iccrlcrvir comme d’Ange Gaidien^oa ni» nains ne s’en repoler que lut une .perfonnc.ÉdeiCj loigacufc fie vigilante,qui ciaij-’ cequ’iHajzr cuiodio eu ces îcqcquucu pour l Educ. Chreji. des Eiïf#is* X X X 1 x. Xcmwifr
les dcpcnfcs fuperfluisi / WW* perawe & les fejlms*
L ne fiut par que les eufaoi voyent jamais faire de débauchés dans la mailbn > ny de feftins cxcetfifs , eu le bien , dont on n’cft que 1rs ‘iilpcrdatcur s, pour en aiïiftcr les pauvres, lèlun la Dourine des lunes Pères, cft îépaoda arec rrofufion, A confirmé en dcpcnfesluperHucs Si criminelles. H ne faut point qu’ils rerr.aïqqcnc que leur Mcic ayme la bonne chere , qu’elle actcodi’ablcnce de leur Pere>ou qu’elle fe retire à l’écart pour traiter (es compagnes , ou pour man der quelque chofc d^ délicat. Les parens doivent en ce point ,aufiî b pn qu’en zout autre , un grand exemple à ceux qn Jlonc nés d’eux > <3c faire voir qu’ils aiment la part reçu, à vivre avec frugalité , Lobrierc U tempérance > te qui doit paroiftre dans leur table , n’y laiflant rien ftrvir qui ne refpire la fimpliciza Chrefticnnc, n’allant point cofcftm> •u le plus rarement qu’i. cft pofliblt : en lorta que fi cci< arrivent pour quelque raifon impor tante , £>1 enfans s aperçoivent que leurs parenu n’y font pas portât par inclination , mais que ç’cfc la feule nccctfnâj ou charité qui Jet y obrgv, X L.
I
Dangers du jeU eu^entrul. Jeux de huzurd^ de wte & de de r dtfendus. O lu me k jeu en general à je ne fçay quoy •de malin U d’engageant, qui détourne1 de Vicu , Je qui tire l’ame hors d’elle, même’pout la répandre dans les Créatures » & la hcr par l’a mour au p’aiûr 5t au diverniicmenc , qui diflipe les panices (aintes » £ en fait naiftre a« moins une infinité de vagues > fi elle ne (ont pas vifiblessent criminelles, qui ctouftc -es rernoxds dç Ea
C
des Parens & des, ^1ai,9res
la Conlcieocà , qui iccuc k* lam.e * la peniteafie » qui éteint lefprr de la prière , par K-qocl an cric vers Dieu dans le Icucimeut de fes befoins . & on fou pire aptes la partie bienbcutcufe 3 dans ledefirdu Royaume quêtons les Chrétiens de mandent à Dieu tou les jours. A confiderer la jeu félon les idées que la Foy en donne, il :ft beaucoup plus avantageux à un Chrcfiicn de s’en priver eorierrrnent , que d’en «fer , qachpe bcfoiti qu’on cioye en avoir. Mau on peur d :rt qae s’il y a dans le icti mille pièces pour les anr.es qui ven eat fe (gaver > fi les charmes en (ont attirans, fi le
r&<s co lent feuvenr pernicieux,
U les fuites criminelles à an Ckrcfticn don : toute la vie devion cftrc une peuiieocc & une mon continuelle a tout cc qui excite , cc qui nnurn, ce qui entretient j êc cc qui fortifie les p a fiions & les inciiiAUioûs du vieil homme ; tout cela convient beaucoup plu aux jeux de Lazard, de cartes
de dcz.qa’à sucun autre. Chez les Payeras, même ceux qui eftoient fujets au jeu de Lazard , paftoient pour infames. Le droit Romain, les Empereurs r le même les Rois de Jhaacc les ont défendu cxpicffcmcnr , Jt entr’autrès le graqd S. Louis. Et l’Eglifc dans fes Cobxilei les a defendas aux Ecclcfiaftique» fous peine d’efire depofis , & aux fimplcs Fidèles fous peine â*cflu privée de fa Communion, Et 1< faiot Con cile de T rente renouvelle tous les anciens Codons for ce point à l’cgard des Êcckfiaftiquci, & •kfeod les jeux Je hazatd , 6c autres, fous ’ s mêmes peines, ou de plus grandes, félon que les Ordinaires le jugeront à propos.
X L I.
Les Paret* doivent bannir ces jeux de leur maifon 3 peur le bien de leurs enfans* APrés cela il a’cfc pas necetfaire de faire de lougsd|lcour^ pour rcprcicucer aux Païens WHr l*Educ. Cbreft. des Enfant< les maux qui naiffent de ces jeux : 1rs débauches, les defoidrcs, le libertinage » la perte du tems de dabien, la ruine des familles, *es jurement de les blafphemes , es difTenfions , de que’quefois les meurtres Pour peu qu’ils y Lflciit de réfle xion , i s fçsuronc atïcs cz qu’ils doivent fur c« point à leurs enfans , les feules lumières de la • foy leur fa liant voir qu’l’s ne pourraient guère leur donner d’exemple plus pernicieux que ceiuy de jouet à perdre wn rems duquel dépend j*cterni** > 6t un bien qui ne leur cft donne que par compte <X par mcfurc 3 Ce que les pauvres leur redemanderont avec de terribles reproches au dernier jour. C’eft’ponrquuy s’ils ont quelque crainte urDicu, iis banniront rntterrmécc les cartes & lei dfl de leurs maliens . & n’en ins pireront que de l’horreur à leurs cnfâûs, au£ bieo qu’à tous ceux de leur connoiiincc à qui ils ver<s ront quelque refte de con caence de de crainte de fe perdre, éloignant parcicu teremenc daupiés’ de leurs enfans ceux qui ont cette prïiou cor. stegieufe, comme do peâcs abiça ac les faire périr«
XLII.
L'inclination au jeu engage les enfans dans des converſations dangereuſes. Il n'y a preſque pas d’enfans dont la liaiſon ne leur ſoit contagieuſe.
Cette neceſſité qu’on fait aux enfans de jouër, les oblige pour cela à rechercher la cõpagnie de ceux qu’on ne devroit jamais leur permettre de hanter, & les lie avec pluſieurs enfans libertins, corrompus, & de très mauvais exemple, par une liaiſon qui les entraîne dans le mal inſenſiblement, & qui imprime ſi profondément dans leurs âmes tendres, & naturellement portées à ce
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Dev. des Parens &t des Maistres
qui flatte les ſens, l'image des paſſions, des inclinations & des defauts de leurs compagnons, que ces impreſſions y demeurent toute la vie, & deviennent les principes de leur conduite. On eſt aſſuré par l'experience qu’on a qu'il eſt comme impoſſible que les enfans dans le ſiecle corrompu où nous ſommes, trouvent des compagnons de jeu & de divertiſſement, qui ne ſoient capables de les perdre par la communication qu’ils auront enſemble.
Ne voit-on pas que prefque tous les enfans font fans cJucanon » la i« pieté 5C fans ccliacc de Diea , abandonnez à leurs inclinations U à leurs volonté ; Q^i : voit-on pacwy la jenaeffe que. libertinage , que dcbsackes » que paCon pont le divcrtiflcmcnt , qu’impareto, qa^diFo listions es paroles, que mémo âge de ucguilcmeat , que de (obéi lance, que fuperbe , que vanité , qu’une euctere cxtiudtiun de l’ioBoceace du Bapàme ; Que pent-aa mè ne .dire de ceux qui oc corn*, beat pat dias ces dcteglemeas extérieurs & vifî-z btes ? On n’y voit ries plus que dans le* fai eus.<c Ou ne peur nier dit un babilo Auteur de nôa< ire têtu s, qu’un enfant joüiffant de fa raifoa 3 r< ne foie oblige d’aimer Dieu fur tuâtes chofess “ de vivre pour lay , K de luy rapporter la vie *c de lesaocions. H faut que l’amour de Dieu" domine eu lay j de pour y dominer , il fiant“ quel foie Je principe du corps des.,te, aAlons* “ Oc quelle marque voic-on de cette dilpofitiea daus la plupart Icccufans depuis l*a£C de neuf c eu dix a n , jufqa’à qaioze ou ieiae 5 Que c< semuque-s-oa en ceux mené que Dicuptc.eierve- des aâioos criminelles, qn’unc vie toute <€ copduicc p4C lei (sns » qu’un defir d’exceller, c< une. curio firé inquiete, un cubly de Dieu, nae c’ froideur pose (a prière de pour les livres 4i fA les exercices de fiera i JDc qocllc au^icre/5 pour 1’ Educ. Chrtji.’de Snfitnr.
55 reçoivent-ils Ici Saccemens, <5c enfin quelles <x marques donaeot-lls que ce fait i’cfprit de *< Dieu qui les faffe agir » Êft-ce ce que ditu l’A^ôtre ? -/< ifl/Dm* f as «gr-M /w îi/prit ds Dm l qui eti" ? qn* n a c
?*f l’c'ptit de Dit», n’t[i pu* ! A taj, ne les >c
regarde pas ? Eu vérité» fi Dieu conferve fa c< grâce dans que’qacs-uns parmy ane infinite de defauts qu’on y remarque fc que l’an toleie, ** il eft bien à craindre que la plupart sac la per- (i de ne par iûtuitâon ici devoi s cfieütiek de la *’ créature envers (ou Dieu : comme de l’aimer^f* de l’adorer» de le puer» de faire pénitence, x< te que l’iadevotraii C le libertinage qai fuc- z< ccdc fouvcnc à Lézarde l’enfance, ne naifitde Fexcioftion delà G race en eux dans Jestems^1 où l’an les regardait comme ianoicae.
•
X L I î I
Les Purent doivent fuir toute Avarice* . r i fa prodigalité & toutes les dépendes iuperfinis doivent erre bannies d’une matfan , qui dois être une <<o !e de pieté pour les enfin* qu «r. y élève , oo n’y doit pas mous témoigner c’éleigncsient de toute avarice, afin que la v c lois uniforme , te que préservant les enfans d’un pré> cipicc, on ne les engage pas dais un astre. Il ne faudrait peint, fi cela fe pouvait, qu’ua enfant vit jamais dans fou pere fa mere d’ardeur peut imifer du bien, d’attache à ce la y que l’on a dé* jà, d’inquietade ny de crainte de le perdre, de chagrin Oc d’abattement dans les pertes qa’on en fait, de chaleur Oc de refientimsnt centre ceux qui en font perdre , ou à peuriuivre an procès , ou à faire payer nue dette dans toute la rigueur j ny de plaintes de ce qu’on nrco a pu afiea , ny d’irj quiétudes pour ce que i’on deviendra à favenir ,
- f de d<luncc de k Psuvidcfcc je pic», ®y d’eæ
S
s
5^ ‘Dev.des Parem & des Mdiârfr vie contre ceux qui font mieux leu-1 affiireV Tous ces exemples font pernicieux à la jciacf. le : on ne ûureit dire îes playet profondes qu’ur.c telle conduite peu : faire dam le conr des enfin* ; leiqueilcs y dexcarcr.t 9l s’atcioiftot foivcr.t tante k vie. X t I V. u/sjewifts fuir de meme la vanité, l9trgHcil9
l’ambitieny &c. Les Meres doivent retran cher les VOMS AfufatHM’ ÏL faut dire .’a rné ne choie de roue ce qui fent ’a vanité, i’orgaeif, l ambition, l’amaur delà réputation > qvi «ont cocotc des parlions plot en* racir.fces au fond du coeur, 4r pluscnmwcllci de-vint Dieu, lefcjuelles fout d’êtraoges ravages dans Jcs anus cendres des enfant, lor’qnhîs font fotrrrcz par dn parens qui en foor porterez. Ainfi une Mere évitera avec foin de faire pan îc c cette fol le palfion qu’ont extraordiûâi.’cmcnt les femmes pour les vains apfteœfM > pour. 1rs habits pré cieux de puur’la beanti du corps R’cn nreft plus «posé à Dieu que cet extérieur tout de vanité , 3ui eft comme une pr+feÆon publique ♦’ergucilft e révolte contre lny,laque le dit comme Lucifer ; J’t/evsvjty swpn tréav fur Us nuits .<•< Ch/» (Jp •• fttny fmMable nts Tres-haut C’cft une marque que la femme donne • cent le monde, comme pour insulter à Diea,qn>ellv c :oit véritable re’te parole du trprnt qui a lépaudu *oq venin dans toute la natare : Vw firfx, 9Unx. La pccmxre femme cft tombée dans l’cprobre * h vontufion , en vou anc s’élever dans KsprnfEes.de fon sent ; & les autres fcmblens vouloir reparer cette honte , en la couvrant ce 1 éclat des habits, de •’ine beauté emprun tée, î^n-Xattifcr par »i le y ux des hommes ,
- *«¥ ^antanon * de lw tr rédwtrin Cbrijl* des enfant.
çy
«wur, Jt de le rendre comme des divioitcz, en ia. viflanc à Dieu ks adorations to. les fer vices qui ne font dus qu’à luy feuk fit elles ne veycn : pat que d’un côté elles atrirenc fur elles tours ’a ven geance qic Dieu a fait rc (Lotir à l’orgueil de Lu cifer j le que de l’autre elles tombent en un opiobrs & une. cenfufion qui-les fera terriblement rougir au Jugement de Dieu à la face des Anges & des Saints, lorsqu’elles rctounokront, niais trop tard , aue penfaoc relever leur (exe par la pompe des habits, elles fe parent des baillons du diable f félon la parole de Saint Auguftin , qui les en avoir revécues en lc3 dépouillant ce leur innocence ; & que lorîqu’cHcs partaient tous ces vains ajüftcœeos fut la telle * qui font Jet ar mes du Prince duueclc, fit qu’elles s’expo oient en public, pour fefaire voir à roue le inonde , elles rcffembloient à un Roy iofenféqui fe gloriieroic d’an habit d’efclave , dont on l auroit re vécu, en luy oftanc Jesornemem de fa dignicc ; Car cet efprit de malice fe joue d’elles en Lut promettant qu’elles feront comme de petites div vinitet, Iorfqu’cn même temps il ne les parc ut ces livrées de de ces étendus de fon orgueil, que pour les expoCer en vente comme des délaves, & les a fervit honteufeanent à ceux à qui cci haii— ions plaifcnt davantage. Car que font autre cho* fèces telles £ bien parées, félon la pcnlre des Percs de riglife , que des celles expofées en ven te à tous ceux qui les voudront mettre à prix $ N ’eft-ce donc pas an grand renverfement d’efprit que de conSd^rer comme la gloire de Ion lexc , ce qui en fait toute la home & le déshonneur». Mais afin qu on ne croyc pas que je fois feula en parler de la forte, voyons ce q ue Dieu es dit dans l’Ecriture , & ce que les Feres de l’Eglifc en eut penfé.
’8
Dev. des f.trens
des Afaijire/
XL y.
On en fait voir l’abus par C&riture,
TfOcyt dis le Prophcic îûïe , ce qeto a-t le Sei^ F £*ear UU* fillfi Je Sic* : PAt se quelles /1 /ê*f /i/vérf j qu’elles ont marché la refit haute > quelles ont mefur3 sens leurs pas & aieedié lento* leurs démarches, io Seig leur rendra leur tojle <64^ ?/, O* Harracbera s**J lents cheveux : il leur otiata leurs
- abjures magnifiques, leurs cohors, hier} orqfiletj
leurs ce effet t leurs tub i» ! de ekrveux > leurs boètes de parfum , leurs pendons Jtreilles } leurs bo^es, leurs fiemrsor, leurs robes magnifia* esfieun éthatpeit leurs beau* linges, bars sn^ons , IfnrS chtmijis de grand prix , leurs babillerons légers ccfH’re le ehautl 4* l’Eté, &> leur parfum for* changé ex puanteur, leter teinture et Cran une torde , Ituts cheveux ft’fiz on h,ir Sofia nu’è(^ fans cheveux, & leurs riches corps 4e jupe en un tilsce. Voilà le ja^emenc que Dscu fait des raina ornemens des femmes, < lapnnitioû qu’il en fera dansl dreroitc. Ce qu’il condana* xc de la force ne peut eftre innocent. 11 déclaré par la bouche de faine Paul, qu’il tcuc que les femmes prient oftant vétués comme L hennit été le dtinnndo,quelles fi ferent de mo defit e O de ch nfiesi» ($• *o* avec d :s cheveu* frifeqj ny des ortu mens d’or , ny des habits fimptHifsx i mats comme le doivent hre des femmes qui font froftfion de pista, f> j*i le témoignent par leurs bonnes axvres* It pas la bouche de S. Pierc , qu’il ne *’«/ f*s quelles mettent leur ornement À fe parer au dehors par leur frifure des cheveux» par Iss enrichi feus tas d’or, par la beaité des habits » mais à parer l’homme snvifible cache dans le coeur » far la fureté sncorruphble d’un offrit plein de druceur (7 de paix 1 ce qui ofr nu riche & magnifique ornement aux yeux de ZMtff - (J* que o’eft dinfi qujt les fdenses fon,met «p> pcw t Edat. Cbrcjl. des EnfM* , $ 9 W i/ftré t* D ;tm , /r p«rar*»<
, <«*"<
fi&nifis â Ictnj sm»J.
XLVI.
Sentiment des SS. Pères fur te fajet*
- f Z* Ue ki Vierges, & les femmes chaftes >
rr
dit feint Cypnen , fuyenr les ajuîlcmcBS • * des inceAucufes , l’habit de» impudique» , les (r ornement des débauchées : celles qui ioot fi < ; bien vécut’», ne peuvent être revétuo de Jelw<f< C. Celles qui poirect ce» ornement, ce» colicrs ° & ces pierre» pcecicutc6>onc crté dépouillées de 1 r cou» les otoemens de leur coeur. Qui eft-cc qui <€ ne fuira pav,& qui c’aura pas en exécration les e< choies qui ont caufc U perce de la damnation <fde tant de monde ; Frifer fer Cheveux, le t( porter des ornement lupeiiua > die laiot Bafiie “le Grand, ceia n’apateicot qu’à de» mal*( heureux fc des impies. 11 faut éviter en ceia <s tout ce qui o’cft point neccflaue , A il ne u faut fe fervir pour oincr le corps, que de ce <€ qui peut fervir à orner Pâmef< Ou plaît davantage , dit S. Ambroi’e, en <r négligeant les ornement du Corps ; te c’ct É< iin bel ornement de ne le poior parerc’ Une femme illuftre, tante d’tuftochiunj, àit •r Saint Jeréme , changea, pour obéir à ion ma— .
ry l’habit de cette fille, A la coefFa d’une mace nierç toute mondaine, voulant vaincre la refo<r lucion qu’elle avoit priie de négliger tout cela : mai» la même nuit un Ange uy aparuc» « K lui fit de tcîcîble» menaces. Avez- roui cfté g<adez hardie, luy dic-iI, de preferer lecommau<r dement de voftre mary à cciuy de Jefus-Chrift, c’de toucher avec vos maiu» feeniege» la téred’uno c< Vierge i Elles ieicbciont prefenremenc, afin rf que ici douleur» que vous fouffiirex , voue Udent çoQnwftrc U çnmc que tout av ex cwm ïâô
De v, des F*rens & des Maifirti mis ; dans cinq mon vous ferez cruouite (fonr c Je tombeau : fc fi vous perlcvercz dans voftte ‘crime, vous perdrez fc vcllre mere fc roi <c enfans. Tomes ces ebofes arriver eut aiflfi comme l’Ange l’avoit dit. Ceft amfi ajoure faine u Je :ôme , que Jefus-Chrift fc range décrue <cqoi violent fan Temple ; c’cft ainfi qu il faix ’f voir l’horrecr qu’il a 4c ces ornemens profanet» X L V i I.
Suite du mi me Çuyt.
r<‘T L y en a qui difent > dit faine Grégoire te c< L Grand , ce u’eft pas an péché de porter dco <c vête mens précieux : que C ce n’en cftoit pas un, <c fa parole de Dieu ne nc*s dirort pas fi exK preîement, que ce riche qui cftoit tourmenté ®c dans les enfezs, cftoit vêtu de pourpre fc de fin •♦tin.Car perinane ne porte de vutemens précieux <f que par vainc gloire ; afin que ron’/eftime ’* plus que 1er autres. Car on ne prend point de ,e vêtement, fi ce neft quand oodoiteftre và.
- z Dru revêtir nos premiers parens avec doc
- f peaux de bettes, dit laint Chryl’oftome ; il leur
<c eût brun donné de beaux véreiacns, s’il l’avoic <f voulu. Il nous a voulu apprendre, en ne leur
- donnant pas , que le tems de ccttc vie n et
,r pas in tems de délices, mais un tems de <r plcuicr, & de verfer des larmes. Saint Bernard ne voulut jamais fortir pott aller voir la futur qui eftoie venue au Monatter* avec fa pompe des habits ; 9c il ne permit point à Ces freres de la ro’ren cet état, jufqifl te qa’cl e tcmoign&t par Ces latmes eftre piété à quitter tout cela ; Son frere Andri qu elle avoir rencontré k la porte du Moaaftere , ravoir apelléc un lac d*o-Jure fc de corruption bien parc. Enfin S. Bernard luy drftodh toutes lcs’vaniui ^uruaude , tou : k Jacc des
fc router
pour r Educ. Chreft. des Enfans. tes pompes & le» cqxîoIhcs du fiede , & elle 4uy obéit avec un grand rclpcft, ayant cftor changée en an moment par la toute puiflamc grâce de Jefus-Chrift. Gardez-vous bien, difoit Saint Jerome à une Dame de qualité, touchant l’éducation de fa fille , de Joy percer les oreilles pour y faire pendre ,c des pierreries} & de peindre de blanc & de c< rouge un vifage qui a efré confacré à JefiM-cc Chrift. Ne luy donnez point auflï de perles, <c & ne chargez point fa tête de pieircs prccicufcs. <c Faites en forte , par les foins que vous aurez, <c •qu’elle podede les ornement intérieurs » & eq les richefles prrcicûlcs de i’ame, avec lefqucl- <c les elle puiffe acheter ’z crofor incftimable duco faluc. Il faut,dit ce grand Saint, lay aprendre<c h préparer a laine U 4 filer, à mépeifer la foye fC 8c l’or, 8r à faire des veteroeos propres à de-*c ’fendre le corps contre le froid, 3c non à le*c laiffer dans 1a nudiré, quoy que couverr......Que <c les divines Ecritures ‘.oient toutes fes pierreries,uU (oyc , 6c fes vetemeos précieux. <c X L V J I I.
’Infpirer aux enfant de Fhorreur de ce : va* hit es. Manvaifi conduite des Avérés qui y accoutument leurs filles des le plus bas Oili les réglés divines de h conduite que les parens doivent garder dans l’éducation de leurs enfans. Ces lumières font certaines ôq infaillibles, 4c il n’y a point d’homme de quelque confideradon qu’il foie d’ailleurs, donc les leuv timçns & les avis doivent cftrc préférez à ceu£ de Dieu meme &c des Saints qui ont efté remplie de ton efprit , que J’Eglife regarde comme fea Maiftr’es fit fes Doâeurs. Ils doivent rejette*
- famate la voix du fc^pent tout cc que leur pM&
V
X1
Dev. des Tarent & des Maifires
soient dire les hommes de contraire à cela. Si une mere eft pcrluadcc ce ces obligations indifpeulab es envers les enfans, elle les inftruira plus purtfammenc par (on exemple que par (es paroles : & elle évitera comme une pefte ca pable de perdre toute fa Famille, toutes ces modes 6c ces vanicez de fon (exe, & aura un loin cour particulier d’en infpirer tout le mépris 4c l’horreur à (es enfans de l’un & de l’autre (exe, puisque la vanité n’eft pas moi os crimi nelle dans les uns que dans les autres, & qu’il 1/y a pas plus d’exeufe pour les uns que pour içj autres ; tous , tant les femmes que les hommes étant obligez à la modeftie, à l’humilité 6c la pauvreté chrétienne. Elle aura en horreur la con duite de ccs Meres qui fous prétexté d’épargner i ou parce qu’elles (ont lafiecs des vanités & des ’folies du monde, s’en dépouillent pour en revêtir Jeuts enfans j 6t qui pat une efpece d’hypocrifie la plus dance feule qu’ou fc puifle imaginer , n’ofanc prendre des modes, que le monde meme me permet qn’a la jcuDefle , veulent du moins avoir le pailfir de les porter en la perfonne de leurs filles,
n’étant plus propres, ehes-nremes
- r aux plaifirs 6c aux divertiflemens, rendent,
• <e comme dit S. lerôme , ces âmes innocentes les vidîmes les plus ordinaires de la volupté. », On fe plaint de ce qu’en ce fiecle des filles de dix ans ont plus d’ambition & de vanité» que d’autres n’en avoienc autrefois à trente. On ne peut fouÆir qtfeljes recherchent d’eftre viies & d’eRrc ca/oliécs. On s’étonne de l’ardeur avec laquelle elles défirent de fe trouver aux bals, aux promenades & aux convertirions. Mais ce feroic.iiGe c i< fc bien plus étonnante, fi ayant ic.çù de leur Peres & de leurs Mères toutes Ici d il portions qui (ont necefiaires pour n’aymer «juc les divcuilTcrucm 5c pour chercher . peur ï Educ.Chrefl» det Enfant.
6$
eccafions de faire montre des vannez & du luxe qu’ils leur permettent , clics apprehcndoicat de plaire aux yeux des hommes. On craint tant que ces petites âmes échapent au de mon de U* vanité , 3c au Drea du fie c e , quon ks charge de ces livrées arant meme qu’elles pu : de ne fçavoir ce que c’eft. Elles fe font vùës parées de la forte dec qu’elles ont pii fe voir , & elles ont apris dç leurs parens qa’cllcs ne portorent ces choies que pour eftre vues du monde. Il ne faut pas rftic fur pris fi apres cela elles ont tant de paflion pour paroiftre ; elles Tombent enfuitc dans tous les filets de Ja volupté & de la vanité, & fi elles font en proye pour ainfi dire, à toutes les beftes • furicufrs des paflîoos des hommes. X L I X. -
7eut dànr une maifon doit prêcher la deflie & la (implicite Chrétienne» Putret defaut det Aleret pernicieux aux etfais. Ne merc tâchera donc qu’il ne p< o.tfe rien, ny dans fes habit., i.y dinsccuxdc les encans, foie que cc foit dea garçons ou des filles, ny dans les meubles > ny-en ront le refte , qui ne prêche la itsodelhc ât la fimplicité chiciienne, & qui ne foit comme une cenfure pub ique du uxe , du fzfte , 6c. de la vamic , peut rendre toute fa famille , autant qu elle le pourra , conforme à la pauvreté de Jefu$-C briAqui en foulai r aux pieds toutes ces choies a apris a les Difciples à ks feuler aux pieds. Ccft à un Pcrc à vçider fur ce a , 3c à empêcher que Je luxe ne s’introdufc en fa mailon. Etant chef de ta» mille, il la doit gouverner, 3c non avoir pour une femme cette molle complaisance qui perdit le premier des hômrs.Mjis il lcroic encore bien plus indigne de loy d’obliger luy-naême fa femme &• fes enfans j çoutre ks scglcs du Ch ri fti aniline,
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T)tv. du Tarent
detJlïaiflru *
Le fonvenc contre leur inc injuoa , à le coofoÿ. fncr au ficclc par la vanité des habits. C’cft ce qui n’cft point pardonnable à un homme dont les indications doivent eftre Le pins élevées Le plus gencreufes ÿie celles de la femme. On doit encore eftre beaucoup fur les gardes pour ne pas fcandalifex les enfans par J autres ma nières non moins dangereufes , par ui orgueil g ne vouloir point céder , à le preferer aux aunes , 4c leur refifter avec opiniâtreté 5 par . une ambition à s’élever au dcfîus de la condition, à vouloir imiter les Grandi dans toutes leurs maniérés & leurs coutumes > à aff éhr en tout Gn air de grandeur & de hauteur , de comman. der avec empire, à afpirer aux chofes haines, a prendre le premier rang , 4c Te piquer du point d’honneur, à méprifer ce qui eft bas, & le regarder avec déiainj par un amour pour fa ■’réputation à ne pouvoir fouffûr les discours da monde , les mépris, les injures les tabaiflemens^ _ Le eftre £ délicat 4c fi (erJiblc que non feule ment les moindres paroles piquantes, mais joêiacuac petite froideur, ane legere indiffé rence qui vient Couvent dune pure inadvertance, (oient infaportables , & paffent pour des cri mes irremiÆbles. En an mot, il faut bannir d’une mai ion où il y a des enfans à élever, route vengeance Le icflcntîment , toute diffen£on. querelle, haine » inimitié, 4c générale ment, tout ce qui fent l’air enipoi.ooné , les maniérés orgue : icuCei, les coûtâmes dépravées 4c Ici maximes faufiTei 4t pernieicafes du monJe, conemy de Jr’hs-Chrift » & on ne doit piiat pafler d’oecafîot fans inspirer à Ces enfans de Phorreur de toutes d : ces partions fi contrai* t
tes au Chtiftiaoifiiic.
Apprendre la vertu aux enfans par toute sa conduite. Priere commune & particuliere. Lectures. Travail. Assiduité à sa Paroisse.
MAis après avoir retranché le mauvais exemples, il faut leur en donner & leur en procurer d’édifians & de salutaires, en leur présentant souvent la conduits des Saints & des gens de bren, & leur tofpirant le lefir de les miter. Un Père & Une Mère ver uez de la nece llité da bon exemple, starceront de meaer une vie caractemeat contrai e à ce qu’vient d’estre dit ; tout sera se ie dans leurs entretiens, da s leu s gefkes, dans leur matation,, dans 1-urs actions & leu s dé narches : tout e sel pirera. que pudeur, que motestie qur pureté : toate leur maison fera une ieçon publ que & continuelle d’humılité, de uépris pou la vanité se les fausses grandeurs, de caatite cave.s les pauvies, le pro hain tes de perfoones. Tout apprendra aux enfang le dérachement & de la tonne chère, d-s ai es S des commo lit-2 de la vie, de l’or & argent, & générale ment de tout ce qui se qui se palf— avee la vie, La priere se fera dans toute la famile en commun au marin & au soit ; chacun aura même foin e piier qu-l quefois dans le reste du jour, & de peu er à sa Cou cierce de teinp en temps, & travailera au reste à son devoir avee pascation v ara foa de faire tous les jours autant que n poura, que que bonte lecture à route sa famille, me sne chacan en fera à oa parti— user, s’i fçait lire, & si ce a le peut, on tera a ffi u, testes & Dimanches à tout Œ divin & aux Sermons ou Instructions de sa Paroise, chacnn etant oblig é de s’unir de corps & d’esprit en ces saints es ennemIS & toutes fore néprs de la dé au he,
Dtv. Att f arens & iet Martres
K
eux 4 .* -d-., ,ou. ,ucr o ;*, & .uy U le .vaia Sicriti .c 4« Autes , dim “ depen u .ce 4a aftear que Dieu uy a donné, te dans i‘ob :ïlïiace 1 n -ftte Mete .» UmteE^lile qui a icably cet >rdre, & qn le îecomman* «Je tous des peines «preles Uni l’es Conciles Ou accoutumer « le c-ifaas à t’al.er jamais à rt’lilc qa’arec an profond te rd , & ny point eftre üns prier , ou lire ou carenirc la puo|c JcÜien. 1 ! vaut mieux les y tenir maint 4e temps , le qui sortaient pas dans sa lieu fi terrible uns Crainte , fin* refpe& t & tant application à quel** que cho c de laine. Le Pere fit la Mrre leur don neront en cela n i exemple qui les foitienaent, ne parlant junais dans la mailbn de Dieu , qu’à D ca me.ne > fit s’y tenant dans an extérieur exemplaire.
L ï. £flre ingetieux porte inrpirer !m pieté de bon- . lettre tftx Enfans. Les MtHvnis En* fins fient le /xpplice des Purent. Es Parens doivent eft e ingénieux pniirapprendre de bonae heure L leu.s enfa is les exercices de la pieté chrcftieouc d une maniéré
- |tii ne foie point Jure ny v,é «ante I ! leur fera
acilc , par exemple , d- les acc’Wnmrr 1 réjnoigner aux pauvres de l’hum li é » de la d^aCcu j de la patience & de la chaiité > fie Ju refped O tr ies obligera à'cur p>i ce eux-mrmti Fauioô >e , i leur parler avec douceur ; à les aliier &. 1er rrfpeder comm : les membres de Icfas Chrift 9 & à s’infotmer de leurs betams. Il n’y a lien de plus facile encore que de lent fane pren dre «i<> le commence méat Fhabitudc de vivre pauvrement . de boire 3c minger peu. puu<Û que ceux qui le< é ?cvenc leur, donnent exemple Car Cuqi JLcxô ne ne vou ait pas que U 411e de cçscc
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pw r&iiK’ Chrejt.its Snfivu.
Dame de qualité a laq une uoo «vont dit qu’il écrivoit > tuft à i< table de Ion Perc & de U Mere > de peur qu elle ne Jefiraft de manger des viandes détestes q l’clle y vccioir fervir Et ce grand Do d eue croit qu’il eft p’us leur de ne don* ncr punit de conuoiffaace aux enfans de cc quon ne veut fat qu’ils aym-nr & qu’ils reherchenc. Il eft vra> qae î*abAmeace pourroit nuiie à niante d’u^ enfant, mais auflî on ne prétend pas que • cette a* ftinencc toit au ueflus de fes forces & difpropordonnée à la foiblcfc de Page : le il cft certain qa eftant modelée , elle luy fera p ufloft falatai e que nuifibie- Le tempérament fe forme (ur la première nourriture , le fir .e régime qae l’on garde des le commencement. Heureux an enfant qui luccc ainfi la pieté avec le lait, 4c que font ç’eve d- ia foire : il en recueillera 3« jour les agréables fruits p««r luy meme , le en pourra élever d’aunes de -a même manière pour le bien de l’Eili’e Les Parens fe plaignent fou-
vent des defobcïRanccs > du libertinage , le des mauvais traitement de eus eu fans 3 mais qu’ils s’cd prennent < eux mêmes , ils en font les pre miers coup ib es. Les enfant peur lordinaire font tek qu’oo les a formez * & ce fl une terrible pu nition de Dieu fur les Pa ens, lorsqu’il kui don ne des enfans intraitables » qai les font mourir de chagrin Leurs enfaus les traitent comme ils ont eux-mêmes traité Dieu Us ne les l«iy ont point uflujertis , en les écabltfïnt dam la crain te 4 & tl ne veut pas qu’ils *cur (oient fournis le obêilLns iemc-mémes , afio qu’ils recounoifear rar leur propre expérience» l’injure qu’ils luy ont anc , en retirant de ta dépendance ces créatures q/11 u’awit fait caiitrc deux que pour cftrc à
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-D’y. des Pareas & L I I
. r
Le cinqteie-n’ Myen , In cerreElim. // /«pdlier ci/eavfle It do-icen’ & U Jeviritc. T E cinquième Muysn de conferver Ic trefoc •Û-* Je Ia ^race d<ns tet <nf<rS. * de la eue faire r parer , s’i s /avoic t perduc, c’eft ‘a cor rection. rojrla Gi e a»ec frust , un 1’ere & une Mere doivent eft chablis «ans une charité fin** Gere , qt|i leur Ciffe -y mer pluft.-ift /ame que le Corps d* eurs entant , & qui eftanr a co.npigné ? dez- c p »«r !cu ia uc , & pour la gloire de Dieu auqu’’i’s appartiennent, a«cde a fermeté
Sc d- 1 a confiance pour ne leur rien jamais permettre qui foie capableieu » & pour ne Gifler point rtus fau es fans réméré, ou fans châ’.’menr. Pou* di-e tout en deux mors, il faiir avor une douceur niiorinab’e jointe avec une ev~ri»c »«•» k»ée. il y a des occafioo» ou la condef en la »c eft nceellaire > mais i ûc peut y avoir de rai ion de le ‘ailî r tomorr avec eux,ny d’ap”y-r d’a prouver ce qui de lny eft mauv iis ou -»e oîcieux : b-ar i icsGui relever h-r ft que ]’oCtalia>’ «’en pre cute. Il efte es bon de nifG« lïin c que qu foK o<>u un temps ai rroinire mal , de rrut de les preeip ter en un p’u* g-and C» 1rs voalan* « oriigcr tout ’’uvceikp. mais il ne faut ?a< avoir pour haï de Jtffi bu ci & »le e’nuG frie cuüi »u*s, 1 fs |t av »ir ‘e dJy rente*’ dier , pr-ndr* es tem ’i tav«rab ei , commefont tel v4 ’decin à ’é’ar I dra mala es L1fL R trancher le ma1 par la raùne^ & des It • wnmençenunt. . I jt eft ’jr to »t de granle importance deneGut UdT.c prendre une trop grande iibetté d« pour (Educ. Chrtfl. des Enfans. Cy le commencement ; de peur que dans la fuite ic mal qainaîr toujours pat des petits cômencemens, nes’acroiffc & ne fc groftiflfe juCqti’à devenir incurable» comme il arrive à fa pluipart des enfans» aufqueb les parens donnent toute liberté pendant qu’ils (ont peurs, & qui deviennent en fuite leur» nui lires par ccc efpiit d’independance dans lequel ils les ont laiflé croiftre. Il faut donc y remédier de bonne heure , G — roft qu’on apeiçoit en eux les moindres étincelles des pallions , y ap pliquer le remede » on de douceur » ou de fevelire , & meme de clufliment, que la prudence & -la charité fort juger cftrc le plus propre & le •plus utile. Un menfonge , une defobeïflanée > une fréquentation d’enfans libertins , une parole «ieshonnefte , tin emportement » une vengeance, nne injure, une parole de f«pcjbe ; & cho.’es femb ables , ne doivent jamais cftrc pardonna fans quelque chaftiment , ou de la verge , ou de que !^que humiliation fcnfible. Si on voit qu’ils com mencent à courir de cofté 5c d’autre , à hanter des enfans mal élevés, que les garçons aillent avec des tilles, ou les tilles avec des garçons , il faut châtier feverement pour ces Cotres de faute , & fe rendre en cela inexorable de inflexible , & ne point leur donner la liberté de jamais fortir de lamailon, ou de rien faite fans pernaiffton. •
- ’ attrrficra, Ne veut amufe^ feint À rire MV(e
- dehors 9 Ç lorquc fon extérieur cil regléj &
- pe*dez celle det machins»
- u lu ^cchc , <5c
- dres & ica muffiCQ» 4c Dieu pour parlca da îuy aux hommes , à garder la retraite, qui cil un
- ‘n* durant M jour* & ils le cherchoitnt fa-mi aurs
- vous pis, luy dir-il , qu’il faut que je fois
XCIV
Les Enfans ne peuvent croistre en grace & en sagesse que par ces moyens.
E n’est pas sans raison que l’Evangeliste
marque ensuite de ce recit qu’il vient de faire
de la réponse de Iesus-Christ & de la soûmission,
que l’enfant agissoit en sagesse & en grace devant Dieu & devant les hommes autant qu’en âge. C’est pour apprendre aux Parens que leurs enfans d ’avanaeiont dans 14 ctaiutc dc Dica , &
□c croiftront ea fagclTc & ca venu qa’autanc
qu’ils les porteront à imiter la conduite dc TEnfanr Ibsus que nous venons dc rcprcfcntcr > &
qu’ils les élèveront fur ccs règles, & delà ma*
niereque les parcos dc Ictus Ghrift l’ont élevé.
Le faite-, la vanité, l’éclat , le grand monde ,
ccs diieoars profanes , ces inftruâions qui ne
portent qo’à l’amour du ficelé , loin d’entretenir
& dc faire croiftre la pieté dans les enfans , en
font la pefte U (a ruine. Ce font ccs choÆs qui
font faire dans la plupart un fi fuoefte naufrage
à leur innocence» Quiconque veut leur procurer
l’avantage- dc cmiftie en grâce devant Dieu &
devant 1« hommes, c’eft a dire d’une maniéré que
leur vcria o ait pas feulement une belle apparente
aux yeux des hommes, qui n’admirent que ce qui
éclate ; mais quelle ait auffi de la folidicc aux
yeux dc Dieu. y qui juge des chofcs par le fond
du ces ut y il doit fans, douce , autant que cela
fepeut ? leatodiiicc aux moycosdoat Icfus-Chnft
même 4 bien voulu fo fervit pour croiftte pen
dant la jcuudïé / oc que fes parcos luy ont pro
curez y c eft-à dire » à la retraite , au travail, à
l obcïdaucc , & à la pauvreté même , & on ne
dpit pas clùc furpns fi je repete une verbe dc
cette impottancc dans toutes Jes occaGo.is qui fe
prefentent dc le faire : la corruption de Ja
plupart des enfans qui fait gémir l’Eglifc , n’a
fa ioucce que dans la liberté qu’oo leur donne
de voir tout ceux qu ils veulent , de barrer les
autres , de parler à toute heure , dc vivre dans ,
l’indépendance > dans l’oifivccé, dans la
XC V.
Sage conduite de la Sainte Purge & de S, Jofcpbj oppofe’c a la conduite de la plupart des Parens fur leurs Enfans.
Aine Ioïeph & la Sainte Vierge poffedoient en cet Enfant le plut précieux nefer qui fut fur la terres & ils le tenoient eaehé, de peur qu’il ne leur fûr ravyils tfauoient pas cette lot te paflion qu’ont la plupart des patens de faire patoiftre aux hommes les belles quàlitcz naturelles ou acquifes de leurs enfans. Ils ne firent cor.noiftre à perfonne les grands (refon de fciencc & de faintecé qui écoieot en luy : ils ne sJemprc£Tcrcnt point pour le voir commencez l’ouvrage de la Rédemption des hommes > qui eftoit le fujet de fon voyage , ny pour l’engager à prêcher (on Evaogi c & à fc faire connoiftrc. Ils abandonnent tout cela à Dieu , ils ne luy preferivent point le temps > ils attendent ces momené en paix, ils ne fe mêlent point de cc qui fie les regarde pas, ny de cc qui dépend uniquement de Dieu : mais ils s’aqüictent avec une cxaAc fidélité de tout ce que Dieu demande d’eux en cette affaire ; iis ne regardent point cet enfant comme eftant à eux, ils ne s’en fervent poire comme d’an inftiumenr pour mettre la famille en credir. S’ils avaient eu des fentimens fi bas, ils n’auroienr pas mente d’eftre choifis de Dieu pour ’cftre ’es confervatcursd’un fipxecicux déport. Ils tôt toujours prefts d’acceprer aveejoye tout ce qu’il luy plairoit d’en ordonner , & de luy remettre entre les mains, k>r (qu’il le leur rcdcmaodcroiu
X C V I.
’Dtflnterejfement de la Sainte Vierge à remettre fon Fils entre les mains du Pere Eternel, lorfyuil ut attaché à la Croix. Concfafion,
Ufli jotfque fa faince Mere le vid haï , perfcGiitc » ôc calomnié , mis au rang des voleurs, & attaché à un infâme gibet , eftant opprime des Grands fit des Puiflans par la pluç grande de toutes les injiifticet , elle en eut le cœur perce de douleur à la vérité, $ mais elle l’offrir meme au Pere Eternel > comme une vi— &ime qui iuy eftoic duc pour les péchez des hommes. Elle fut fans doute plus affligée du fujec qui le failoit mourir , & de l’injure faite à Dieu, que non pat de ks horribles ccuxmcns ; Zi elle cor. Cidera plus en cela la volonté de Dieu & la gloire qu’il en devoir tirer » que fa dou leur particulière & l’opprobre de fa famille. Toutes fes volontez eftoicot (ou mi fes & con formes avec celle de Dieu , & elle eftoic con* tente de voir mourir fon Fils qu’elle aimoit tant , le de le voir mourir d’une mort fi hon teuse » parce qu’elle fçayoit que Dieu l’avoir ainfi ordonné. Voilà une peinture admirable de ce que devrcient eftre ceux à qui Dieu a donné des enfans. Ils ne font pas plus à eux 3 que l’Eufanc J b s u s eftoit à la Vierge, Ils n’en doivent pas diipcfcr d’une autre maniéré que cette Mere divine dilpoloic de luy. Jçlus-Chrift n’a voulu eftre ainfi offert à Dieu par fa Mcre , comme le yray Ifaac , que pour apprendre aux Pères <Sc aux Meres qui croiroienc en luy, à n’ayoir des enfans que pour Dieu » Se aux enfans à ne fuivxc les déficits des Parées (ur eux , qu autant qu’ils les porceroient à Dieu. Les Parens ne fe ront Pères chrétiens de leurs cofaus, qu’à pru portion qu’ns amodieront d u i li gr^na modelé, & qu’ils le rendront en ce point imitateurs de h Sainte Vierge. Cc doit cftrc la leur grande dévotion cr.vers là Mcrc de Lieu , s’ils veulent cnx - rré nés en an Cens très - veriranlc , cftrc le Père & 1a Mcrc de Jefus- Chnft, qu’i’$ doivent tous les jours enfanter dans ceux qtn font rés d’eux. Ils ne peuvent voir eu de plus beaux exemples, que ceux çue Ton a apporté cy. de vant , l’ob i ation quils ont de bien elever leurs enfans , Implication & i’elprit avec lequel ils y doivent travailler , & les grands fruits que cerre c’ucation fainte peut produire dans l’iglie. Orte Mcic de tous les fidèles nauroit pas eu de fi grar d» Hommes , ny le Ciel de Saints fi admirib es , fi ces excllens Pcres & Mrres n’avoent confacte leurs foins , leurs veilles & leurs traviux à uo cmploy U ho norable fi (alucaire : & ils n’auroieat pas eo le bonheur de «voir tes fruits de tant de peines fi la plus fai etc de toutes les Meres n’avoir mis au monde , & n avoir coalcrvé & tlevc avec un (oia extraordinaire ceiuy qni feul a mérité aux hommes la grâce de devenir enfin* de Dieu. C’cft pourquoy a p’ûpart des peres 3e des mères qui neg igent d’une minière fi Surprenante le plqj grand de tous leurs devoirs , ont fujet de craindre qu’on ne leur reproche au dernier jocr , qu’au lieu que ceux - là oot- peuplé le Ciel d’une multitude de Saints & d’E’us . ils ont au contraire temp y les cûfcrs d’un peuple malheureux & réprouve xcvf.y. .
Pricre d un ? Àiere Chrétienne» l vous a plû* mon / jcu > de me rendre mere. donnés- moy en mène temps des entrailles de chanté pour les c» fans que vous m’avci donne. Conîcrvcz dans voftre crainte ceux que vous ni avez (aie enfanter au monde j renou veliez dans mon une les memes douleurs de l’enfantement t pour leur procurer la vie de la grâce , que vous m’avez fais ientir dans le corps, pour leur procurer une vie morcelle. -le ne les ay mis au monde que pour mourir. Mais rem4 phflez mon cœur de tant de gemiffemens poui eux , que je les offre comme des cofan» de vie à vous , ô mon Dieu , qui eftes la vie de lg jncre & des enfant.
Donnés - moy une grande horreur pour tout ce qui eſt du monde , de peur que par mon exemple , je ne nuiſe à mes enfans ; & que je ne craigne rien tant que de diminuer en quel que choſe la vie des âmes de ceux que vous faites vivre. I'eſtois indigne , mon Dieu, d’avoir en dépoſt ces creatures que vous avez renou- vellé par le Batème, qui eſt une ſeconde naiſſance. Qu’au moins je ne gâte rien dans voſtre ouvrage que j’en ſois ſeulement témoin. Qjjo je voye , 6 mon Dieu , que vous leur aug mentez de plus en plus la vie que vous leur avez donné dans le Barème , & qu’en vous admirant comme l’Auteur de la vie , je vous rende grâces de tout le bien que je vois dans mes enfans. Je fçay que vous avez créé leurs corps , 8c leurs âmes dans mon icm. Que je ne fois donc pas affex maiheoreufe , s’ils ont quelque vertu , de m’attribuer ce que voftre Efprit a fait dans eux. Que je rcconnoifle qu’il* /ont moios à moy qu’à vous , 8c qu’iis le rcconnoiflenr eux-mêmes. Que toute mon occu pation fois de vous prier qu’ils vivent en voua 8r pour vous , éc de vous rendre grâces lorl•qu’ils vivent de cetce forte > afin que soute la gloire foie pour vous feuî.
Ne permettez pas , mon Dieu, que pas u 1 d’eux vivent de telle forte, que j’eaffe injet de 3e n’avoir jamais eu d’en fans j 3c fi le mort dc mon corps pouvoir empêcher dans eux «clic de lame , je m’y offre , mon Dieu» de tout mon cœur , puilque je tçay que la vie dc l’aine eft bien plus prccieulc devant vous que celle du corps.
Donnez-moy t mon Dieu, de II vigilance pour les bien conduire , de la patience pour les to lerer t dc lardeui pour les aimer , dc la tennrciTc pour les conloicr , du zcle pour les cor* figer. Que jc m’incerpofe encre vous & eux, Arque je m’oppofe à voftre eo’ctc. Mais pour le taire , pardonnés-moy premièrement , mes péchez propres , afio^qu’es me pardonnant , vous leur pardonniez_au(E. trVous oc me feriez pas toute la mikricorde que factent de vous, îi vous ne la fai fi et en même tems à mes enfans. Vous m’avez chargée de leur cor duice. Les particuliers ne (ont chargez que dc leur pro pres péchez , mais je le fuis aufli des leurs Les miens me ble(Tenc , ceux de rues cal ans me bicftent auffi , & ils deviennent les miens propres.
Que ma foiblrflc ne nuilc qu’à moy fculc,Fnon Dieu, qu’elle ne nui le pas aux autres 5 que Je poids de mes pcchez ne s’appe anr 1 (le pas fut mes enfans. Aidez* moy , afin que vous les aidiez. Je crains pour moy , parce que je crains pour eux ; & je (ouhaitciois vous cftrc "lus agrcable que je rc fuis , afin que mes en cans vous fufleut p’us agrcab’es. Oüy , mon Dieu , que leur fa ! ut m’occupe de telle forte, &’ me tienne tellement appliquée , que je m’ou blie moy-méme. Vous clics ,mon cipcrancc , mon Dieu , & fay quelque confiance , que fi je m’oublie dc cette force ,vous ne no’oublierez jamais.
Je lens le poids dc ces enfans , ‘j’éprouve qu’ils me (ont une grande charge ; mats je fçay que lien ne vous eft difficile > k que veut pouvez baver ceux qui font à vous par qm j| vous plaift, Sauvez -nom tous > mon Dieu B puifque vous fcul pouvez tout , & veillez d’autanc pius au falut de mes enfans , que je fuis plus incapable de le faire. Je (çay qu’une mere chrétienne ne peut avoir une confiance lolide en vous , qu’en veillant fur ici encans. En vain elle cfpereroit en Yoftrc milericorde / fi elle ne travaillait à leur falot > quand même el !cv paroiftroit travailler au fien avec beaucoup d’application. Elc n’a point foin d’elle -meme , fi elle n’a loin de ceux que vous Juy avez donné. Nous aurres m ?res vivons moins pour nous que pour nos enfans ; & quel ques vertus que nous puilÜons avoir, nous ne vivrions pas effectivement , fi nous ne vivions pour ceux pour qui nous devons vivre. Ayez pitié de moy , mon Dieu , qui me voyez réduite dans une telle extrémité > qui ! ne s’agit plus que je me fauve raoy-meme , mais que mes enfans fe fauvcnc. Que tonte ma joyc foie donc pour eux 9 que toute nsa triftcfïc foie pour eux, qu’ai s foicnt le fujec de toutes mes craintes , qu’ils foicnc îa caufc de tous mes travaux. Je feray vrayemcni à moy , fi je ne fuis poinC à moy j parce eue je ïcray à vous : fi je n’ay point d’autres cmprcffcmcns finon que mes en« fans (oient fauvez. Je vous offre mon Dieu > tout ce que je puis fouffir de leur part. Que j’oublie le mépris qu’ils peuvent faire de moy, mais que je n’oublie jamais celuy qu’ils pour— roîenc faire de vous. Que dans les occafions où ils manquent à mon egard , je rx’eo fois touchée que pour leurs inteiefts propres. Que tous mes fentimens foient pour mon Dieu » ôc pour les enfans de mon Seigneur. le meprife les mépris qui ne regarde que moy feule. le ne fuis* plus à moy Ce qui ae trône dans mon aœe, pour y écouter la voir es larmes que je répens pour eux , en voftie Jiretcnce. Et donuez-rnoy de plus eu plus cette mirée de larmes qui effacent les fautes des en fans & de la metc , & qui attirent fur nous toutes vos mifericordcs. C’eft là tout mon fouirait , mon Dieu , commandez que cela foie 4c k forte. Ainli foit-il.
AVIS NECESSAIRES
à tous les Chrétiens.
Beaucoup dappeliez. an Ciel, mais peu d'Elus pour le Ciel, parce cj»e la plupart "J’en rendent indignes.
OUtre les Articles de Foy que tout Cbtévtien doit fçavoir , il cft aulTt neccflairc Je faire foutent nfledion à ce qui fuit. Premièrement , il faut ($|»oir que quoyque tous les hom.aes ayant cfté citez du néant, Se mis au monde o >ur cftte éternels, & bienheuX L» Dici d.«. le C.d en aura très peu de fauvez , comme IcfulChrift . oui cft la Verite - même , nous en alfondement , fi elle n’operc rien en nous > & £ elle ne nom fait travailler à mener une vicrc» g ée & ehrétic tvic , c’cft à aire , conforme à celle que leiux-Chrift a menée fur la terre. J. Il faut auflj ((avoir doii vient qu’il y en doit avoir fi peu de fauvez > afin que nous ap prenions avec foin , & travaillions avec cou rage à éviter ce qui pourroit nous damner. La première caufc qui fait un fi grand nom bre de damnez , eft l’oubly effroyable de Dieu dans lequel vivent les gens du monde. Ils ne penfent pas plus à luy , que fi il u y en avait point.
La seconde eft , parce qu’ils n’ont aucun amour pour luy , & qu’lis ne mettent pas leur plaifir à entendre parler de luy , «fc qu’on ne peut prelque eur en parler fans les aurifier ôc leur faire peine.
La troifiéme caufc de la damnation de tant d âmes , eft i’iod/ffcrcnce effroyable qu’on a pour fon (a’uc. Oo eft tour d’ardeut pour la moin dre affaire de la terre > & plein d’indifferenee pour ce qui regarde Dieu , la Religion , nos âmes & le Ciel. On prend des afïurances Sz des mefurcs infinies pour la moindre affaire de cette vie, & on fc plaift à marcher au Lazard dans l’affaire de neftre falut , ne daignant pas feulement regarder àquoy doit aboutir ce qu’on va faire , fi ce !a nous avancera vers le Ciel ou vers rfinfer. Or comment pourroit-oo fc fauvtr avec cette prodigieufe indifférence > puifque Ton ne peut eftre fauvé fans ce faire vio lence, comme IçfuS’Chrift nous affuret ?
La quatrième caufc de la damnation d’an fi grand nombre , eft l’ignorance des maximes de l’Evangile , fans la connoiiTance > 1 amour & la pratique desquels oa ne peut eftre (âuvé : puif* que Saint Paul die > que ceux qui n’obeïflcne H’ a riyangitc de Noftrc Seigneur lefuuChrift, souffrons en Enfee les peines éternelles.
La cinquiéme est, que ceux-mêmes qui sont
n’ont pis loin de s’inftruire des devoirs particu- liers de leur proielîîon. VJn Pere , par exemple, un homme de métier, un Marchand, ou un Juge, ftc« auront 4c li pic c j mais ils lc ù’inltrui— loue point, de s’acquitteront encore moins des devons de Pere > d’Atti.ant , de Marchand , Se de Juge. Un Pere n’a point de zele pour le fa lot de la famil.c , de fes enfans , de les dorne-* ftique ; il fera même incapable de leur don ner une éducation chreftieane : Il ne fe met pas en peine d’apprendre les moyens de rempiir le pms grand de Les devoirs, un Artifan n’a pas foin de (c perfectionner dans fon Art , il ne travaille pas fidèlement , ny lelon fa coofcicnce : il vend pour bons des ouvrages defselueux Se imfiarfaits , 5cc. Un Marchand de meme vend de a marchandise fardée , garce fie mauvaife. Il commet des inhdciitcz dans le commerce , il jxompe , fie il ne peofe qu’aux moyens de gag ner , fans confidercr s’ils font légitimés ou . non. Uo luge par ignorance , par cupidité , par timidité, ou par comp’ailancc , commet des fautes contre la luftice, il ne s’applique pas à examiner les affaires qa’il a entre les mains. Il à des refpe&s humains , des confideracions poar les parties riches ou paillantes « vu aaf^uelles il a quelque obligation. Il reçoit des prelcns, il abandonne les interefti des pauvres. Il laifle ré gner le vice impunément lorsqu’il n’y a rien a gagner. Ces pcrfonocs négligent de sinftruire de devoir fur coures ces choies : ou s’ils en tuftruiwjl n’y fout pas fideles. Le public ou quelque particulier eu foutFrent.Hs blcïenc euxmêmes leur confcience, fie ils violent la justice & la verité en plusieurs rencontres. Toute leur pieté & Icat dévotion apparente n’empéchera pis qu’il* ne ’aient condamnez au Jugement de Dieu comme des meurtriers «les corps qui leur font confiez., comme des negiigens , des trom peurs , do» menteur* > & des injuftes. Un Chré tien ne fera pas feulement jugé tur les obliga tions qui font communes à cous, mais aulfi Zu les obligations de fon eftat , de Ion employ 8c de fa condition ?
La fixtçme caafc eft qu’on naymt pas îa priè re i qui eft abfo’ument neceflaircà faîne, pu ir* que c’cft l’unique moyen d’obtenir les grâces de Dieu ; & que ceux • memes qui recitent beau coup de prières, ne prient pas >. parce que les fentimensde leur cfprir , les atfcdions de leur cœur , leur conduite 8c leur vie dementent les paroles de leur bouche : de force que leurs priè res font p’uftoft des rcenfonges 8c des hypocrifîes continuelles» qui au lieu de leur attirer les grâ ce de Dieu, leur attirent fa ma’cdiâiop. Mtlbcvr à voi4i h.pccvt^ 9àt Issus-Christ.
La ſeptiéme cauſe eſt qu’on ne fait aucun uſage des moyens du ſalut, que nous avons : qu’on rend inutile, ou qu’on tourne en poiſon les reme- des, ou qu’on abuſe des choſes les plus ſaintes. On écoute la parole de Dieu comme ſi c’eſtoit la parole d’un homme, parce que c’eſt un homme qui nous l’annonce. On l’écoute avec dégoût & ennnuy, ſans aucun déſir de connoiſtre les volontez de Dieu, & de les accomplir. On ne prend au cun ſoin de faire fructifier cette parole : on ſe laiſſe emporter par les embarras & les inutilitez de cette vie. On tarit les ſources des grâces de Dieu par l’abus des Sacremens & de nos plus ſaints Mysteres.
La huitième. On aſſiſte au ſaint Sacrifice de la Meſſe par coûtume & ſans aucune diſpoſition, ſans aucune connoiſſance de ce grand & terrible Sacrifice, ſans ſçavoir l’uſage qu’on doit faire de cette Divine Hoftie qar y en immolée , pour- ** qnoy JcIqs - Chrift a müitufc ce Sacrifice, & * pourquoy l’EgüTe nous commande d’y ^flirter.On TJ^lîtc kns ïcricKion & fans regret d’avoir QJteoîé Dieu, fans aucune refolution de changer de vie , tan$ adorer Dieu 3 ny le remercier de acs grâces infinies , & fans le defir d’offrir au Pcre Eternel fon Fils lefut-Chtift, pour ob tenir de luy par les merites infinies de ccttc divine ofFraudct les grâces de la converfion , de la Pénitence , & delà perfeverencedans lamout de Dieu & !a bonne vie.
La neuvième. On (e contente de recevoir les Sacremens de Penitence & d’Euchariftie , fans fe mettre en peine des fier i leges qu’on commet en les recevant mal. Or on les reçoit mal quand on fe contente de dire qu’on a regret d’avoir off-nfé Dieu , & qu’on ne veut plus Voffcnlcr a l’a venir j lorfqiie nor. feulement on n’a pas éprouve fi eeia eft fiacsrc > mais que meme on refufe de prendre le temps Ôc les moyens de le rendre tel , qu’on (croie fâche de trouver des Dire&curs éc’airez qui nous ob igeaflcnc a nous acquitter de nos devoirs , & qu’on ayme mieux en trou ver qui nous laificnr mener une vie molle, fccuiiere & vicieufe. Car c’eft une des caufes les plus ordinaires de la perte des âmes , que les Confeffeurs ignorans ou relâchez qui foufRenr tout aux pécheurs/ Ce font ceux qu’oo recherche le plus
les premiers venus , les plus com modes p les pius complaifiins ou negligens > font les meilleurs à la piufpart des ( hreftiens Ceft ce qui remplit toutes les profeflions de dèreglcmens & des (caudales» Cependant ces penitens ditent qu’ils veulent (e tauver , 3c ces Coi feffeurs qu’ils veulent les conduire au faille. Rien de i deteftable & de fi ordinaire que tant de rarefonges que Ton commet dans l’ulag* du Sacre ment de Pcqiccaw ! Qç fi « Huc bly pour vous laver de vos fechet, voas fouille encore davantage, avecquoy vous laverez von«, & quelle esperance de salut pouvez-vous avoir ?
La dixiéme. On ne peut cftrclauvc fans avoir de la charité’pour ton prochain. Et cependant on ne voit qu’ind :fFcrcnccs 3 durerez , haines, querelles , inimitié ! , vengeances & proccz : chacun n’cft touche A ne le mec en peine que de Ce qni le regarde en quelque petit nombre de parens & d’amis. Et on peut dire que fi la loy de Dieu fc réduit toute £ l’amour de Dieu & du prochain , ^cft détruire toute la Loy que man quer de l’un &. de l’autre. Ctluy qui n’tyme foint^dtmture dans Ia mert Jugement fum mifoncerdi i ctl/y qui n’a feint fuit dt mifericerdt , & qui a efte infenfible aux miferes dt [en prochain.
La onzième. S’il cft vray qu’il y en a très-peuqui fe fauvenr, parce qu*il y en a très peu qui veulent connoiftre, très peu qui recherchent > très* peu qui cmbraiTcnt les moyens dû Salue v on peut dire qu’il y en a auÆ très- peu qui ayant commencé d’y travailler , perfeverenc dans leurs bonnes refolucioos ; mais ils fe laifient infenfiblement aller aux fentimens & maniérés d’agir des mondains > & n’ont point assez de fermeté : pour refifter au mal, & pour se mettre au dessus de tout ce qu’on peur dire & faire contre nous, puifque c’cll pour cela qu’on nous a admm.ftrc, le Sacrement de Confirmation, Mais helas ! on anéantit Xc on rend inutile ce Sacrement atfli bien que les autres.
La douzième. Quoy ftue tous difent le Sym bole des Apoftres, il y en a peu qui croyent ce qu’il contient. Ils difeut qu’ils c’oycnt ’a vie éternel’e, & ils vivent comme ne la croyant pas ; car ils ne !a dcfiieut pas ! Or comment peut - en croire un fi grand bonheur fans ’e defirck ? Et comment aymer la vie éternelle , fi ou ajmc ccUc-cy $ L’amour de ccctc vie eftdonc une conviâion du Keu d’amour & dc fny d'une vie éternelle & bien heureuse. Et
neu.cuie. Et ou ne voitJ" ?as dcs gens attachez à cette v.c comme= des. ayens,qm n’co ctovent point d’autre ? Que S‘Is-difent qu’ils ne entgnent la mort que
p.rcc qu 115 craignent d’eftte en Enfer , qu’.l» nous le taire voir par une vie qui devienne de VHH en pur pins réglée , plus chrétienne <3c pius iainte. . La treizième. La plupart , par une ignorance crhoyabic , & par un entier renvcxfemcnc de ration , (e flattent que Dieu leur pardonnera leurs péchez , quoyque jamais ils ne fe couver* tifleot } & qu’il (uftît de luy dire pecrcvi ; ou ; le reeonnois que j ay péché , je vou* demande pardon. Cependant îeim - Chrift a dit : Si vous nt vttes convcrtiffe{ 3 & ne devint^ comme de petite enfant, vous n entrerez point dans le aume du CUl. Et, le Ciel & la terre parferont &> feront anéantis , plùtofi que la moindre de fes pa rties ne fait accomplie. La quatorzième. D autre* veulent vivre dans l’independance avec Dieu , & cftre maiftres de leurs adions , par un orgueil infupoxtable & qui les porte jufqua croire qu’à toute heure qu’ils voudront changer de vie, ils le pourront, ou que L)iea ne maequera pas de leur accor* der la grâce , ce qui eft une exrravagancc io« foutenablc , &■ contraire à tout ce que nou« liions dans h (ainte Ecriture , & dans routes les hiftoirc* des pécheurs convertis. Qu’oo me montre piufieurs pccheurs convertis quand i.s Tout voula , apres ne l’avoir pas voulu quar.c ils l’ont pu, & je me rends ? nuis le prover be eft contraire ne/atepas quandd peut, ne peut Pas quand il veut, Le bon larroo jtconv , 3 la première oecafion qu il en eut, guRin n eneend p. pli.cft est soigneux ne voir d’où luy vient cette voix, ce qu c’.c Ggmfie , a quuy clic l’oblige. Il prend Je livre des Epîcces de Saine Paul , il l’examine, il combat j- te quoy qu’il chancelle , & qu’il ne Combatte que faiblement , il ne quitte point les armes qu’ll n’ait triomphe dc fes pallions Se de (es habita Jes j & qu’il ne fait entièrement converty à Dieu , & ne (oit parvenu au point de eonnoitianee & de fainteté , ou nous (ferons qu’il eft arrivé. Plus on oeg igc d’occafiuns & de moyens dc faiut, plus ou s’en .reud indigne de incapable.
La quinziéme. On n’a aucune idée de la gran deur ôc des devoirs d’un Chreftien , qui doit cftre un autre Ictus - Chrift , qui doit reprefenter & faire éclater en foy les vertus qui ont écla té en luy , avoir fan et prit > c’cft à dire fes fentimens & fes inclinations , • 6c luivre fa con duite. Cclwyqwidû qu’il dtmtutttn leftt -Chrift, ebit vivre cernée lefui-Chrifi * vicu. Voilà la grande régie. Apres cela peut-on dire comme on fait j quand on propofe quelque exemple d’un j Saint, c’cftoit un faint , comme fi un Cheftien - ne dévoie pas cftrc un laine, puilqu’il n’y a que les Saints qui aillent au Ciel , ic que tous y veulent aller , & pui que chaque Chreftien doit représenter lefus-Chrift , le Saine des Saints, comme nous en affina le (aine Efprie • meme. Lafeiziéme. On oublie . on l’on ignore les obligations que I on a conrra&étsau Baptême, où on a renoncé au Demon, à toutes (es pompes^anitez & faperfluitez dans l’ufage des choies necelTaircs à la vie , & à routes fes œuvres , à tout péché, &r à routes apparences dc péché > Se 2 tout ce qui nous y porte ,pour ne (uivre fc aymer & n’imiter que lcfmChrift , félon les règles de fon Evangile.
La dix-septiéme. On confond continnelkment les deux choses, le Payen & le Chrestien. Et parce qu on n’eft pas du nom are des impies ol| le flatte aifcment d’cftrc du nombre.des Chrà. tiens., lorfque cependant on n’a que des lentimens t des incioations & une conduite toute payenne, fie aulfi contraire aux réglés de l’Evangilc aux exemples de Ictus.Chrift & de tous les Saints , que la lumière eft contraire aux ccncbres , ôt le menfonge à la vérité.
La dix-huitième. La fupcibc qui domine dans les cfprics des mondains , eft une pefte generale qui en fait périr une infinité. Chacun veut faire agare , (e poulîer dans le monde ,, infuker à ton femblable. Chacun s’eftime plus que les au. très, & oo porte cet orgueil jusqu’au pied des Ante s , & au Tribunal de i’humiliation U de Ja Pemtence. Cependant que dit faine Paul ?
- P revenez-vous les uns les autres par des témoin
gn*ges mutuels d’hniinew, dt déférence <5* de rtfftcl » chacun regardant 1er autres comme /es fu[t~ -rieur*, Mais «eia iupofe deux grandes vertus ixcn rares, d humilté & me p iis de foy-mcine ; vertu que nous devons infinité ? par tout ; Et la charité , c’cft à dite un dégagement de tout ce qui n’eft point Dieu. Die* w/Wrl>"f & ne donne [a grâce juaux humbles.
La dixntuvjcme. Combien n en voit-on pas qui fout dans une difpoficion continuelle de ne rien foufFrir fans (e ranger, & de ne faire des honneftetez & rendre fcrvicc qu’à ceux de qui ils en recevront , & de n’aymcr que ceux qui les ayment ? Ce que Icfus-Chrift condamne avec tant de force , qu’il va jufqu’à rejetter ces ^ens, & les retrancher du nombic des C hiètiens, pou*, ne les regarder & traiter que comme des PayensLa vingtième. Ou n’eft point periuade ccmbien c’cft un grand mal d’aimer le monde < oa O» ue veut pas le perfuader qiion laime, or qu’on en a toutes les marques , d’amouc que pour les riçhcflcs, neurs. Mais qu’®n fçaehc que Dieu traite Ïa* mnt/r du monde £un adultéré ; & qu’il eft dit qrte fi ^nel^u un aime le monde , la chanté de Dieu n’cft point en luy , 11 n’aime point Dieu , ny ifcft point aimé de Dieu.
La vingt-unième. On fe latte d’eftre ce qu’i ! faut quand on n’a point cetnmis de crimes ; au lieu qu’il faut eftre convaincu* » que noui devons < eftre remplis de toute ferto tk bonnu œuvres & de ' vertus > le cjue les arbres infru^ueux font condam* ne^ au feu cternel. Le fervito ur inutile eft jette pieds & mains Lies dans les tonsbroi extérieures » où il y a des pleurs & des grineemens de dons. Les re prouvez feront condamnez au feu éternel au dernier jugement, npn pour des crimes maniifcftcs, mais pour u’avoir point affifto JclusChrift dans la perfonne de les membres * j’ay eu vaut ntn’nvtz fat lt£t i f»j ejte fas habitx, WH ne r»Avt pat rnitu, fny r ;>t flju» & en atm’avt^ füj -vtfiti. Rttirtz-taur At tnoy , m«n£h, r> all/^au feu qut a eflf yreptri fourle dublt & four fei .Ât’gtj. Car la féa le inutilité , qui conGfleàuc faire point de bien, .eft un aflez grand crime pour nous ^amner^quand •vous n’co commettrions point d’autie , félon le lencimeat des faines Pères. C’eft un ertute Sun Çbreftien 9 dit faine leiôme , que de X avoir pas les vertus neceftairts. Qu’l eft donc •ronnani que ides Chrcfticns ofeot demander, quand on ks rc*
- ©rend
5 quel mal y4 a-t-il là ? ^icuu > • .c----autre <mrrr grande eranrlr caufe ranG» de
La ving-deuxiéme. Une
4-rrv.narion de tant d’ames, eft la profanation destinez par l'E,llU
h0> devoirs à lcu , à le remercier de to«« £ k4|ol/de‘ aT 1 fl,r , ^“’“^cremear e long de la Semaine, à pleurer & icparer Jes péchez que nous avons pu y commettre flr à luy en demander pardon , te enfini obtenir dr luypar d’inftarres prières les grâces qui nous font neceflaircs route noftre vie , & paaiculierement le long de lakmamc : au contraire , on n : penfe pas feuicmcnc à s’acquitter d’aucune de ces obligations fi indtlpenfablei : mais par uu abus déplorable & qui doit faire ternir tous ceux qui ont quelque fen timent de pieté & d’amour peut Dieu , fi ion joue , fi Pari fait dé bauchent i’ondanf-jfi l’on vient de ces affcmblccs de filles , de garçons où l’impüdicirc Je liber* tinage reguenc i (i i’on fait des ren lez-vous, on en attend les Dimanches U les Fcftcs. D’autres qai nevoudroht pas fe porter à de fi grands exrez, r/rmoloyeuc ces feints jours qu’à J’oifivetê, à h mc^ aoce , & à des entretiens capable® de corrompre tes mœurs ks plus faintes. Au lieu de palTer faintcmcnc ccs jours., comme Die® noas fçiaw.pc „ & de les employer au/alut de nos a mes avec le même foin qu’on a txavaîl’.c pendant une fcmiine pour le corps à desleftiire» laintcj , i rinftruSion de ceux dont oo eft char gé , à afCfter aux O fi ••**«> Prédications, tire* chimes, à vifiter les pauvres de les affligez , en prières, fawts entretiens , Scc. La vingt-troifiénac P y en a peu qui (oient dans la dîlpofitian de perdre tout, vie , biens, commodirez > amu & honneur , paftoftque d’ofFcnler t-ieu, .& qui veuillent retrancher & éloigner d’eux tour ce qui eft capable de le kut faire ottenlcn ce qui eft une difpofition nccei. ai re à tout Chrefticn pour cftre faüvé ! Mais on etc <h0} une difpofinon toute conrcaiiej on ne fe Comporte que felouque les occafiooUc prclcatent, comme il paroift daus tes ucbaurhes, es danfes,lcs compagnies dangereufes, &c. Sitoft que l’occafion le prefente , on s’y iaillc aller , & fi on ne s*y laifle pas aller , ce n’eft que faute d’occafion. Et iinü on eft coupable devant Dieu d’u« péché qu’on n a point commis , par. ce qu’on a cfté dans la volonté & dans la ditpoficion de le commettre,fi l’occafion s’en fût pre» tentée»
La vingt-quatrième. Prefque perfonne ne fuit les occafions du pèche , ny ne s’en retire lorfqu’M s’y trouve engagé. On les cherche au contraire, on les ayme > fie on s’y plaifU L’Ecriture cepen dant die , que celuy qui aymt le péril .y ftrtru, & qu’il ftut fuir iep’tbé comme on fuit un feront qu’on rencontre dans un chemin :• ®u*fi a fado colubri fuge peccata. Le Sauveur nous ordonne À’arrtcher i oeil qui nom eft un fujtt àe chute ç de fcandale St de couper no(ire main droite & ne(ire pied droit , wrfquih nom f>nt tomber (Uni le ptihi. C’eftà dire , qu’il nous ordonne de nous éloig ner des choies memes qui dous ’ont les plus chè res 6c les plus uri’es, lor quelles nous font une occafion de tomber dans le vice <5c de nous per dre. Cependant l’uu dcmruic dans une maifoa où il ne peut pas faire fon la lut ; l’autre va fouvent dans des lieux’ac des compagnies luIprâcSj & où il pèche quand il y va : un autre fait un métier ou un commerce qu’il ne peut exercer ians péché,. 6c (ans donner lieu à p uficurs de fc perdre ; un aune fait des liaifons & des imi tiez qui font peroicieufes à fon ame , & il fait pecher les autres. D’-uerrs enfin s’engagent daus la compagnie & la conroiflance de perfbnnes qui tendent des piégés à leur innocence, a leur pulcur & à leur pieté. Chacun cherche fon lemblable , A fos plus innocens-niémes fe cor rompent en frequentant ceux qui ne font capaconnairw à h vertu , iotiqu’ils norit pas le foin la vue
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engagemens du monde , qui tous font des (ujets de chute & de péché. Nul prefquc ne craint de taire tomber les autres ; ôc i u‘ ne craint de ren contrer dans (on chemin des pierres cjui le fatknc tomber Ceft ce qui remplit toutes ics profefïïons d’un nombre mfiny de crimes Se de defordres. Quiconque veut le conserver pur , doit évi ter les orcafious dangcrcuics. Ec quiconque venc fe retirer du précipice où il eft déjà tombe, doit encore fuir plus promptement la rencontre des perfonues & des objets qui ‘/ont fait tomber. La vingt-cinquième. On vient dc dire qto les foibks fe laifloient emporter au torrent des idaUvaifes coûtâmes , on le repete cncote avec dou leur. Car comme fi la coutume eftoit une toy inviolable , éc comme fi elle cfteit capable dc fanâifier ce qui de foy - même eft le plus cri minel , uou IculcineiH la plufpart des hommes n’ont point d’autre règle dc conduite que ia cou tume, la füivanc presque toujours & dans routes les entreprifes , lors principalement qu elle n’cft pas contraire à leurs inccrcfts, ou à lents pré tentions : mais il leur fuffit fou vent que esc ijres’cs plus grands (oient partex en coutume, omit s’v cnaaect Uns remet 1s Je lacs au eut z sureté de confcicucc apres cela. Mais que ce raifonnement est ridicule, impie, & contraire à toutes les loix de Dieu, & même du bon sens. S’il estoit juste & veritable, il n’y auroit point d’impurctez,, ny u’ivco^nèrirs , ny d’injuftice , ny de vokrics , ny J’u u :cs , qu’on ne jufl’fiaft par ’à , dans les pay* oà ces x ;ez font pqkz eu coutume. La p uiai te des Bénéfices, ’a fimonir, J’elprie m.-r ci aire avec lequel oh entre dans l’Eglilc > 3c un y exerce les t mtttonf le% p □< Hi* vines , leroienc auroi liées n.v li pr f jue par tout. Il n’y auroit pas mé ne d’Hececiquct, iç Tu o, ny «l’infi leies qui ne fe c’ûileoc en vove dr a u< parce principe , dans ’es pays , <nl il n‘y en a point , ou prcfquc point, qui ne iuicut engage* dans ces voyet d’égarement. Ce torrent de fa coura nt entraîne un nombre in fin y d’arnes en Enfet. La p ufpatr n cfta^t poior inftruits des maximes de , qui ouc les feules réglés que nous devons fuivre pour eftre Gavez , ou ne vwrnt pas les luivre f. patec qu’c, es leu paroiffcnt trop daresje Uiff-nt con duire à leurs inclinations naturelles,en {uivant !a coutume qui le* favorife. Kt ils ne confi ’crent pas que la nature de l’homme efta t eu. rom» le pc'hc > tcores îei inclinations le tort, & parconfeqo ne <oucc» |e. coÛrumesqm y fane conformes. kiu«.Chrift o’â pas dit , comme ’c marquent’es Peres de l’E~li(c , jc (u,s iac. rames nuis : r mik vrr,ff. Celuy, dit-il encore, qui me suit, ne marche point dans les ténèbres mais il aura la lumière de la vie. C’éſt-à-dire, que celuy qui ſuit la verité , ſera éclairé des lumières du Ciel, & aura la vie éternelle. Mais que celuy au contraire qui ne ſuivra que la coûtume marchera dans les ténèbres du peché, & tombera dans la mort éternelle.
Il est donc clair que la coûtume est une source inépuisable de toutes sortes de vices & d’excez, &
M 2 la cause de la damnation des trois quarts du manude. Car prefque pcrCor.nc oc fait tefi xion fur cé qai i eft toujours vû dans lc monde , q«e les yi,. ces ont toujours efte autorifez par la coùrxmr du plus grand nombre ; que les méîhxnsonc tou jours Garpairé infiniment le petit nombre ir ?bons depuis fe commeflccmenc du monde : q.i± çi efte une coûtunac perpétué* dans tous les fîecles , qui n’a pas empêché Dieu de condamner eetix qui fa fuîvoicnt , &r .i’éxereef fur eux fes plus terrib.es vengeances : Et qu ? quoyquc les gens de bien ayent towiours efle en fi petit nombre, qu’ils ayent paru fiuguliets ; ? qu’ils fefoient oppofez avec zelc aux mnuvaife» coutumes , & qu’a caulc de cela ils ayent rite haïs & pcrfccutei des hommes . i’sn’cn font devenus moins grandi av moins faims devanr Dieu ; qu’au contraire , c*eft ce qui leur a me tite les plus grandes recompeofes , ïc ce qui leur a aequis la. vénération de tour lc monde apte» Jeu ; mort
Un Chrestien qui veut éviter le malheur de ceux-là, & avoir part au bonheur de ccux-cy, ne1 doit dan< fes engagemens, dans Tes eacreptiles». dans fes affaires , dans’es aâiont , avoir égard’ qu’à la Loy de Dieu,à l’Evangile, àfesdevoirs, & non aux coûtâmes les hom mes, nyaux exem ples , s’ils ne font conformrs à ces reg’cs faintej fur lefquellrs Dieu lugera tous les hommes,, grands 8r petits , riches & piuvres. Rien ne’ fera capable de juttifier au Tribunal du Couveraint luge celuY que la parole de lefits Chnft , & la vérité meme cond-’.mneronr.
Le vingt-sixiéme. Mais le comble des maux eft, que la elufpart , ;nr’qu’il, (ont tombez dans de, pcchez , font en repos, comme s’ils eftoient jii’les-, i , en parlent avec joye , ils s’en vantent corn ne d’m bien- Comme donc peuvent - ils co avoir de Eàolïcar, & comme leur ferontjjg pardonnez Laos ccttc horreur , pui queilreft Une partie ncccffaitc du .^acicmcut de ia Penire..cc r Cependant ils icpomhoot au Confeilcur
cThypocrifies ? que de facrileges » Héla» » ou vuU
» —..j , Unt Religion r frequenter 1rs laines M yftetes recevoir les Sacrcmcns. Et cependant le» Miniftrci de le fus Chrift s’endorment, au lieu de s’é lever contre tons ccsdcfbrdrca , ces chiens marte fetaiïcnrdt lailfent périr les âmes, lacs ofCr kur dite qu’elles perifenc. La vingt* fepticme. Combien n’en voit - on pas agit comme ceux dope par’c David ; Far/Ln* nefire liig./e , w livret ’tnt /è , < ?m» e/îwojïrr«sai/rc ? difoient tes impies. On parie, on entreprend, on acheté, ou vend comme (î on ne dévoie jamais rendre compte de tout au fquveism
- au l*c0 qu’il eft de foy que le lo
gement de Dieu fera fi exaft , que tout y fera examiné jo qu’a la inoindic paro c ioutlic ; que ftra ce dure des ntauvailcs ? Liqua la moindre’ dcpevfc d*un denier ; que lcra-cc donc de tout’ ecqui eft p’us confi ieiabx ? «’clcz bien ces» paioics du laint Efptit : Cdwy çjn a’ar ,.C/*V99f <V<r trf fri R , /4 Rf IgtfiK & yCc fi été (pot vatnes. L* Rel’çjen .’a futfé fu*i tàeht aux yeux de D’ttu confiftei t à ufer de ? fes biens pour en exercer la charité, • vifiter* 1rs crpbehvf & le* veuves dxn, l Mrs fffi ff ens, C* i fe conferve* purs èe Ia ttTT«Wi du peclt> La vingt - huitième Uoe aune marque de pin lependance avec laquelle oa vit à l’égard de Dieu, c’cft d’embraflei un rftar , une f rofeflîon^ tin meftier, Ctc. fans mnfülter Dieu, c’cft à dire, e*i n’y rechercha*» : c» rho’es neer^ircf 3ac comme feroeoe des *«y‘os. C&rcV&, die■ sus - Christ *»’<*•* , le R<n*a~ me de Dua & J* Iteftict) & teut ce jeil 7 a de
/J ntceffluYti e .emforgl vont ura donne comm s par surcroy. Mais paicc qu’o# »*4 fttnt Ditu
- n voué, dit le Prophète t toutes lot rttomftnfa
0» a^tïh At r^i trr tnvu ne ,font <h uno tenufhçn ctnhnMitle & un corps dc pcchc. Il faudroic prendre « ûjours c party c plus cur & Je plas propre à faire noftre la ur , lans avoir d’autre vue que d’y travailler de tour uoftrc pouvoir Avec Je Jccours tout - puiflanc dc la grâce de Dieu.
La vingt-neuviéme. C’est ce defaut de confttlcer Dieu qui fait que tous les emploi* au ficelé & dc «’Egh’e, <k toutes les peofeflions, font remplies par des pcrîonnes qui nont point dc vocation divine pour ccs engage mens, ny les quabtez Se les ta ens neeelfaires pour en accomp ir JeS devoirs 5 &c que pre que tous les Chreftiens font dep orez , & ne font point dans les lieux & le rang eu ‘a vacation dc Dieu les avoit placez , s’ils ’avoient lui vie » ou s’ils avoient coidüité Dieu, ou pour eux’•memes ,ou pour leurs cnfai s La p u^arc ne continrent que le monde, que leurs propres interefts que leurs paffi >ns, que le caprice ou la couftum*, peut entrer dans un cftat dévie & uoe profeflion. Nul prcfque ne corfiirrcquc c’cftdc Invoca tion de Dieu & du prefnier engagement que dépend toTte !a fui e de la vie , & le salue éter nel, & que ceux qui ne fort pas dans i eüat oùf Dieu les appelluir,ne (c lauveronc ponit pendant qu’ils demru ent dans critty qu’ils ont chuifi par eux-mêmes > ou qu’ils ne font pa^ péniten ce d’une ii grande dtiobeytfmcc à <»rfre Se aux vo’onccz de Dieu. Lieu ne donne point la grâce de bien vivre & des’ucquiter de (t* de voirs dans un cmploy , à <eiuy qui 1 a cLo fi dc luy-treme tans le consulter , & qui y emeti* le contre fa vocation & contre a volonté, pi q .c pouitoac faire des perlouncs à qui Dieu ne donne pom ja grâce, finon tomber dans u..« ruine icevitabk j C’cft donc là ce qui remplit le monde de déiegkmeut , & l’enfer de réprouvez, La trentième. La manière peu chieftienne dont on entre dans l’état du Mariage , & dont on pre-rf , fane ce Sacrement eft une caufc generale de toutes fortes de maux, & de h damnation d’une infinité de perfonnes. On na point en vuëen fc maciant , de (e fanétifier avec )a perfonne avec laquelle on surit, ny de donner des enfans à Icius • Chrift , ô< de les élever dans la crainte de Dieu & le rrépris du monde. On ne fe propofe que le bien , l’honneur > le plaifir de la volup té > on fe marie par des vcûcs routes terreftes & toutes charnelles. On n’a defl’cin de donner des enfans qu’au monde , à l’avarice ,à l’ambi» tioa , & enfin an démon , & par esnfequent d’en faire des victimes JEnfcr. Aufll on profane le Mariage dés l’encrée par la profufion ,1a dé bauche , les jeux prennes k les danfes , ou ou expofe à an danger vifibie la pureté des conviez,» & un le profane dans coure la fuite par unev.e toute char telle & bruralc, n’en ufant que pour le plaifir p*8r par la mauvaise intelligence , la difcordc & les diviCons qui régnent feovent dans les familles cotre les perfeunrs qui oc dcvroieit eftre qu’un cœur & qu’uac amc > n’ay me mimt thfiir, félon f Ecriture. Vo* à ce qui attire ordinairement >a malédiction de Dieu fur les Pc. • res & Meres & îur leurs enfans, & qui eft la jntirce de ’a p ufpart des vices qui coixompen : toutes ics profeffions.
La trente-unième. C’est ce qui produit enfin la grapdc négligence des Pères & dcs Meres à élever chrestiennement Leuts eofaus, qui eft une louice geocraie de corruption > & üi c des pius fui eftes & trop fécondés eau fes de Pamnation. ht on mc tçauroit dire combien criminels font les patent homicides des aines de leurs enfans, parce qu’ils ne les élevent pas sur les maximes de l’Evangile, & ne leur donnent point d’horreur du monde & du péché. Celui, dit saint Paul, qui n’a pas soin des sien sur tout de ses Domestiques, a renoncé à la Foy, & est pire qu’un Infidele.
Voilà une partie des causes funestes & innombrables de la damnation de tant de monde. Vous estes heureux de les connoistre. Car cõment auriez-vous pû les éviter sans les sçavoir ? Mais malheur à celuy qui les sçachant, se les rendra inutiles, puisqu’on voit bien qu’il s’agit icy du salut éternel, ou de la damnation éternelle.
LOVIS par la grace de Dieu Rey de France & de Navarre A nos amez & feaux Centellers les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maistres des Requestes ordinaires de nostre Hostel, Sa Ilfs, Senéchaux, Prevosts, Iuges, leurs Lieutenans & tous autres nos lusticiers & Offsiers qu’il appartiendra ; Salut. Nostre amé & feal Conseiller en nos Conseils JEAN CLAUDE DE LA POYPE Evesque de Poitiers, Nous ayant fait exposer, qu’il auroit beſoin de uns Lettres de Privisege pour l’Impression des Viages de son Diocèse, Breviaires, Miseis, Manuels, Diurnaux, Antiphonaires, Graduels, Pro effionaux Epiftoliers, Pfautrers, demy. Pfautrers. Heures, Catechismes, Ordonnances, Mandemens, Status Sinotaux, Letres Pastorales & Instructions, &c. pour le bien & urrière de son Diocèse ; 11 Nous a treshumblement fait supplier de les luy accorder. Nous avone permis & permettons par ces présentes audit Sieur Evesque de Poitiers de faire inaprimer par tel Imprimeur qu’il voudra chorsir, lesdits Livres, & de les faire vendre & distribuer par tout nostre Royaume pendant le tems de dix années consécatives à compter de jour de la datte des Présentes, faisons défenses à tous Libraires, Imprimeurs ou autres-personnes de quelque qualité qu’elles soient, de contrefaire aucun deldits Livres, en tout eu en partie, & d’en vendre d’autre impression que celle qui aura eké faire du consentement dudit Sieur Evesque de Poitiers, ou de ceux qui auront droit de luy, à peine de censitestion des Exemplaires contrefaits, trois mil livres d’amende contre chacun des contrevenans, dontun tiers à Nous, l’autre tiers à l’Hostel-Dieu de Paris & l’autre tier à celuy qui aura le droit dudit Situr Evesque,& de cous dépens, dommages & intéresss, à condition que ces Présentes seront enregistrées és registres de la Communauté des Impriraeurs & Libraires de nostre Ville de Paris. que l’impression desdits Livres se fera dans nostre Royaume, & non ailleurs, & ce en bon papier & beaux Caractères, conformement aux reglemens de la Librairie & qu’avant de les exposer ea vente il fer a mis deux Exemplaires de chacun desdits Livres en nostre Biblioteque publique, un en celle du Cabinet des Livres de nostre Chassean du Louvre, & un en celle de noſtre tres-cher & feal Chevalier Chancelier de France le sieur phelipeaux Come de Ponchartrain Commandeur de nos Ordres, le tout à peine de nullité des Présentes ; du contenu deſquelé i, Nous pandons & ardannons faire joui : & user led. sieur Evesque de Poitiers & ceux qui auront droit de luy, pleinement & paisiblement, sans souffrir qu’il leur soit donné aucun trouble ny empêchement. Voulons qu’en mettant au commencement ou à la fin de chacun desd. Livres la copie des presentes, non l’extrait dicelles ; elles soient tenuës pour bien & düement signifiées, & que foy y soit adjoutée, & aux copies collationnées par de l’un de nos amez & feaux Conseillers Secretaires, comme à l’Original. Commandons au premier nostre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’execution des presentes tous actes necessaires sans demander autre permission, car tel est nostre plaisir. Donné à Versailles le 20. jour du mois de Septembre l’an de grace 1703. & de nostre Regne le soixante-uniéme. Signé, Par le Roy en son Conseil, LAMOLERE. Et scellé du grand Sceau de cire jaune.
Il est ordonné par Edit de Sa Majesté 1686 & Arrests de son Conseil, que les Livres dont l’impression se permet par chacun des privileges, doivent estre vendus par un Libraire ou Imprimeur.
Registré sur le Livre de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, le 28. Septembre 1703. Signé, P. Traboüillet, Syndic.
OVS FRANCOIS LARCHER Conseiller
du Roy, Juge Magistrat en la Senechaussée de Poitou & Siege Presidial à Poitiers, Lieutenant General de Police en exercice ; Aprés avoir veu les Lettres de Privilege de Sa Maiesté obtenu par le Seigneur Reverend Evesque
de cette Ville, pour l’Impression des Vsages de son Diocese,
Breviaires, Missels, Manuels, &c. pour le bien & utilité de sond. Diocese, & les Lettres de Concession dudit Seigneur Reverend Evesque, en faveur de Iean Fleuriau Imprimeur ordinaire du Roy & de l’Vniversité, pour estre son
Imprimeur ordinaire & de l’Evesché de Poictiers, privativement à tous autres ; Permettons audit Iean Fleuriau
d’imprimer, vendre & debiter les susdites choses mentionnées ausdites Lettres de Privilege cy-dessus, & specialement
les devoirs des Parens & des Maistres pour l’éducation des Enfans, les Moyens & Pratiques la Pieté Chrestienne,
le Catechisme, le Psautier & l’Alphabet des Ecoles du Diocese de Poictiers, le tout dressé & imprimé par l’ordre dudit
Seigneur Reverend Evesque, le bien & l’utilité desd.
Escoles de son Diocese : Avec defenses à tous autres d’imprimer, vendre & debiter les susdites choses sous les peines
portées par lesdites Lettres de Privilege. A Poictiers ce 25 janvier 1704. Signé F. LARCHER, Lieutenant General de Police.