Le Coffret de santal (éd. 1879)/Le Hareng saur
Pour les autres éditions de ce texte, voir Le Hareng saur (Charles Cros).
LE HARENG SAUR
Il était un grand mur blanc ― nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle ― haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur ― sec, sec, sec.
Il vient, tenant dans ses mains ― sales, sales, sales,
Un marteau lourd, un grand clou ― pointu, pointu, pointu,
Un peloton de ficelle ― gros, gros, gros.
Alors il monte à l’échelle ― haute, haute, haute,
Et plante le clou pointu ― toc, toc, toc,
Tout en haut du grand mur nu ― nu, nu, nu.
Il laisse aller le marteau ― qui tombe, qui tombe, qui tombe,
Attache au clou la ficelle ― longue, longue, longue,
Et, au bout, le hareng saur ― sec, sec, sec.
Il redescend de l’échelle ― haute, haute, haute,
L’emporte avec le marteau ― lourd, lourd, lourd ;
Et puis, il s’en va ailleurs ― loin, loin, loin.
Et, depuis, le hareng saur ― sec, sec, sec,
Au bout de cette ficelle ― longue, longue, longue,
Très lentement se balance ― toujours, toujours, toujours.
J’ai composé cette histoire ― simple, simple, simple,
Pour mettre en fureur les gens ― graves, graves, graves,
Et amuser les enfants ― petits, petits, petits.