La Cithare (Gille)/Le Trophée de Philippe

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La Cithare, Texte établi par Georges Barral Voir et modifier les données sur WikidataLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 199).

LE TROPHÉE DE PHILIPPE


 
Au sombre et dur Arès, telle est ma destinée.
Le fils de Cécrops fuit mon ombre avec effroi,
Car je témoigne, ici, des triomphes d’un roi,
De Philippe au cœur fier, vainqueur à Chéronée.

Thèbes ! rappelle-toi ta fatale journée.
Athènes ! désormais tu trembles devant moi ;
J’insulte à Marathon, et je dicte la loi ;
Ta gloire est pour jamais en ces lieux profanée.

Allons, dresse le front ! Crie aux armes ! Au moins
Tu peux jurer encor, tu peux prendre à témoins
Les cadavres couchés dans ces champs, Démosthènes !

Nul ne bouge ? La peur, la honte et le remords
Retiennent tes guerriers sur des rives lointaines.
Ma pierre est aussi lourde aux survivants qu’aux morts.