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Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/20/02

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 668-673).


II

RÉFÉRENCES


On appelle références ou sources les indications renvoyant à des documents ou à des ouvrages que l’auteur engage à consulter.

63. Souvent, les références sont intercalées, entre parenthèses, dans le texte, à l’endroit même où se rencontre le mot auquel elles se rapportent.

64. La plupart des références font usage des abréviations, pour la composition desquelles on observe les règles particulières en usage.

65. Placée au milieu même de la phrase, la référence suit les règles ordinaires de la composition des parenthèses :

a) Le premier mot prend la grande capitale s’il s’agit du titre d’un ouvrage (à l’exception des articles déterminés le, la, les), d’un nom d’auteur ou des expressions Idem, Ibidem :

Le lecteur désireux d’élucider le point de droit soulevé au début du travail dont il vient d’être question (Précis de Droit civil, t. II, p. 250) se reportera avec fruit à l’étude…
xxxx Le système compliqué dont il a été question d’autre part (chap. IV, p. 27) est un de ceux qui ont suscité les discussions…

b) De manière générale, on emploie également une grande capitale initiale aux expressions latines abrégées Op. cit., Op. laud., L. c, Loc. cit., ou françaises Ouvr. cité, Même trav., Même ouvr., tenant lieu du titre d’un ouvrage antérieurement cité :

Le lecteur désireux d’élucider le point de droit soulevé au début du travail dont il vient, d’être question (Op. cit., t. II, p. 250) se reportera avec fruit à l’étude…

c) Les mots Voir, Voyez (parfois abrégés V., Voy.), précédant l’énoncé d’une référence, sont plus fréquemment composés avec la grande capitale initiale :

Le système compliqué dont il a été question d’autre part (V. chap. iv, p. 27) est un de ceux qui ont suscité les discussions…

66. Les autres noms communs figurant au début d’une référence sont composés avec la lettre bas de casse :

J’ai trouvé dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale (p. 450) une curieuse variante qui sera indiquée ultérieurement (ci après, p. 225).
xxxx Le lecteur qui désirerait élucider plus complètement le point de droit, soulevé au début de ce travail (t. II, chap. iv, p. 75) se reportera avec fruit à l’étude du Dr Campbell (vol. I, part. II, p. 152).

67. À l’intérieur de la parenthèse, le point final ne peut être utilisé pour indiquer la fin de la référence, non plus que la virgule, le point et virgule ou les deux-points. L’emploi du point d’interrogation et du point d’exclamation est fonction de la rédaction et du texte de la référence.

68. Placée à la fin de la phrase ou de l’alinéa, la référence, tout comme la parenthèse[1], peut dépendre directement de la phrase qui précède, ou n’avoir avec elle qu’un rapport secondaire :

a) Dans le premier cas, on suit pour l’emploi de la grande capitale initiale et de la ponctuation finale, les règles précédemment énoncées (§§ 65,66 et 67) :

b) Dans le second cas, la phrase ou l’alinéa référence ont leur ponctuation régulière ; le premier mot de la référence, après la parenthèse ouverte, prend toujours, quel qu’il soit, la grande capitale initiale ; un point final termine la référence, avant la parenthèse fermée :

« … On ne saurait d’ailleurs, dans la circonstance, tenir compte de cette suggestion. » (Cette manière de voir est conforme au jugement rapporté à la page 25 du chapitre iii de ce même volume.)

69. Si la parenthèse contient deux ou plusieurs références, celles-ci sont, pour éviter au lecteur toute hésitation, séparées par un tiret, précédé d’un point et virgule :

C’est ainsi, au surplus, que nombre d’écrivains en ont jugé (Sainte-Beuve, Lundis, t. III, p. 25 ; — Brunetière, Histoire de la Langue et de la Littérature françaises, t. IV, p.150 ; — Petit de Julleville, la Littérature française, t. III, p. 24) ; nous ne pouvons dès lors que nous conformer…

70. Rejetées au bas des pages, à l’instar des notes, les références ne sont soumises à d’autres règles particulières que celles relatives aux abréviations, — à l’emploi des mots Idem, Ibidem, ou autres remplaçant les noms d’auteurs et les titres d’ouvrages, — et à l’usage des grandes et petites capitales et de l’italique.

71. Lorsque la note se compose d’une série ininterrompue de références indépendantes, ces références sont séparées les unes des autres par un tiret, précédé d’un point ou, préférablement, d’un point et virgule.

72. Le mot ibidem (signifiant au même endroit, au même passage, au même livre) est employé pour éviter la répétition fréquente d’un titre d’ouvrage.
xxxx Ce mot se compose toujours en italique comme le titre des ouvrages ; il s’abrège Ibid., avec la grande capitale initiale.

73. Le mot idem (qui veut dire le même, la même personne, la même chose), que l’on abrège Id., remplace généralement, dans les indications de sources, les noms d’auteur que le rappel d’une même référence obligerait à répéter à maintes reprises.
xxxx Suivant la manière dont le nom d’auteur qu’il remplace devait être exprimé, on compose ce mot : en petites capitales avec une grande capitale initiale (Idem) ; en bas de casse italique avec grande capitale initiale (Idem) ; ou, encore, en bas de casse romain avec une grande capitale initiale (Idem).

74. L’emploi des expressions Idem, Ibidem, est soumis à des règles précises. Si plusieurs notes successives d’une page citent le même auteur ou renvoient au même travail :

a) Lorsque le nom de l’auteur est exprimé et précède le titre de l’ouvrage, ce nom est indiqué seulement à la première note :

1. Dalloz, Précis de Droit commercial et industriel, t. I, p. 75 ;

dans les notes suivantes, le nom d’auteur est suppléé par le mot idem (abrégé Id.), composé suivant les indications du paragraphe 73 ; le titre du travail est remplacé par l’expression ibidem (abrégée Ibid.) :

2. Id., Ibid., t. I, p. 85 ;

b) Lorsque le nom d’auteur n’est pas exprimé, la première note contient l’énoncé du titre du travail :

1. Précis de Droit industriel et commercial, t. III, p. 50 ;


dans les notes suivantes, cet énoncé est, comme précédemment, remplacé par le mot ibidem (abrégé Ibid.) :

2. Ibid., t. III, p. 65.

c) Lorsque, dans une indication de sources, la note comporte l’énoncé, sous un seul nom d’auteur, de deux ouvrages différents :

1. Berthelot, la Synthèse chimique, 5e édit., t. III, p. 255 ; — Science et Philosophie, t. I, p. 275 ;


on ne peut, pour les notes suivantes de la même page, employer le mot Ibid., si la référence ne se rapporte qu’à un seul de ces deux ouvrages : il est nécessaire d’énoncer le titre de l’ouvrage à rappeler :

2. Id., Science et Philosophie, t. I, p. 285 ;


le mot ibidem pourrait en effet, dans ce cas particulier, donner lieu à confusion ;

d) De même, lorsque le nom d’auteur est absent dans une note contenant l’indication de plusieurs ouvrages :

1. Petit Manuel du Compositeur typographe, chap. X, p.50 ; — Guide du Correcteur typographe, p. 15 ; — Memento typographique, p. 55 ;


le mot ibidem ne saurait être employé pour les références suivantes qui ne viseraient qu’un seul des travaux cités ; il est indispensable de rappeler le titre du travail auquel l’auteur prie le lecteur de se reporter :

2. Petit Manuel du Compositeur typographe, chap. xv, p. 155 ;

e) Avec les expressions op. cit., op. laud., loc. cit., et autres analogues, qui renvoient à un ouvrage ou à une fraction d’ouvrage antérieurement cités, l’emploi du mot ibidem, ibid., ne saurait avoir lieu, ces expressions ayant une signification générale analogue ;

f) Avec ces mêmes expressions le terme Idem, Id., se rencontre rarement. En effet, ou bien le nom d’auteur précède dans la référence les mots loc. cit., op. cit., etc. ; ou bien le renvoi de note est dans le texte accolé à ce nom d’auteur ou à un terme équivalent, ne laissant place à aucune incertitude ;

g) De manière générale, dans leurs manuscrits, les auteurs suivent régulièrement les règles qui viennent d’être exposées ; et il est d’usage, lors de la composition d’un labeur, de composer les références, sans se préoccuper des modifications auxquelles pourra donner lieu ultérieurement la place qu’elles occuperont dans la mise en pages ; c’est au cours de celle-ci seulement que le metteur doit apporter à la rédaction des références les changements de texte indispensables pour que l’emploi des expressions idem, ibidem, op. cit., loc. cit., etc., soit conforme aux règles typographiques.
xxxx L’attention du correcteur doit, en outre, s’attacher, au cours de la « lecture en bon », à éviter toute infraction à ces règles, car bon nombre d’écrivains négligent, lors du bon à tirer ou avant celui-ci, d’indiquer les modifications auxquelles conduit inévitablement la mise en pages, et rien n’est plus déconcertant, pour le lecteur, que de rencontrer, dans une page, en tête d’une série de notes, un exemple de ce genre :

1. Id., Ibid., t. III, p. 215.
2. Dalloz, Précis de Droit civil, t. II, p. 850.
3. Id., Ibid., t. II, p. 425.
4. Dalloz, Précis de Droit civil, t. II, p. 475.

75. Certains auteurs typographiques recommandent, lorsque le nombre des notes de l’ouvrage est restreint, de répéter à chaque référence le nom de l’auteur ainsi que le titre de l’ouvrage.
xxxx Cette méthode offre l’avantage de parer à toute cause d’erreur, particulièrement lorsque les corrections d’auteur, en première, en seconde, ou même en bon à tirer, obligent à des transpositions de texte ou de notes.

76. En aucun cas, le tiret ne saurait être employé pour remplacer, dans les références ou les sources, le nom d’auteur, le titre d’un ouvrage précédemment indiqués, ou les expressions idem, id., ibidem, ibid., op. cit., loc. cit., etc.
xxxx L’emploi du tiret, aux lieu et place des noms d’auteur et des titres d’ouvrages, est strictement limité aux catalogues, aux tables de matières.

77. Si un texte de note comporte l’indication d’une ou de plusieurs références, entre parenthèses soit à l’intérieur même de la phrase, soit à la fin, on applique les mêmes règles de composition que pour les références du texte :

(1) On voit par cet exemple (Petit de Julleville, Précis de Littérature française, p. 25) que la langue romane, émanation directe incontestable du latin…

Certains auteurs mettent en tête du texte de la note les sources auxquelles ils renvoient ; ces références sont généralement séparées du texte qui les suit par un point suivi d’un tiret :

1. Petit de Julleville, Précis de Littérature française, p. 25. — On voit par cet exemple que la langue romane, émanation directe incontestable du latin, et non point, comme on le prétend, du dialecte celte…

Le deux-points est employé, de préférence au tiret, lorsque la référence appelle une citation mise entre guillemets :

1. Manuel de Jurisprudence commerciale, t. I, p. 25 : « La loi du 25 décembre 1925 a créé une confusion dans l’esprit de nombre de personnes. »

78. Une référence, relative à un texte de note entre guillemets, et rejetée en fin de citation, ne se sépare pas de la citation par un tiret, mais se place entre parenthèses :

(1) Avec la plupart des commentateurs il faut répéter : « La loi du 25 décembre 1925 a créé une confusion dans l’esprit de nombre de personnes » (Manuel de Jurisprudence commerciale, t. I, p. 25).

Dans les différents cas de dépendance directe ou de rapport secondaire avec la phrase qui fait naître ce rejet, l’emploi et la place de la ponctuation peuvent être différents[2]. Certains auteurs exigent que, dans l’exemple précédent, la ponctuation soit la suivante :

(1) Avec la plupart des commentateurs il faut répéter : « La loi du 25 décembre 1925 a créé une confusion dans l’esprit de nombre de personnes. » (Manuel de Jurisprudence commerciale, t. I, p. 25.)

  1. L’expression parenthèse est employée ici dans le sens de texte incident, placé entre parenthèses.
  2. Voir à ce sujet les paragraphes 65 à 68 de ce chapitre.