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Le Radium qui tue/p09/ch02

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Éditions Jules Tallandier (12 Voir et modifier les données sur Wikidatap. 405-413).


CHAPITRE II

La Clairière radiante


Une heure a coulé ainsi.

L’automobile, au lieu de poursuivre sa route vers les bois, opère un brusque crochet et s’engage dans un vallonnement resserré entre deux collines.

Des exploitations de pierres ont déchiré les flancs des hauteurs. Les roches, déchiquetées par la mine, apparaissent en plaques blanchâtres, perçant le ton foncé des verdures. La Botera file toujours.

Soudain, elle stoppe brusquement.

À deux pas de la machine, une clôture de lattes forme une sorte de courette entourant une baraque de planches.

Et à un sifflement modulé de façon particulière par le joaillier, la porte branlante de la cahute s’ouvre. Un homme parait. Il a l’allure d’un carrier, d’un de ces moujiks qui extraient la pierre renommée de Bjorsky.

Il vient auprès de celui qui l’a appelé. Les deux hommes s’entretiennent à mi-voix.

Mais Fleuriane et son père ont beau prêter l’oreille, ils ne comprennent pas le sens des paroles prononcées.

Certes, ils reconnaissent des mots français, mais ceux-ci sont noyés dans des vocables étranges, inédits. Quel est ce langage ? À coup sûr ce n’est pas du russe. Bien qu’ils ne le parlent pas, les voyageurs se sont familiarisés depuis des semaines avec les consonnances moscovites. Ils ne sauraient s’y tromper. Donc, ni russe, ni français, ni anglais, ni allemand, ces derniers idiomes leur étant plus ou moins connus.

Le conciliabule prend fin. Larmette descend. Le carrier le remplace au volant.

Alors, le joaillier s’adresse à ses victimes :

— Vous ferez en tout point ce que vous demandera celui-ci. Je lui délègue mon autorité sur vous.

Puis il s’écarte de la voiture, étend la main, prononce :

— Va !

Le carrier actionne la machine. La Botera tourne sur elle-même et rejoint la route qui serpente, à travers les fourrés, vers la forêt de Bjorsky.

Cependant, la machine s’est engagée dans un chemin mal entretenu, qui escalade des mamelons, redescend dans des vallonnements, franchit, sur des ponts rustiques, des ruisselets bondissant dans leurs lits caillouteux avec des airs furibonds de torrents en miniature.

On est en pleine forêt à présent. De toutes parts, des arbres de haute venue masquent la vue. Sapins altiers, chênes, ormes, érables alternent avec les mélèzes et quelques bouquets de frênes.

— Nous sommes arrivés !

Ces mots sont prononcés par le guide, qui arrête la machine à l’entrée d’une petite clairière herbeuse. L’homme saute à terre et, d’un ton rude :

— Descendez !

Que faire, sinon se plier à la fantaisie de l’agent de Larmette ?

— Où sommes-nous ? murmura cependant Fleuriane.

Elle fut surprise, car l’homme répondit sans hésiter :

— Clairière de Nicolas Slavarède.

Sa main s’étendit vers un arbre voisin, sur le tronc duquel, à quatre mètres du sol environ, était fixée une niche de bois en forme de guérite, servant d’abri à une silhouette grotesque et naïve,

— La statue de saint Nicolas Slavarède, acheva le carrier.

L’ouvrier s’était éloigné de quelques pas, regardant le sol, avec des haussements d’épaules, des gestes des bras. Il semblait gourmander quelqu’un à voix basse.

Étonnés par sa singulière attitude, M. Defrance et sa fille cherchèrent à comprendre ce qui la motivait. Ils ne virent rien que l’herbe fanée, jaunie, comme brûlée par le soleil. Cela était étrange pourtant. Les gazons ne prennent cet aspect qu’à la fin des ardents étés, et l’on était seulement en juin.

Partout ailleurs, les herbes se montraient vivaces, d’un vert sombre indiquant la terre humide, féconde en liquides nourriciers.

Leur compagnon ouvrit le coffre de l’automobile dont il tira trois petites pelles plates et tranchantes.

Il garda l’un de ces instruments et tendit les deux autres aux voyageurs.

— Que devons-nous faire de cela ? questionna la jeune fille.

— Enlever les plaques de gazon aux endroits que je vous désignerai.

Et comme ils le regardaient avec stupéfaction, ne concevant rien à la bizarre occupation a laquelle on les condamnait, il poursuivit avec un commencement d’impatience :

— J’ai enfoui un trésor ici ; je le déterre, voilà tout. À présent, assez causé, au travail !

S’il était ennuyeux d’accepter les ordres du personnage, le labeur, en lui-même, n’avait rien de bien pénible. Aux endroits désignés, les voyageurs, grâce à leurs pelles parfaitement adaptées à cet usage, découpaient des carrés de gazon, qu’ils soulevaient en glissant au-dessous la palette de leur outil, agissant alors comme un levier.

Ivan, puisque leur guide leur était connu sous ce nom, venait derrière eux. Au centre de chacun des espaces dénudés, il enfonçait jusqu’au manche la lame tranchante, exerçait une pesée, puis se penchait, fouillait dans la terre soulevée, y prenait des objets qu’il enfouissait aussitôt dans un sac de toile jeté en bandoulière sur son épaule, puis replaçait les plaques de gazon. Que ramassait-il ? Ni M. Defrance, ni sa fille ne parvinrent à le voir.

Ils remarquèrent, seulement qu’ils opéraient suivant un cercle concentrique à la clairière. La remarque était certainement juste, car, alors qu’en enlevant cette dernière motte herbeuse, la Canadienne se déclarait avoir parcouru la complète circonférence, Ivan grommela :

— Reposez-vous. C’est fini. On viendra vous reprendre dans une heure.

Il sautait en même temps sur l’automobile.

— Vous nous abandonnez ? s’écrièrent les voyageurs.

L’autre eut un haussement d’épaules.

— Non, non, rassurez-vous. Vous êtes un autre trésor. Pas de danger que l’on vous oublie. On vous reprendra dans une heure, comme je vous le dis.

La Botera évoluait. Elle s’enfonça dans l’avenue par laquelle elle était arrivée ; son ronflement diminua peu à peu, puis cessa de se faire entendre.

Le père et la fille restaient seuls dans la clairière de Nicolas Slavarède.

— Asseyons-nous, murmura le Canadien. Puisque l’on nous oblige à attendre, attendons avec le minimum de fatigue.

Il se laissait tomber au pied de l’arbre supportant la statue du saint.

Fleuriane prit place en face de lui.

— Ne serions-nous pas dans le voisinage d’une fourmilière ? s’écria soudain la jeune fille.

— Ah ! voilà qui est fort, dit le Canadien. J’allais précisément te dire la même chose.

— Vous éprouvez des picotements ?…

— Par tout le corps, mais plus spécialement à la figure et aux mains.

— Comme moi, tout à fait comme moi.

Tous deux se considérèrent avec ahurissement. Sur leur visage, leurs mains, pas trace de fourmis. Et pourtant le picotement continuait, pas très douloureux, mais agaçant au suprême degré.

— Qu’est-ce que cela veut dire ?

Fleuriane, ayant reporté ses regards sur ses mains, eut une exclamation de surprise.

— Père, voyez, voyez mes mains.

Sur la peau blanche, à la clarté très franche de la lune, on distinguait des points rosés, plus spécialement nombreux sur les doigts fuselés de la jolie Canadienne. Et M. Defrance, ayant exposé ses mains aux rayons de l’astre nocturne, murmura :

— Mais moi aussi. Je suis constellé de ces points roses. Ah çà ! qu’est-ce qui provoque cette étrange affection ?

Sans doute, les voyageurs auraient continué longtemps à chercher d’où pouvait provenir la singulière irritation de leurs épidermes, mais un bruit insolite les força à s’occuper d’autre chose.

La forêt silencieuse répercutait maintenant un galop de chevaux. On eût cru qu’une troupe nombreuse passait à fond de train sous le couvert.

Le bruit se rapproche. On devine que les chevaux sont poussés sans relâche, que les cavaliers ont hâte d’atteindre un but fixé d’avance. Et puis un son nouveau devient perceptible ; le ronflement caractéristique des automobiles se mêle à la galopade des quadrupèdes.

Et, de toutes parts, des craquements crépitent parmi les broussailles.

Étrange. Le bruit cesse tout à coup. Les voyageurs s’interrogent du regard. Leurs lèvres s’entr’ouvrent pour cette question :

— Que signifie tout cela ? Quelle nouvelle surprise nous est réservée ?

Mais ils ont le même mouvement d’épaules découragé. Comment connaîtraient-ils la cause d’une manœuvre de cavalerie ?

Ils reviennent à l’impression qui les tracassait tout à l’heure, à cette irritation de l’épiderme qui dure toujours. Car de quelque côté qu’ils se tournent, une chose inexplicable se dresse. Ils sont pris dans la trame du mystère.

— Nous n’avions rien de semblable en quittant l’hôtel de Moskva-Restauration.

— Cela est évident, père. Des impressions aussi désagréables ne sauraient passer inaperçues, si préoccupé soit-on.

— Alors, ces rougeurs ne proviendraient-elles pas du travail que le maudit Larmette nous a fait exécuter ?

— Oh ! remuer du gazon, un peu de terre…

Mais le Canadien tient à l’idée encore vague en son esprit.

— Le coquin qui nous a conduits ici nous a laissé les bizarres petites pelles dont il nous avait armés. Si nous nous en servions pour soulever les plaques de gazon qu’il a soigneusement replacées…

— Qu’espérez-vous de ce travail, mon père ?

— Eh ! le sais-je ?… Observer, chercher… voilà ce que je souhaite.

Fleuriane ne résista pas davantage. Elle aussi, après tout, désirait découvrir la cause du labeur singulier auquel on l’avait contrainte.

Un instant plus tard, le père et la fille bouleversaient les mottes gazonnées. M. Defrance se penchait, observant le sol mis à nu avec une attention profonde. Or, dans chaque surface découverte se discernait la forme d’un cube rectangulaire. Le sol avait l’empreinte d’un corps ; selon toute probabilité, d’une boîte enfouie là.

— Les petits coffrets contenaient le trésor, déclara le Canadien.

— Pas bien considérable en ce cas, fit Fleuriane en riant. Il y avait une vingtaine de boites, chacune mesurant cinq centimètres sur deux.

M. Defrance poussa un cri. Il se baissa vivement, et, tendant à son interlocutrice un objet qui brillait sous la clarté lunaire :

— Considère ceci, Fleuriane.

— Ce n’est qu’un fragment de tube de verre brisé.

— Oui, mais ce fragment explique les points rouges, les picotements ; il démontre que M. Dick Fann ne s’était point trompé en ce qui concerne le voleur du radium mondial.

Elle se tenait toute droite, les lèvres entr’ouvertes, toute sa gracieuse personne exprimant la surprise.

Doucement, son interlocuteur murmura avec un sourire :

— Ceci est un tube à radium. Ses dimensions sont caractéristiques.

La jeune fille eut une exclamation de désespoir :

— Mais alors, nous l’avons aidé à mettre en sûreté les preuves de son crime !

— De notre crime, veux-tu dire ! rectifia M. Defrance.

Et, elle, lui jetant un coup d’œil stupéfait, il reprit :

— De par le papier que j’ai signé pour t’arracher au knout, ne suis-je pas le voleur ?

Soudain, tous deux demeurèrent pétrifiés sans songer à se séparer.

Un nouveau personnage venait de bondir dans la clairière, un revolver à la main, et braquant son arme sur eux, clamait :

— Rendez-vous, ou je vous brûle !

Fleuriane eut un cri éperdu :

— Monsieur Dick Fann !

Celui qui la menaçait de son revolver chancela, recula d’un, pas, bégayant d’une voix étranglée, stupéfaite, déchirante :

— Mademoiselle Fleuriane ! Monsieur Defrance ! Vous ! Vous !

C’était le détective-amateur se retrouvant si inopinément en face de ses amis dont il avait été séparé depuis le détroit de Behring.

— Mais on va vous arrêter ! On doit emprisonner quiconque sera trouvé dans la clairière de saint Nicolas Slavarède.

Dick lui prit le bras, le serra avec force.

— vous ne comprenez pas ? Arrêtés, Jetés en prison ? Vous ! Elle ! Je vous suivais de loin. À vous voir soumis aux ordres de Larmette, je conclus qu’il vous avait conquis moralement.

— Conquis ? Dites réduits en esclavage ! gémit Fleuriane. Pour l’empêcher de me faire périr sous le knout, mon père a déclaré par écrit être le voleur du radium et des corindons.

— Oh ! Je vous sauverai malgré tout.

Defrance esquissa un geste dubitatif, mais Fleuriane l’interrompit :

— J’en suis sûre, moi… j’ai confiance. Dites ce que nous devons faire, je le ferai.

Dick adressa à la jeune fille un regard reconnaissant. Puis, avec cette netteté qui le caractérisait, il parla :

— D’abord, sachez ce qui est. Un pensionnat de jeunes filles nobles a fêté un anniversaire par un repas champêtre ; ce festin eut lieu ici, hier, dans cette clairière de Nicolas Slavarède. Elles rentrèrent à la pension souffrant d’un mal étrange. Maitresses et élèves portaient sur le corps des brûlures et aucune n’avait eu conscience de se brûler.

Un double cri souligna l’affirmation.

— Je comprends… Tenez, comme nos mains, notre visage…

— Quoi, vous aussi ?

— Ce Larmette nous a employés à déterrer son « trésor », avec l’aide d’un complice qui est retourné vers lui… J’ai eu le sentiment que le radium…

— Vous y êtes… le radium. Avisé de ce qui se passait à l’Institut des Nobles Barines, je ne tardai pas à être convaincu. Brûlures produites par les radiations. Donc, radium enfoui dans la forêt de Bjorsky et en notable quantité. Pourquoi enfouir ce corps précieux, sinon parce que l’on n’ose avouer qu’on le possède ? Cette crainte implique possession illicite. Un nom me vint aussitôt à l’esprit : Larmette. Et ne soupçonnant pas que je vous trouverais ici, sachant que le misérable, ayant assisté à une réception au Kremlin, avait entendu sûrement parler de l’étrange aventure des Nobles Barines, j’ai instruit la police russe. À cette heure, une sotnia de cosaques cerne cette partie du bois, prête à intervenir au premier signal et ce signal, il faut que je le donne.

— Eh bien, donnez-le.

Dick sursauta. Très paisiblement, Fleuriane avait prononcé ces quatre mots.

— Mais le donner, c’est…

— C’est nous faire emprisonner ; c’est pousser Larmette à rendre public le papier que père a signé. Je le sais bien… Seulement, monsieur Dick, l’honneur de mon père, le mien sont un peu à vous, j’imagine ; aussi je suis certaine que vous réussirez à nous le conserver.

— Prends garde, s’exclama le Canadien, tu demandes des choses au-dessus du pouvoir d’un homme…

Elle ne le laissa pas continuer.

— Ce n’est point à « un homme » que je confie notre honneur, père, c’est à mon… fiancé !

D’un mouvement brusque, Dick saisit la main de la jeune fille, la porta à ses lèvres, et, d’une voix frémissante :

— Voici ce qu’il y a à faire. Larmette doit-il venir vous reprendre ici ?

— Oui, l’automobile, nous a dit son agent en nous quittant, nous reviendra. Nous l’attendons.

— Parfait ! Je vais disparaître, transmettre ces renseignements à mes… collègues moscovites… ! Que Larmette se présente, et ils apparaîtront. Vous protesterez, vous direz la vérité. Il sera obligé, alors, de produire son terrible papier. On le croira ; cela, il n’en faut pas douter… Un aveu écrit, on ne peut rien contre cela. On vous emmènera à Moscou, vous serez jetés en prison… Cela me brise le cœur, mais ne saurait être évité. J’espère obtenir que vous soyez traités doucement, détenus à part. M. Defrance est riche ; avec de l’argent, les prisons elles-mêmes s’humanisent. Peut-être cela est-il heureux. Larmette ne pouvant momentanément rien contre vous, j’aurai les coudées plus franches. Où vous a-t-il quittés ?

— Dans un vallon tout proche de la forêt. Des carrières de pierre y sont en exploitation. Une cabane, y servait d’abri à son complice.

— Bon, à l’avenir ne parlez jamais de moi, à moins que ce soit pour m’accuser de vous avoir abandonnés.

— Jamais !… protesta la jeune fille.

— Je vous en prie, fit-il doucement.

Elle lui tendit la main avec ce seul mot :

— J’obéirai.

Soudain, un, bourdonnement léger retentit au loin.

Dick Fann se pencha, prêta l’oreille ; puis, après un instant :

— C’est la Botera.

— La Botera, comment pouvez-vous la reconnaître ainsi ?

— Son moteur de cent chevaux produit un son très différent de ceux des voitures usuelles. Je vous affirme que c’est elle… ne discutons pas ; vous le verrez tout à l’heure ; mettons à profit les quelques instants dont nous disposons.

Et rapidement, comme s’il craignait de perdre une seconde :

— L’agent de Larmette est venu ici ?

— Oui, répliquèrent les voyageurs, sans deviner le but de la question.

— S’est-il promené dans la clairière ?

— Oui. Il ramassait le radium, alors que nous, avec ces pelles que vous voyez, nous soulevions les plaques de gazon.

Sans un mot de plus, Dick courut auprès des mottes retournées un instant plus tôt par Fleuriane et son père. Il s’agenouilla sur le sol, se pencha, eut un murmure joyeux, et, à l’aide d’une petite règle graduée qu’il tira de sa poche, il prit diverses mesures.

Après quoi, il se releva, revint à ses amis, leur étreignit nerveusement les mains et s’élança sous le couvert où il disparut. Un mot leur parvint encore :

— Adieu !

Quelques craquements de branches, puis plus rien.

Le ronronnement du moteur, tout à l’heure signalé par Dick, se faisait plus puissant. L’automobile approchait rapidement.

Avec un bruit assourdissant, la Botera fit irruption dans la clairière de Nicolas Slavarède. Larmette avait repris sa place à la direction. Quant à son complice, il avait dû rester à la carrière.

— Allons, montez, ordonna le joaillier d’une voix joviale, et en route !

Il se tut, des ombres nombreuses avaient jailli de l’épaisseur du bois, formant un cercle menaçant autour du véhicule et des trois personnages.

— Qu’est-ce ?

L’un des nouveaux venus s’approcha.

— Au nom du tsar et de la sainte Russie, je vous arrête comme les voleurs de radium que, depuis plusieurs mois, les polices du globe recherchent vainement.

Un éclat de rire sonna dans la clairière. C’était le joaillier qui s’adonnait à cette hilarité.

— Par ma foi, s’exclama-t-il enfin, on ne saurait demander à un fiancé très épris de dénoncer sa chère aimée et son père ; mais de là à être englobé dans une accusation infamante, il y a un abîme. Je me taisais par amour… je parlerai par honneur.

Et, tirant un portefeuille, il en sortit un papier qu’il tendit au policier.

— Voici qui prouve ma parfaite innocence. C’est l’aveu signé par le voleur, M. Defrance, ici présent.