Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quitte de l’assiduité que vous lui avez promise à ses couches, pourvu que vous vous portiez de bonne grâce à m’obliger : Mlle de Beverweert est prête à rendre des oracles en ma faveur. Il me semble que je la vois les cheveux en desordre et les coiffes de côté ; que je la vois toute émue de son esprit, toute inspirée de son Dieu, vous dire impérieusement : Baisez le vieillard, REINE, baisez-le.

Que ferez-vous, Madame ? Négligerez-vous les prières, les avertissements, les oracles ? Compterez-vous pour rien mes services des dents que j’ai sauvées1, le charme de vos oreilles que j’ai découvert ? Compterez-vous pour rien les précipices où je me suis jeté, les périls que j’ai courus, les douleurs que m’a données votre maladie : douleurs qui égaloient pour le moins les vôtres ? Mais ce qui est le plus important, n’aurez-vous aucun soin de votre salut ? S’il est ainsi, Madame, plus de sainteté, plus de sagesse, plus de reconnoissance, plus de justice. Adieu toutes les vertus. Vous serez comme une simple femme, comme une petite coquette, à qui une ride fait peur, et que des cheveux blancs peuvent effrayer.

Mais je m’alarme avec bien peu de raison.


1. M. de Saint-Evremond empêcha Mme Mazarin de se faire arracher quelques dents.