Aller au contenu

Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, reprit Alios, voulez-vous qu’il voie ma tante ainsi toute nue ? — Tu ne sais donc pas, dit le père à sa fille, que ce saint homme connaît ta tante jusque dans le fond de l’âme, et qu’on ne lui doit rien cacher ? La tante d’Alios baissa néanmoins sa chemise, pendant que sa nièce alla ouvrir la porte. Le père Théodore entra aussitôt et loua la tante d’Alios du bon exemple qu’elle donnait à sa nièce ; il fit ensuite un discours sur ce sujet, mais avec tant de force et d’énergie, que peu s’en fallut qu’Alios ne le prévint pour le prier de la traiter avec le plus de vigueur qu’il pourrait.

Agnès. — Ah ! Dieu ! est-il possible ! Alios était-elle si folle ? Était-elle si simple et si bigote ?

Angélique. — Tu aurais eu de la peine à ne te pas rendre, et il t’aurait sans doute persuadée. Il leur prouva par un discours poli, et apparemment étudié, que la virginité, sans la mortification et la pénitence, n’était aucunement méritoire ; que ce n’était qu’une vertu sèche et stérile, et que si elle n’était accompagnée de quelque châtiment volontaire, il n’y avait rien de plus vilain, et même de plus méprisable. Celles-là sans doute, continua-t-il, doivent rougir de honte qui se mettent nues devant les hommes, afin de se prostituer à leur convoitise ; mais au contraire les autres sont louables qui ne le font que par un principe de piété et de pénitence, et même d’un saint zèle pour la purification de leur âme. Si vous considérez l’action des premières, dit-il, en continuant de parler, vous n’y