Aller au contenu

Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que quelqu’un ne nous surprenne, ou que notre abbesse, qui a l’œil à tout, comme tu sais, ne prenne garde à nos longs et fréquents entretiens, et ne nous ordonne, pour pénitence, de ne nous voir qu’à l’office et au réfectoire.

Angélique. — Pour aujourd’hui, je te réponds si elle prend garde à nous ; elle a d’autres choses en tête ; elle est allé voir sa prisonnière, ou plutôt son prisonnier, et c’est tout dire ; quand elle y est une fois, elle s’oublie.

Agnès. — Il est vrai que cette bonne dame est fort charitable. Mais quel est ce prisonnier, ou cette prisonnière, qu’elle est allée visiter, et dont tu parles d’une manière si ambiguë ?

Angélique. — J’ai raison de t’en parler ainsi, car c’est le plus plaisant ambigu dont on ait ouï parler ; mais l’énigme est entièrement déchiffrée, et je devais te dire d’abord, sans aucun détour, que madame est avec son prisonnier.

Agnès. — Ce que tu viens de me dire est tellement énigme pour moi que je n’y puis rien comprendre. Mais je vois bien qu’il est arrivé quelque chose de nouveau, et où l’abbesse a beaucoup de part ; je brûle d’impatience d’en savoir tout le détail ; hâte-toi de me l’apprendre, et ne me fais pas languir.

Angélique. — Je vois bien que tu dors tandis que les autres veillent, et que tu es encore novice dans le métier que nous faisons.

Agnès. — Pas tant que tu pourrais penser ; et