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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/199

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de le débourser. Il vint plus rarement à la légation, et choisit pour ses promenades les chemins où M. Sabatier ne passait pas. Cependant, comme le créancier et le débiteur n’étaient pas des montagnes, ils finirent par se rencontrer.

« Mon cher D…, dit familièrement M. Sabatier, si vous ne me payez pas deux cents drachmes, je vous donnerai du pied vous savez où.

— Monsieur le ministre, ne prenez pas cette peine ; j’aurai l’honneur de vous porter l’argent. »

Un mois après, deuxième rencontre : « Préfet, mon bel ami, dit le ministre, vous savez où je vous donnerai du pied si vous ne me payez pas deux cents drachmes. »

Quelques semaines plus tard, le ministre et le préfet se rencontrèrent au milieu de quinze ou vingt personnes : « Préfet très-illustre, dit M. Sabatier, c’est aujourd’hui que vous recevrez ce dont nous sommes convenus, si vous ne me payez deux cents drachmes.

— Mon cher monsieur le ministre, je vous jure que je suis sans un sou. Peut-être ai-je sur moi un billet de cinquante drachmes : seriez-vous assez clément pour l’accepter en à-compte ?

— C’est deux cents drachmes à donner, préfet très-précieux, ou un coup de pied à recevoir.

— Mon cher monsieur le ministre, j’aimerais mieux ne rien recevoir et ne rien donner, si vous vouliez bien le permettre. Mais je me rappelle que j’ai mis dans cette poche un billet de cent drachmes, et justement le voici. Cent cinquante drachmes, monsieur le ministre ! Ne me ferez-vous pas grâce du reste ? »