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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/293

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ennemis on n’a pas besoin d’une armée : il suffit d’une gendarmerie.

Alléguera-t-on l’exemple des petits États d’Allemagne qui entretiennent des troupes ? Ces États, qui n’ont d’autres protecteurs qu’eux-mêmes, font partie d’une confédération, et peuvent, en réunissant leurs forces, tenir tête à des ennemis puissants.

Si la Grèce n’a point de routes, si les forêts ne sont pas exploitées, si les terres ne sont pas cultivées, si les mines ne sont pas fouillées, si les bras manquent, si le commerce extérieur n’a pas fait les progrès qu’il devait faire, c’est parce que depuis vingt ans la Grèce a une armée.

Si le budget est régulièrement en déficit, si la Grèce est hors d’état de servir les intérêts de la dette, c’est parce qu’elle a une armée.

Si le peuple et le gouvernement ont eu l’idée déplorable de franchir la frontière de Turquie et de prendre part à la guerre d’Orient, c’est parce qu’ils se disaient : « Nous avons une armée. »

Le roi tient beaucoup à garder son armée. Il y tient par vanité et par ambition. S’il était livré à lui-même, nous verrions le budget de la guerre s’élever à plus de 9 millions de drachmes, comme en 1834. Le roi se complaît à compter ses soldats ; il s’admire dans sa petite armée ; il porte l’habit militaire ; il rêve les conquêtes. Ce n’est point par une sage économie qu’il a réduit le budget de la guerre en 1838 ; c’est par la volonté expresse des puissances protectrices.

L’armée n’est que de 7 à 8000 hommes, j’en conviens ; le soldat ne coûte à l’État que 461 drachmes 55 lepta par an ; le cheval que 268 drachmes 50.