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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/213

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sans affectation de pédantisme, cette langue nouvelle, ce vocabulaire encore à naître, dont la vraie critique d’art aurait besoin avant tout. Vous n’auriez certes pas versé dans notre vieux Dictionnaire l’argot des ateliers, mais vous l’eussiez comme filtré, traduit en clair, transposé dans la langue de l’usage. Et ce que d’autres ont ainsi fait pour la théologie, pour la philosophie, pour la science, vous l’auriez fait pour l’art ; — si vous l’aviez voulu ! Mais d’autres études vous appelaient. Érudit et artiste, l’histoire vous tentait, sinon la politique, l’histoire contemporaine, l’histoire d’hier, celle qui se continue toujours sous nos yeux. Vous n’en disiez rien à personne ; vous dissertiez très congrûment sur la Loi agraire à Sparte ; vous nous racontiez le Premier Siège de Paris, par Labiénus, en l’an 52 avant l’ère chrétienne ; vous discutiez les théories du « naturalisme » et les procédés de « l’impressionnisme dans l’art. Mais tandis que l’on vous croyait tout occupé de peinture moderne ou de poliorcétique antique, vous relisiez la Correspondance et les Mémoires de Napoléon ; vous compulsiez les archives du ministère de la guerre ; vous parcouriez les champs de bataille de la Champagne et de la Belgique ; et vous écriviez vos belles histoires de 1814 et de 1815.

Nous assistons depuis quelques années à un réveil inattendu de la légende napoléonienne ; et si je dis que, de ce réveil, votre 1814 a été le premier signal, je ne pense pas, Monsieur, que la remarque en soit pour vous déplaire. Les Mémoires de Marbot, — qui nous ont révélé dans ce colonel de hussards un si remarquable émule de l’auteur des Trois Mousquetaires, — n’avaient pas encore commencé de paraître ; et la dernière image que nous eussions de Napoléon,