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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/332

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sidence des savants du monde entier, quel grand exemple ! » Et il ajoutait : « La vraie démocratie est celle qui permet à chaque individu de donner son maximum d’efforts. » Voilà un mot qui peint l’homme, et une conception originale de la démocratie ! D’autres disent : « La vraie démocratie est celle qui assure à chaque individu un maximum de bien-être et de loisir. » Ce n’est point Pasteur qui aurait fait de la réduction des heures de travail le programme démocratique par excellence ; à vouloir lui imposer une semblable règle, on aurait été mal venu. Démocrate, au sens où il l’était, il l’était héréditairement. Son père, soldat de Napoléon, décoré sur le champ de bataille, travailleur infatigable et probe, unissait dans un même culte, on pourrait dire dans un même fanatisme, l’empereur et la patrie. Sa mère, enthousiaste et idéaliste, chrétienne fervente et libérale convaincue, entrevoyait une société fondée sur la justice, où les rangs seraient répartis selon les mérites. On retrouve distinctement chacune de ces influences dans le développement du fils unique, objet, de la part de ses parents, de tous les sacrifices comme de toutes les espérances : il s’éleva bien plus haut que ceux-ci n’avaient pu le rêver, mais dans le sens où ils l’avaient dirigé. Il eut toujours une conscience attendrie de ce qu’il leur devait. Qui ne connaît les belles paroles par lesquelles il exprima son admiration et sa reconnaissance, le jour où il assista, plein d’une émotion qui le débordait, à la pose d’une plaque commémorative sur sa petite maison natale ? Je voudrais les voir inscrites sur les murs de toutes nos écoles : en même temps qu’elles feraient aux parents du grand homme leur juste part dans sa renommée, elles serviraient d’encou-