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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/333

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ragement et d’exemple. « Regarder en haut, apprendre au delà, s’élever toujours », ce viatique que le modeste tanneur d’Arbois donnait à son fils pour la route de la vie, il pourrait le donner à tous les enfants de cette France qu’il chérissait, et qui lui doit une de ses gloires les plus pures.

Pasteur resta fidèle à ces hautes leçons de famille. L’amour de la patrie, qu’il y avait puisé, ne cessa jamais d’être aussi chaud dans son âme qu’au temps où il écoutait son père lui raconter nos triomphes, nos revers et nos espérances, et où il se promettait de travailler un jour à la grandeur de son pays. On sait si l’homme réalisa le rêve de l’enfant. Dans une de ces allocutions, trop rares, où sa bouche, habituellement plissée par la réflexion silencieuse et concentrée, a quelquefois épanché, avec une simple éloquence, les grandes conceptions de sa pensée et aussi les sentiments de son cœur, après avoir décrit les difficultés, les hésitations et les angoisses du labeur scientifique, il ajoutait : « Mais quand, après tant d’efforts, on est enfin arrivé à la certitude, on éprouve une des plus grandes joies que puisse ressentir l’âme humaine, et la pensée que l’on contribue à l’honneur de son pays rend cette joie plus profonde encore. »

Il semble qu’on entende un autre héros, celui de la Chanson de Roland, pousser ce cri sublime qui retentit à travers les âges pour nous apprendre combien est ancien et enraciné dans nos cœurs l’amour de notre grande et douce patrie :

Ne plaise Dieu, ni ses saints, ni ses anges.
Que jà pour moi perde sa valeur France !

Un tel patriotisme est fécond en œuvres et en pensées :