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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/334

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il ne contient pas plus de haine que la démocratie, telle que la comprenait Pasteur, ne contient d’envie. Si nous en étions pénétrés, si nous songions toujours, dans nos actes publics et même dans nos efforts privés, à l’opinion qu’ils donneront de nous à nos voisins, si nous les soumettions tous à l’épreuve de cette question : « Contribueront-ils ou nuiront-ils au bon renom de la France ? » on ne verrait pas, Messieurs, — pareilles à ces voiles impurs et brillants qui flottent parfois au-dessus des breuvages les plus salubres, et dont Pasteur a décelé l’origine et la composition, — tant de productions frivoles ou malsaines s’étaler à la surface de notre littérature et de notre art et masquer les saines profondeurs de notre vie nationale. On verrait au contraire le travail, stimulé par cette généreuse émulation, grandir chaque jour en intensité, en sérieux, en fécondité, et notre chère patrie prendre vite en tête des nations civilisées le rang que ses admirables forces intellectuelles et morales lui ont toujours assuré quand elles ont été bien conduites. Imprimons fortement dans notre âme les nobles paroles du maître ; travaillons comme lui avec l’espoir de goûter peut-être aussi, dans la mesure de notre mérite, cette « joie profonde » qui remplit le cœur du citoyen quand il peut se dire qu’il a « contribué à l’honneur de son pays ».

Pieusement dévoué à sa famille, passionné pour sa patrie, Pasteur garda toujours aussi un respect filial pour la religion que lui avait enseignée sa mère. Ce grand novateur dans le domaine de la science était un homme de tradition dans le domaine du sentiment. Cela s’accorde bien, Messieurs, avec d’autres traits de son caractère que vous