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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/335

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avez pu apprécier. Vous avez admiré l’austérité de sa vie entièrement vouée au labeur, la simplicité de ses manières, son incomparable tendresse pour les siens ; vous avez plus d’une fois surpris les marques touchantes de cette sensibilité d’enfant qui s’alliait chez lui à la virilité la plus robuste. Ce rude combattant était resté voisin de la nature comme les héros antiques : comme eux, il fondait sans honte et devant tous en larmes, soit qu’il eût sous les yeux le spectacle des souffrances humaines, soit qu’il se sentît envahi par les souvenirs de ses premières années ou songeât aux amitiés tranchées par la mort, soit qu’il reçût, en ce jour incomparable de son soixante-dixième anniversaire, les hommages qu’apportaient à son génie les délégués enthousiastes du monde entier.

C’est à cause du caractère de l’homme, autant peut-être qu’à cause des découvertes et des bienfaits du savant, que Pasteur a été aussi aimé qu’admiré, aussi populaire que célèbre. Il a vu, presque seul parmi les grands hommes de son siècle, sa gloire planer au-dessus de toutes nos dissensions, et son cercueil, dans une des rares solennités officielles où le cœur du peuple ait pris part, est entré à Notre-Dame escorté par les bénédictions des humbles comme par les hommages des grands de la terre, par les larmes des simples comme par les regrets des savants, par les prières de ceux qui croient comme par les méditations de ceux qui cherchent.


La vie de M. Pasteur a été retracée par des mains délicates et pieuses, et toute la France connaît cette simple histoire, qui se résume en quelques mots : volonté, cou-