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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/342

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Par un rare privilège, en effet, il fut grand dans les deux directions. Ses découvertes théoriques ont renouvelé des parties essentielles de la science ; ses découvertes pratiques ont accru les richesses, diminué les souffrances, prolongé la vie de milliers d’êtres humains, de millions si on ajoute leurs bienfaits à venir à ceux qu’elles ont déjà produits. Et ce qui rend les unes et les autres encore plus dignes d’admiration, c’est qu’elles ne cessent pas, qu’elles ne cesseront jamais d’être fécondes et d’en enfanter de nouvelles, contenues en germe dans les principes qu’il a posés, si bien qu’un de vos plus éminents confrères a pu dire, dans une de ces formules éclatantes où il enchâsse de hautes pensées : « Pasteur a opéré comme le Créateur, suscitant par un premier acte les lois d’où devait sortir le développement progressif de l’univers. » Il a eu le bonheur de voir ses idées porter leurs fruits, ses principes développer leurs conséquences avec une surprenante rapidité, en sorte que, de son vivant même, il a joui d’une gloire que nul autre savant n’a connue, que son nom a été acclamé et béni sous tous les climats et dans toutes les langues, et que le deuil de ses funérailles a été mené par le genre humain.


Vous n’attendez pas de moi, Messieurs, que je vous expose l’œuvre de Pasteur dans le détail. Celui de ses collaborateurs qui a le plus longuement secondé cette œuvre et qui en dirige aujourd’hui la continuation l’a racontée dans un livre magistral. On y suit avec un intérêt toujours croissant, depuis la première rencontre d’Œdipe avec le sphinx, les ruses patientes et les coups de main hardis par