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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/344

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toute vie. C’est aux microbes qu’on doit les fermentations et les putréfactions qui transforment la matière organique ; ce sont eux qui fécondent la terre et permettent aux végétaux d’en recouvrir la surface ; ce sont eux qui, en pénétrant dans les tissus, produisent les maladies infectieuses ; ils peuplent l’air, ils remplissent les eaux, ils saturent le sol, ils habitent les animaux et les plantes ; ils nous enveloppent, nous servent et nous menacent de toutes parts. Que dis-je ? ils sont peut-être nous-mêmes. La vie des êtres supérieurs apparaît à la science moderne comme la résultante de myriades de ces vies élémentaires. Leurs « colonies » de plus en plus populeuses et différenciées composent, du vague phytozoaire à la rose, au cèdre, à l’aigle, à la baleine, à l’homme, l’immense et chatoyant réseau dans les mailles duquel ils circulent sans trêve, toujours détruits et toujours renouvelés, depuis que s’est produite, et sans doute par eux, sur notre globe la mystérieuse éclosion de la vie. Voilà ce que la microbiologie a révélé à l’humanité stupéfaite.

Pasteur démontra d’abord que jamais ces organismes, si primitifs en apparence, ne se produisent sans germes préexistants ; il détruisit pour toujours, au moins dans les conditions où on l’avait témérairement soutenue, la croyance à la génération spontanée. Il prouva ensuite qu’ils sont les seuls agents de la décomposition de la matière organisée : il mit cette vérité capitale en lumière dans des expériences de plus en plus décisives, et finit, non sans peine, par avoir raison de toutes les résistances, parmi lesquelles, et en France et à l’étranger, il s’en rencontra de redoutables et d’acharnées. Passant aux appli-