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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/345

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cations pratiques de ces découvertes, il fit voir que certains microbes travaillent pour nous, en nous procurant diverses substances alimentaires, que d’autres nous nuisent en altérant ces mêmes substances, et il montra qu’on peut exciter les uns, écarter les autres, sauvant ainsi nos industries agricoles de pertes immenses et jusqu’alors inévitables. La science pénètre aujourd’hui jusqu’aux profondeurs de ce monde invisible dont il lui a ouvert les portes, et où s’élaborent en silence, dans un inimaginable grouillement de vie obscure et dévorante, les destinées du monde visible de la surface ; Circé bienfaisante, elle déchaîne ou refrène à son gré ces forces infimes et toutes-puissantes, qui obéissent sans le savoir à ses impérieuses incantations. Puis il s’attaqua aux maladies, dont l’étroite parenté avec les fermentations avait été souvent pressentie, à celles des animaux d’abord. Il découvrit dans un parasite microscopique la cause de l’épidémie qui ruinait l’élevage des vers à soie, et donna le moyen de la faire cesser en ne confiant le soin de la reproduction qu’à des œufs absolument indemnes : il jeta ainsi des lumières toutes nouvelles sur cette grande question de l’hérédité qui est aujourd’hui à bon droit l’un des problèmes capitaux dont se préoccupent la philosophie, la médecine et la sociologie. Puis il prouva que plusieurs maladies contagieuses des animaux domestiques sont dues à l’invasion de ces ennemis imperceptibles dont il faut des milliers pour occuper la place d’une pointe d’aiguille et qui pullulent en quelques heures par millions et par milliards. C’est alors que, guidé par la découverte tout empirique qui a rendu immortel le nom de Jenner, il eut l’idée de combattre cette invasion en inoculant préventivement