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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/346

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aux animaux, mais atténué, le virus même qui les tuerait et qui les sauve : il fit, mais avec plus de succès, ce qu’avaient tenté jadis les empereurs romains, quand ils introduisaient dans l’empire, pour combattre les Barbares menaçants, des colonies de ces mêmes Barbares, devenus d’ennemis auxiliaires. Quand il eut mené à bonne fin sa fameuse expérience de Pouilly-le-Fort, l’enthousiasme qui accueillit ce triomphe fut d’autant plus grand que le doute avait été plus persistant. Partout, en France et ailleurs, on institua des « laboratoires Pasteur » pour préparer et distribuer le vaccin, et la mortalité charbonneuse des bestiaux tomba de trente ou quarante à moins d’un pour cent. En vérité, tous les pays du globe auraient pu, à aussi juste titre que la France, offrir à Pasteur une récompense nationale, et toutes ces récompenses réunies n’auraient représenté qu’une faible partie du don inépuisable qu’il leur a fait.

Déjà ses théories sur la putréfaction, appliquées aux plaies, avaient, entre les mains de Lister, transformé la chirurgie et lui avaient permis les progrès étonnants qu’elle a réalisés sous nos yeux. L’obstétrique ne lui doit pas moins. Si nos Maternités ne sont plus des foyers d’infection meurtrière, si des milliers de mères, naguère condamnées, sont chaque année conservées à leurs enfants, ce sont les découvertes de Pasteur qui ont opéré ce miracle. Que sont, à côté de ces victoires sur l’hydre infecte et sans cesse renaissante, les travaux de l’antique dompteur, la défaite du monstre aux sept têtes, le dessèchement du lac Stymphale et la purification des étables d’Augias ?

Mais le vainqueur des monstres invisibles ne s’arrêta pas