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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/348

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forces. Après cette lutte acharnée et contre l’insaisissable ennemi, et contre des adversaires passionnés, et contre son propre cœur, il se sentit incapable de poursuivre sa glorieuse suite de conquêtes. Quand il entra dans cet Institut Pasteur que la reconnaissance et l’admiration publique ont élevé pour être le foyer constant des études qu’il a créées, il était, comme il le dit lui-même, « vaincu du temps ». Du moins il put voir encore les premiers des nouveaux progrès accomplis par cette science de la microbiologie qui marche à pas de géant dans sa route ouverte d’hier. Deux de ces progrès ont surtout frappé les esprits. À la suite des découvertes du plus grand des émules français de Pasteur, de notre illustre confrère M. Berthelot, on a songé, on a peut-être déjà réussi, — tentative vraiment extraordinaire et qui semble tenir de la magie, — à rendre le sol plus fertile en cultivant savamment les bactéries qui fixent sur la terre arable l’azote contenu dans l’atmosphère, en sorte que ces microbes, que nous avions déjà dressés à combattre pour nous contre eux-mêmes, viennent maintenant, hordes disciplinées, déposer à nos pieds les trésors accumulés par leur immense et inconscient travail. D’autre part, on a constaté que les produits toxiques des microbes, que le sang même des animaux immunisés, sont capables de produire l’effet salutaire du virus atténué. Combinée avec l’idée géniale qui avait présidé au traitement de la rage, cette constatation a fait trouver le remède presque souverain contre la diphtérie et d’autres fléaux, contre la peste elle-même, ce mal qui répand encore la terreur et qui bientôt peut-être ne sera plus qu’un souvenir. Pasteur applaudit chaleureusement à la découverte du vac-