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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/351

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lant sans relâche « pour la science, la patrie et l’humanité ».


La science, Messieurs, a plus d’un objet et plus d’une méthode, et ce n’est pas seulement dans les laboratoires qu’elle poursuit sa tâche infinie. Vous vous rappelez les discours que prononcèrent, il y a vingt ans, dans l’une des plus mémorables séances qu’ait vues cette glorieuse coupole, Louis Pasteur, de cette place même, et Ernest Renan, qui le recevait. Ces deux grands hommes, que rien ne rapprochait si ce n’est leur ardent amour de la vérité, y échangèrent des paroles inoubliables. Ce fut comme un dialogue, d’un sommet à l’autre, entre deux voyageurs qui, parvenus à la même hauteur par des chemins différents, se décriraient avec un ravissement égal les horizons que chacun d’eux contemple de son point de vue. Pasteur proclama la grandeur de la méthode expérimentale, seul instrument infaillible de la découverte ; Renan revendiqua pour la critique historique et philosophique la part qui lui revient dans la conquête et la défense du vrai : à l’esprit de géométrie, qui venait de s’affirmer avec éclat, il opposa l’esprit de finesse, qui s’insinue où l’autre n’a pu jusqu’ici pénétrer. Tous deux, en somme, sous des formes diverses, portèrent le même témoignage, que leur vie entière, consacrée à la science et illustrée par elle, proclamait plus haut encore que leurs paroles.


Cette science, pourtant, dont Pasteur fut le prêtre et le prophète, cette science à qui l’on doit tant de merveilles, on l’accuse de n’avoir pas tenu des promesses