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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/362

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un frais sourire et un limpide regard. Alexis effrayé s’enfuit héroïquement, la laissant digne d’épouser Dieu.

Humainement parlant, l’appréciation serait difficile, l’Église a prononcé. Car l’histoire est véritable, on célèbre chaque année la fête de saint Alexis.

Votre histoire poétique de Charlemagne avait déjà charmé les lettrés et ému les savants. Dans les feuillets retrouvés de la colossale épopée du moyen âge, l’histoire, a dit un grand poète, est écoutée aux portes de la légende. Le cycle n’est pas fermé. Comme un alchimiste transmue les métaux, Victor Hugo savait, comme élixir et quinte essence des légendes qu’il aimait, distiller d’inoubliables visions. Ses plus beaux poèmes de la Légende des Siècles ont été la résurrection et le réveil de ces vieux récits dont votre conscience d’érudit respectait la précision naïve.

S’il arrivait qu’au quarantième siècle, dans deux mille ans, pour nombrer à l’aventure, un curieux patient et sagace, se plaisant comme vous à la poussière des bibliothèques, eût la fortune d’y découvrir un poème en très vieux langage, commençant par ce vers :

Charlemagne, empereur à la barbe fleurie,

et qu’encouragé par ce succès, il cherche et trouve, autre débris des temps oubliés, une seconde version :

Karles li Roy à la barbe griphaigne.

Les textes s’accordent. Le glorieux empereur, dans l’un comme dans l’autre, voit ses féaux chevaliers, les meil-