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Page:Aimard - Le forestier.djvu/144

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Le Forestier

marché pendant à peu près vingt-cinq minutes encore, ils se trouvèrent arrêtés par un pan de muraille, qui s’ouvrit comme précédemment s’étaient ouverts les blocs qui avaient barré le passage aux aventuriers pendant cette longue excursion.

Derrière ce pan de muraille commençait un escalier étroit, qui montait en colimaçon.

— Nous voici dans la maison, reprit José en refermant le passage ; cet escalier contourne toute la maison, donne issue dans toutes les chambres, depuis les plus petites jusqu’aux plus grandes, conduit aussi à des chambres secrètes, qui sont au nombre de neuf, grandes, bien aérées, et desquelles on peut voir ce qui se passe dans les appartements publics de la maison ; de plus, il y a un passage qui conduit aux communs, où le même agencement se répète.

Quelle singulière habitation ! fit Miguel ; don Jésus n’avait pas besoin de nous donner les clefs de sa maison, jusqu’à présent elles ne nous ont pas servi à grand’chose.

— C’est vrai, fit le guide ; mais elles nous serviront quand nous voudrons visiter la maison réelle ; celle où nous sommes n’est que la double ; venez.

Ils le suivirent, et bientôt il les introduisit dans une chambre assez grande et bien meublée.

— Établissons-nous là provisoirement ; le cabinet de don Jésus se trouve ici à côté, nous pourrons voir et entendre nos deux voyageurs, lorsqu’ils arriveront.

— Mais nous ? fit observer Fernan.

— Nous les entendrons, il est vrai, mais ils ne nous entendront pas.

— Voilà qui est assez agréable, fit Miguel. Ah ça ! s’écria-t-il tout à coup, notre propriétaire a donc gardé les doubles clefs de sa maison ?

— C’est probable.

— Je les lui redemanderai, soyez tranquilles, dit Laurent.

— Vous n’aurez pas cette peine, répondit le guide ; il vous les rendra lui-même je pense qu’il ne les a conservées que parce qu’il avait l’intention de venir aujourd’hui.

— Qu’allons-nous faire ?

— Attendre, et pour que l’attente soit moins longue, nous mangerons ; vous avez appétit, sans doute ?

— Oui, cette course endiablée m’a creusé l’estomac, dit en souriant le jeune homme.

— Moi, j’ai le ventre dans les talons, ajouta Michel.