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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/379

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— En effet, cela fait du bien, répondit Main-de-Fer avec la fidélité d’un écho.

Le boujarron fut réintégré dans les alforjas, et les deux chasseurs, retirant les calumets indiens passés dans leur ceinture, se mirent à les bourrer avec ce soin méticuleux que prennent les fumeurs pour mener à bien cette importante opération.

Puis, avec une précision mathématique, chacun d’eux fouilla dans la poche de son pantalon, en retira un très beau porte-allumettes en or, admirablement ciselé, l’ouvrit, choisit une allumette, l’enflamma avec le pouce de la main gauche et alluma son calumet.

Cela fait, le porte-allumettes fut refermé et remis en poche.

Les deux amis s’appuyèrent chacun le dos à un tronc d’arbre et commencèrent à fumer avec cette béatitude qui fait ressembler les fumeurs aux Osmanlis faisant leur kief, après avoir absorbé une dose convenable de hatchich.

Quelques minutes s’écoulèrent, chacun des chasseurs savourant avec délices les charmes de son calumet.

— J’ai envie de dormir, et toi ? demanda Cœur-Sombre entre deux bouffées de fumée.

— Et moi aussi, répondit flegmatiquement Main-de-Fer.

— Si nous dormions ! rien ne nous presse, dit Cœur-Sombre en bâillant ; il fait très chaud.

— Dormons, répondit Main-de-Fer : la chaleur est insupportable, et puis c’est l’heure de la siesta.

Quelques minutes plus tard, les calumets étaient fumés.

Les deux chasseurs dormaient à pierna suelta, c’est-à-dire à jambe détendue, comme disent les Espagnols, ce qui se traduit en français par dormir à poings fermés.

Il n’y avait pas un souffle dans l’air.

La chaleur était véritablement accablante.

Les oiseaux, sous la feuillée, dormaient la tête sous l’aile.