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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/166

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— Pour rien au monde ! s’écria-t-il avec un geste de dénégation.

— Mais alors où irez-vous ?

— En France !

— En France ? Mais comment irez-vous ? En supposant que vous réussissiez à quitter l’Amérique, comment vivrez-vous là-bas ? La vie est chère, et quand les ressources manquent…

— C’est vrai, mais à moi elles ne manqueront pas ; j’ai dans une cache, que seul je connais, des économies suffisantes pour me faire vivre à mon aise en France, quand même ma vie se prolongerait cent ans encore, ce qui n’est pas probable.

— Alors, puisqu’il en est ainsi, croyez-moi, partez au plus vite, car avant peu la terre brûlera sous vos pieds en Amérique.

— Je vous comprends ; je suivrai votre conseil, avant un mois j’aurai quitté le Mexique.

Le lendemain, au lever du soleil, les deux hommes quittèrent le creux de l’arbre.

Ils marchèrent côte à côte jusqu’à la sortie de la forêt. Puis, après avoir échangé de chaleureux souhaits pour l’avenir, ils prirent congé l’un de l’autre et se séparèrent en se serrant une dernière fois la main.

— Pardieu ! voilà qui est bizarre, dit Navaja dès qu’il fut seul ; voilà un gaillard, dont peut-être j’aurais fait le bonheur en lui tirant un coup de fusil !

Navaja, bien entendu, ne s’occupait nullement de la mission que lui avait confiée le Mayor.

Il avait des affaires plus importantes à terminer.

Il s’agissait de donner au plus vite au Cœur-Sombre les renseignements positifs qu’il lui avait promis.

Il se dirigea donc immédiatement vers l’endroit où il était convenu, dans sa dernière entrevue avec le chasseur, de déposer ses renseignements.

Le temps était magnifique : l’orage de la nuit avait rafraîchi la terre et lavé les feuilles des arbres, qui avaient repris leur teinte verte.