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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/215

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de la caravane, afin de tout surveiller et d’éloigner des dames, même l’apparence d’un danger.

Les deux chasseurs connaissaient trop bien les savanes pour ne pas savoir combien de perfides embuscades se cachent souvent sous ces océans de verdure, qui ondulent mystérieusement au plus léger souffle de la brise, et recèlent tant de dangers terribles sous leur calme trompeur.

Mais, cette fois, aucun péril n’était à redouter.

La caravane était trop nombreuse, les cavaliers qui la composaient trop bien armés et trop braves pour qu’une attaque quelconque fût tentée.

Si des aventuriers du genre de ceux qu’on nomme rôdeurs de frontières étaient çà et là aux aguets, et certainement il y en avait un bon nombre, ils comprirent qu’il n’y avait rien à gagner pour eux dans une rencontre contre ces redoutables voyageurs, et ils se tinrent prudemment blottis dans leurs repaires ignorés.

Tout en galopant de côté et d’autre, Julian se trouva, par suite d’un hasard peut-être cherché, marcher pendant quelques instants aux côtés du capitaine Édouard Petit, qui se prélassait sur un magnifique mustang, et souriait joyeusement de se voir, lui marin, en pleine savane, et si loin de son élément de prédilection.

— Eh bien, capitaine, lui dit gaiement Julian, en rangeant son cheval près de celui du marin, êtes-vous satisfait de l’hospitalité de la Florida ?

— C’est splendide, monsieur. Depuis quinze jours, je nage littéralement dans les délices fantastiques de Capoue, répondit avec enthousiasme le capitaine qui se piquait de littérature. Je doute qu’Hannibal lui-même ait été aussi bien traité et choyé que je le suis ! Quel malheur qu’il faille quitter tout cela !

— Est-ce que vous comptez retourner bientôt à Guaymas ?

— Il le faut, monsieur. Pendant que je fais ici chère-lie, tout va mal là-bas.

— Bon ! comment cela ? Ne faut-il pas que les matelots s’amusent !