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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/356

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que vous sauriez tout si l’on m’avait laissé m’expliquer.

— Très bien ! ne recommençons pas. Fils, nous t’écoutons, parle.

— Tout d’abord, je dois vous avouer que j’ignore moi-même pourquoi j’ai fait cette acquisition,

— Comment ! tu l’ignores ? Deviens-tu fou ?

— Je ne crois pas. Voilà le fait : nous commençons, dès aujourd’hui, une lutte désespérée avec le Mayor ; je ne puis savoir encore comment cette expédition sera menée, et quelles en seront les conséquences. J’ai pensé qu’à un moment donné, peut-être, il serait bon que nous possédassions une retraite ignorée de tous, où notre amie, madame de Valenfleurs, serait pour quelques heures seulement peut-être, ou même pendant plusieurs jours, à l’abri de toute attaque et de toute surprise de la part de notre implacable ennemi. Vous connaissez cet homme, vous savez qu’il ne reculera devant rien, et qu’il nous fera une guerre de Peaux-Rouges, absolument comme si nous étions encore dans les savanes de l’Ouest lointain. Or, il m’a semblé qu’ayant devant soi un tel adversaire, aucunes précautions, si étranges qu’elles soient, ne doivent être négligées : voilà pourquoi, mon père, j’ai acheté cette maison, sans savoir encore si j’en aurais besoin et à quoi elle me servira.

— Eh mais ! cela me paraît très bien imaginé ; ton idée me semble heureuse et surtout habile. Où est-elle située, cette maison ?

— Dans un quartier perdu, tout au fond du faubourg Saint-Antoine, rue de Reuilly, 229, je ne l’ai pas encore vue.

— Comment, tu achètes une maison sans la voir, et une ancienne petite maison encore ? fit-il en riant.

— Rien n’est plus vrai, cependant. Voici comment la chose s’est passée : hier, après notre entretien, j’ai fait appeler Joseph, et je l’ai chargé de m’acheter une maison dans les vingt-quatre heures, si cela était possible, et de l’acheter meublée. Je lui expliquai dans quelles conditions