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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/357

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cet achat devait être fait. Joseph se mit en quête ; vous savez combien il est adroit et dévoué. Le hasard le conduisit comme par la main à la maison en question, qui lui sembla réunir toutes les conditions de sécurité que j’exigeais : c’est, paraît-il, une ancienne petite maison construite par les ordres du duc de Bellegarde, vers le milieu du dix-huitième siècle ; elle est encore meublée comme elle l’était du temps de son premier propriétaire. Il paraît qu’elle est admirable de luxe et de confort à l’intérieur ; Joseph l’acheta toute meublée et la paya séance tenante six cent mille francs ; c’est pour rien, elle vaut le triple ; c’est donc une bonne affaire sous tous les rapports. Aujourd’hui, à trois heures, elle sera prête à me recevoir. D’après ce que m’a dit Joseph, rien n’y manquera ; je compte aller la visiter ; voulez-vous m’accompagner, ainsi que Denizà, dans cette longue promenade ? C’est tout Paris à traverser.

— Ma foi, je ne dis pas non ; qu’en pensez-vous, chère fille ? voilà une excellente occasion de satisfaire votre curiosité.

— Non, je n’en profiterai pas, dit-elle résolument, quant à présent du moins.

— Bon ! pourquoi cela, ma belle capricieuse ?

— Pour une raison que je crois excellente. Ainsi que l’a dit Julian, nous sommes en guerre avec le Mayor ; peut-être l’hôtel est-il surveillé par des espions invisibles, chargés d’épier toutes nos actions ; il est possible que nous soyons suivis, et, alors que deviendrait cette retraite sûre, que nous voulons offrir à notre amie, la comtesse de Valenfleurs, si elle est contrainte d’abandonner son hôtel à l’improviste : toutes les précautions prises par nous seraient ainsi déjouées ; si grand que soit mon désir de visiter cette merveille, j’attendrai pour le faire que tout danger soit conjuré ; et si vous m’en croyez, mon père, vous suivrez mon exemple. C’est déjà assez, et peut-être trop, que mon mari soit contraint d’aller là-bas, rarement je l’espère ; car certainement, ses démarches seront épiées, et il aura besoin de toute son