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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/124

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— En disant que nous étions cinq.

— Nous étions cinq, en effet ; avez-vous donc oublié mon ami Tahera ?

— Comment ! il nous avait suivis ? Je croyais qu’il nous avait seulement accompagnés jusqu’à la voiture.

— Erreur, ami Charbonneau ; empêcher Tahera de me suivre quand il suppose que je puis courir des dangers, serait impossible, il serait venu malgré moi.

— C’est juste, je n’avais pas songé à cela ; mais je ne l’ai pas vu ; où donc était-il ?

— Debout, derrière la voiture.

— Et il n’y est plus ?

— Non, voilà ce qui m’inquiète ; c’est lui qui nous a prévenus de l’attaque des bandits en imitant le cri du castor. Lorsque le combat a été engagé, il s’est jeté dans la mêlée, où il a sans doute fait une sanglante et terrible besogne, car, vous le savez, c’est un brave et redoutable guerrier.

— Pourvu que ces misérables ne l’aient pas tué.

— C’est ce que nous allons savoir ; la voiture s’arrête.

Au même instant la voiture s’arrêta, en effet.

Un homme ouvrit la portière du dehors.

L’ex-coureur des bois poussa un cri de joie en le reconnaissant.

Cet homme était Tahera, impassible comme toujours.

Bernard échangea quelques mots avec lui.

Lors de l’attaque, les bandits étaient au nombre de trente-trois.

Tahera les avait comptés ; quelques-uns seulement avaient des armes à feu.

La plupart étaient ivres, ils avaient beaucoup souffert de la riposte partie de la voiture.

Onze avaient été tués ou grièvement blessés ; deux avaient été écrasés sous les roues de la voiture.

Les survivants, pris d’une terreur panique, s’étaient sauvés dans toutes les directions ; mais, cependant, ils avaient eu la précaution d’emporter leurs morts et leurs blessés, excepté les deux sur lesquels la voiture avait