Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passé, et à l’enlèvement desquels Tahera s’était opposé en surgissant tout à coup à l’improviste au milieu des bandits.

Ceux-ci, en apercevant l’Indien, avaient été saisis d’une si grande terreur, qu’ils s’étaient sauvés à toutes jambes.

— Hum ! murmura avec dépit Bernard entre ses dents, j’ai bien peur que cette fois encore nous fassions buisson creux ; enfin, voyons toujours ces misérables. Michel, apportez-moi une des lanternes de la voiture, ajouta-t-il en haussant la voix et s’adressant au valet de pied.

Celui-ci se hâta d’obéir.

Les cadavres des deux bandits étaient restés étendus à la place même où ils avaient été écrasés, leurs complices n’ayant pas eu le temps de les relever.

— Veillez, dit Bernard au cocher.

— Soyez tranquille, répondit cet homme ; faites vos affaires, je réponds de tout, je me méfie.

L’ancien coureur des bois s’approcha des cadavres et se pencha sur eux afin de les bien voir.

Ces deux hommes étaient horriblement mutilés : le premier avait la tête si complètement fracassée, que son visage n’avait plus rien d’humain.

Le second était un de ces pâles voyous imberbes et aux cheveux jaunes et plats comme on en rencontre à chaque pas sur les anciens boulevards extérieurs et dans certains tapis francs de la rue de la Gaîté, vieillis avant l’âge par de honteuses débauches, et dont les traits grimaçants, flétris et ridés ne laissent plus reconnaître s’ils sont jeunes ou vieux ; gibiers de la cour d’assises et que le bagne réclame.

Tous deux portaient des blouses en toile blanche, mais sales et déchirées, et des pantalons en loques avec des chemises noires de crasse.

L’ancien chasseur hocha la tête avec découragement.

Cependant, il les fouilla avec soin dans l’espoir de découvrir quelque indice qui le mit sur la voie qu’il cherchait.

Le premier avait dans une de ses poches du tabac dans