Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un cornet de papier et un cahier de papier à cigarette ; dans une autre poche, une contremarque du théâtre Montparnasse et quatre pièces de vingt francs.

Le second avait aussi du tabac, du papier à cigarette et quatre louis ; mais, de plus, dans une poche intérieure de sa blouse, il avait un portefeuille crasseux et déchiré renfermant quelques papiers que Bernard se promit d’examiner plus tard, et, enfin, un trousseau de douze fausses clefs.

— Nous n’avons plus rien à faire ici, dit enfin l’ex-coureur des bois en se redressant. Partons ! le temps nous presse.

Le boulevard continuant à être désert, le coureur des bois remonta dans la voiture, dont Charbonneau avait trouvé inutile de sortir, et l’on repartit.

En revenant avec la lanterne, Michel, le valet de pied, fit remarquer à Bernard que plusieurs balles de revolver avaient frappé la voiture à droite et à gauche.

Mais les bandits avaient heureusement tiré de trop loin ; les balles, presque épuisées, n’avaient pas eu la force de traverser les panneaux assez épais du coupé.

À cette époque, des attaques plus audacieuses encore que celle que nous racontons, n’étaient que trop fréquentes dans les quartiers nommés excentriques, complètement négligés par la police.

Seulement, le gouvernement impérial avait grand soin d’étouffer tout retentissement. De sorte que presque toutes ces attaques et ces guet-apens odieux passaient presque complètement inaperçus, à la grande joie de leurs auteurs, dont cette complicité tacite faisait parfaitement l’affaire.

Le reste du trajet s’accomplit rapidement et sans autre événement fâcheux.

La demie après une heure du matin sonnait au moment où le coupé entrait au grand trot dans la cour sablée de l’hôtel de Valenfleurs et, après avoir décrit une courbe savante, venait s’arrêter devant un double perron de marbre.