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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/197

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crime de désertion, vols qualifiés, meurtres et incendies, enfin, toutes les herbes de la Saint-Jean, comme on dit. N’est-ce pas cela, cher monsieur ? répliqua-t-il avec un sourire caustique.

— C’est très exact, mon maître ; je vois que nous nous connaissons bien l’un et l’autre, et que nous nous valons.

— Ce n’est pas mon avis, cher monsieur Felitz Oyandi.

— Vous croyez, cher monsieur de Montréal ?

— Vous êtes un sot en trois lettres, monsieur ; votre incurable et envieuse méchanceté vous fait continuellement commettre des maladresses, qui n’obtiennent d’autre résultat que de vous faire des ennemis redoutables d’hommes dont vous ne sauriez vous passer, et que vous devriez ménager, ne serait-ce que par intérêt, au lieu de les insulter gratuitement comme vous le faites sans cesse, dans le seul but de les blesser.

— Votre apostrophe est rude, monsieur ; pourtant, j’en reconnais la justesse. Je me suis laissé entraîner malgré moi à vous dire des paroles absurdes que je regrette ; oublions tout cela, je vous prie. Nous avons chacun commis certaines erreurs, que nous n’avons pas le droit de nous reprocher ainsi mutuellement… Mettons que je n’ai rien dit, et pardonnez-moi.

— Soit, monsieur, mais n’y revenez plus ; je vous y engage.

Ces derniers mots furent prononcés avec un tel accent par le Loupeur, que le doux M. Romieux se sentit secrètement frissonner.

— Est-ce que vous ne terminez pas votre récit, cher monsieur ? reprit-il après un temps.

— À quoi bon ? fit le Loupeur en haussant les épaules ; je vois de reste qu’il ne vous intéresse que très médiocrement.

— Eh bien ! vrai, vous vous trompez, je vous jure. Je serais véritablement fâché que vous ne le continuiez point, d’autant plus que cela me prouverait que vous ne m’avez