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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/215

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Quel pouvait être cet homme ?

Pourquoi l’avait-il enlevée ?

Que lui voulait-il ?

Où la conduisait-il ?

Pourquoi ce silence ?

Toutes ces questions se croisaient dans l’esprit de la jeune fille, sans qu’il lui fût possible de répondre à aucune.

C’était en vain qu’elle se torturait l’esprit pour trouver une explication plausible à ce qui lui arrivait ; elle ne trouvait rien.

Mademoiselle de Valenfleurs, l’avait-on donc enlevée aussi ?

Cette dernière pensée la faisait plus souffrir que ce qui lui arrivait à elle-même.

Miss Lucy Gordon aimait tendrement Vanda.

En songeant aux dangers auxquels son amie était exposée, la jeune fille sentait redoubler sa douleur.

La voiture roulait toujours.

Le compagnon de voyage de miss Lucy Gordon s’obstinait dans son mutisme.

Le roulement monotone des roues, l’obscurité dans laquelle elle était, le silence calculé de cet homme assis près d’elle, et dont elle entendait sans cesse à son oreille la respiration sifflante, l’ignorance de l’endroit où on la conduisait et des motifs de son enlèvement ; ces liens qui l’empêchaient de se mouvoir ; les pensées sinistres qui tourbillonnaient dans son esprit : toutes ces causes réunies agirent enfin sur son âme si bien trempée qu’elle fût, et sur son système nerveux, si violemment surexcité.

Une terreur folle l’envahit ; ses forces l’abandonnèrent tout à coup. Une faiblesse étrange s’empara d’elle ; bientôt elle sentit ses idées se troubler de plus en plus.

Elle ferma les yeux croyant mourir, poussa un profond soupir, essaya de jeter un dernier cri de détresse, et perdit connaissance.

Combien de temps demeura-t-elle ainsi, inerte et