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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/22

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j’ai éprouvée m’a, bien malgré moi, arraché un cri.

— Il faut boire quelques gorgées d’eau froide, dit la comtesse distraitement.

Et, s’adressant à son fils :

— Eh bien ! Armand, cette porte ? ajouta-t-elle.

— Chère mère, sans doute c’était une illusion, car je m’appuyai fortement contre la porte, et je fus contraint de reconnaître que je m’étais trompé, et qu’elle était solidement fermée. Cependant je ne me déclarai pas vaincu, une sourde inquiétude persistait au fond de ma pensée, je vous l’avoue. La chose était trop singulière pour ne pas être tirée au clair ; je résolus de savoir tout de suite à quoi m’en tenir à ce sujet. Je me hâtai donc de rentrer à l’hôtel ; mais au lieu de monter chez moi, je me rendis tout droit au fond du parc, afin d’examiner sérieusement la porte à l’intérieur.

— Eh bien, as-tu fait quelque remarque importante ?

— Oui, ma mère, une seule. J’ai reconnu, à n’en pouvoir douter, que la porte avait été tout récemment ouverte.

Miss Lucy Gordon baissa la tête pour cacher sa rougeur, qui devenait de plus un plus grande.

— Tu en es sûr, mon fils ? demanda la comtesse.

— Très sûr, ma mère. Du reste, il ne fallait pas être grand clerc pour s’en apercevoir.

— Mais la clef de cette porte est perdue depuis je ne sais combien de temps.

— C’est vrai, ma mère, mais sans doute quelqu’un l’aura trouvée, ou ce qui est plus probable encore, en aura fait confectionner une neuve, car la porte a été certainement ouverte.

— Oh ! mon Dieu ! s’écria la comtesse.

— Ne vous effrayez pas, ma mère ; le père Bardot, votre maître jardinier et moi, nous nous sommes communiqués nos soupçons, et nous sommes arrivés à cette conclusion, que les valets de pied étaient seuls coupables de cette espièglerie, car ce n’est évidemment pas autre chose.