Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les, dont les boutiques restent ouvertes pendant toute la nuit ; après s’être copieusement rafraîchis, ils avaient repris tranquillement le chemin de leur demeure.

La route qu’ils avaient à faire était longue ; il était plus de trois heures du matin lorsque le hasard les fit se trouver presque = l’improviste à deux pas du banc près duquel gisait la pauvre jeune fille, toujours évanouie.

Les ouvriers sont en général bons et compatissants. La lutte incessante qu’ils soutiennent si vaillamment, pour la plupart, contre la misère, les rend plus que personne accessibles à la pitié.

Les braves gens dont nous parlons relevèrent la jeune fille, la posèrent sur le banc, et essayèrent sans succès de la faire revenir à elle.

Mais, reconnaissant bientôt que tous leurs efforts étaient inutiles, ils se consultèrent entre eux pour savoir ce qu’ils devaient faire.

La femme de l’un des ouvriers fit alors remarquer que cette jeune fille était vêtue avec une élégance pleine de distinction ; qu’elle devait appartenir a une famille riche ; qu’il fallait visiter ses poches pour voir si elle n’avait pas sur elle quelques papiers qui permissent de découvrir qui elle était, et où elle demeurait, afin de la reconduire chez elle ; que si l’on ne trouvait rien, on la transporterait au logis de l’un d’eux, en attendant qu’elle eût repris connaissance et pût fournir elle-même les renseignements dont on avait besoin ; mais que, dans un cas comme dans l’autre, elle ne pouvait plus longtemps rester là, et que ce serait une cruauté et « une indignité indigne » de l’abandonner sur ce banc à la merci du premier rôdeur de barrière qui viendrait à passer, et qui la dévaliserait ; et peut être pis.

Cette déclaration de la brave ouvrière obtint le succès qu’elle devait avoir, et fut accueillie à l’unanimité.

On se mit en mesure de procéder à l’examen des poches de la malade.

En ce moment, on aperçut les lanternes d’une voiture qui s’approchait cahin-caha.