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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/236

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veste de velours une lettre qu’il montra, et fit aussitôt disparaître après.

— Très bien ! monsieur, reprit la concierge toujours souriante, veuillez me donner cette lettre, je la remettrai à ce locataire ?

— Je ne demanderais pas mieux, madame, répondit le commissionnaire, mais c’est que je suis chargé de rapporter une réponse ; et comme la commission m’a été très généreusement payée par le bourgeois qui m’envoie, je voudrais la bien faire.

— Rien de plus juste, monsieur ; que ne le disiez-vous tout de suite ? répondit la concierge. Quel est le nom de la personne pour qui est cette lettre ?

— M. Austin Verdier, madame, le connaissez-vous ?

— Si je connais la famille Austin Verdier, monsieur ? s’écria-t-elle ; des gens du bon Dieu ! honnêtes comme pas un, et cependant bien malheureux, sans avoir jamais rien fait pour cela. Si je connais la famille Austin Verdier ? c’est-à-dire que je ne connais qu’elle, monsieur.

— C’est cela même, madame ; cette famille est donc véritablement malheureuse ?

— C’est-à-dire, monsieur, reprit la concierge, avec un accent de compassion, que, sans une certaine dame qui vient ici toutes les semaines avec son ange de fille, si mignonne, si gentille, et pas fière du tout avec le pauvre monde, je ne sais pas ce que la famille Austin Verdier deviendrait !

— Je suis précisément envoyé par cette dame, reprit le commissionnaire. Il paraît, d’après ce que l’on m’a dit, qu’elle est depuis quelques jours assez gravement indisposée pour ne pouvoir sortir, ce qui l’a probablement empêchée de venir hier faire sa visite habituelle à ces personnes, auxquelles elle s’intéresse beaucoup.

— Tiens, c’est vrai ! s’écria la concierge d’un air étonné. Effectivement, nous n’avons pas vu ces deux dames hier, ce qui nous a beaucoup surpris.

— Énormément ! ponctua le mari de sa voix de tam-tam, sans abandonner son travail de réparation.