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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/26

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rien à cette exubérance de diable au corps, dont jusque-là ils ne se faisaient même pas une lointaine idée…

C’est pour eux une magie, un paradis retrouvé et un rêve féerique des Mille et une Nuits, réalisé dans des proportions inénarrables, qui les transporte sans transition dans un monde fantastique.

Parmi les nombreux cabarets de la hauts vie il en est un entre tous particulièrement affectionné par les véritables viveurs, et dont la réputation, aujourd’hui presque centenaire, n’a fait que s’accroître sous différents noms, et aujourd’hui a atteint l’apogée du confort et de l’élégance.

Ce restaurant est situe à l’angle du boulevard Poissonnière et du faubourg Montmartre ; il se nomme le restaurant Brébant.

Tous les Parisiens dignes de ce titre le connaissent et l’apprécient, non seulement à cause de l’excellence de sa cuisine, et de l’élégance incomparable de son service, mais surtout pour l’aménité, la politesse exquise, la façon spirituelle et pleine de bonhomie et de bon goût avec lesquelles on y est traité.

Philippe restera dans le cœur de tous les artistes et des viveurs dont il s’est depuis longtemps fait des amis, comme l’expression la plus complète de toutes ces qualités réunies. Lorsqu’il quittera cette célèbre maison, sa disparition sera une immense perte et un véritable deuil pour tous.

Il était un peu plus de minuit, une vive animation régnait sur les boulevards.

Les théâtres finissaient et dégorgeaient sur l’asphalte la foule grouillante et bavarde de leurs spectateurs, les cafés se remplissaient ; les cochers accouraient en criant et se disputant pour faire un dernier chargement avant de regagner l’écurie.

C’était un tohu-bohu indescriptible de cris, de huées, de rires et d’imprécations à ne pas s’entendre.

Le boulevard Poissonnière était comparativement sombre et désert.