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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/272

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que par billets de cent, et encore ! ils pratiquent l’assassinat au rabais ; ça fait suer, ma parole d’honneur ! avec vous, à la bonne heure ! on sait au moins sur quoi compter.

— Si je suis satisfait de votre conduite, je saurai vous récompenser ; mais si vous ne marchez pas droit, prenez garde ! et souvenez-vous de ce que je vous ai dit… Voici deux billets de mille francs à valoir sur ce que je vous ai promis.

Et il prit, dans un tiroir de la table, deux billets, qu’il présenta à Fil-en-Quatre.

— Merci, j’aimerais mieux de l’or ; je marque mal, ajouta-t-il en montrant son costume d’un geste énergique, quand j’voudrai changer les fafiots, on m’accusera de les avoir grinchi, et on me mettra la main sur le collet, non, merci, n’en faut pas !

L’Américain sourit.

— Vous êtes prudent, c’est bien ; gardez ces deux billets, voici en plus deux cents francs en or et cent francs en pièces de cinq francs. Vous vous servirez de cette monnaie pour vous acheter d’autres habits, et servir à vos besoins particuliers. Je ne veux pas lésiner avec vous ; l’affaire faite, vous toucherez huit mille francs, et peut-être plus.

— Bon ! vous êtes le roi des hommes ; j’vous r’vaudrai ça, y a pas d’soin, foi de Polyte !

— Nous verrons ; maintenant, il reste une dernière formalité à remplir.

— Laquelle ?

— Vous laisser bander les yeux, et n’enlever le bandeau que lorsqu’on vous aura conduit où vous voulez vous rendre, et après avoir compté jusqu’à cent : y consentez-vous ?

— J’crois bien ! qué qu’ça m’fait : j’tiens pas au paysage, seul’ment vous avez bien tort d’vous méfier d’moi, vrai !

— Il le faut.

— Allons, allez-y, j’m’y oppose pas.