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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/364

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Cependant le policier s’était approché du bandit.

Il l’examinait avec la plus sérieuse attention, tandis que le docteur d’Hérigoyen, qui venait faire visite à ses amis, accourait, prévenu à l’instant de la blessure de miss Lucy Gordon, enjambait par-dessus le bandit toujours maintenu par Dardar, et pénétrait dans l’appartement.

Bernard s’était approché du policier.

— Eh ! notre ami, lui dit-il gaiement, vous regardez bien attentivement ce coquin ! Serait-ce, par hasard, une de vos anciennes connaissances ?

— Vous ne croyez peut-être pas dire si vrai, cher monsieur Zumeta, répondit le policier sur le même ton en massant délicatement une prise de tabac dans sa boîte d’argent niellé ; maintenant que j’ai rappelé mes souvenirs, je reconnais parfaitement ce drôle ; c’est une de mes anciennes pratiques.

Et, se penchant à l’oreille du coureur des bois, il ajouta à voix basse :

— Peut-être ferions-nous bien de l’interroger ?

— À votre aise, répondit Bernard en baissant aussi la voix ; seulement, cher monsieur, vous vous chargerez, n’est-ce pas ? de cet interrogatoire ; j’avoue mon incompétence en pareille matière. Vous devez savoir beaucoup mieux que moi de quelle façon on doit parler à des drôles de cette espèce.

— C’est vrai ; mais ne vous y trompez pas, reprit en souriant le policier, cet homme n’est pas, tant s’en faut, ce qu’il vous paraît ; c’est le locataire de la maison que nous avons visitée il y a deux jours.

— Ah ! diable ! ceci change la thèse.

— Eh ! là-bas ! mes braves bourgeois ! cria le bandit en interrompant sans façon la conversation des deux hommes, il est très réussi, votre toutou ! c’est un rude garde du corps, j’en sais quelque chose ; mais, vrai, je ne serais pas fâché, si aimable qu’il soit, de causer avec d’autres interlocuteurs, mais à deux pattes, si cela était possible.