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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/388

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Ce délicieux séjour était une prison, une cage dont les barreaux dorés étaient à demi dissimulés sous la soie des tentures.

Vanda, revêtue du même costume qu’elle portait deux jours auparavant, bien que de riches vêtements fussent étalés sur des meubles, à quelques pas et presque en face d’elle, était à demi couchée sur une chaise longue, et, ses magnifiques cheveux inondant ses blanches épaules, son charmant visage caché dans ses mains, elle pleurait et sanglotait tout bas avec désespoir.

Le jeune comte ne put résister a ce spectacle navrant et s’élança d’un bond vers la pauvre éplorée, tomba à ses genoux, et d’une voix douce et plaintive il murmura plutôt qu’il ne prononça ce seul mot :

— Vanda !…

— Armand ! s’écria-t-elle en se dressant toute droite galvanisée, transfigurée, radieuse. Armand ! mon ami, mon frère, mon fiancé ! mon amour ! reprit-elle en riant et pleurant à la fois. Oh ! je le savais bien, moi, qu’à force de t’appeler tu viendrais, mon bien-aimé !

— Hélas ! ma chérie, répondit tristement le jeune homme, ce n’est pas moi qui t’ai retrouvée ; je suis aveugle, moi ; un autre, un ami, un frère, plus clairvoyant que moi, m’a guidé à travers ces ténèbres et, sans m’égarer une seconde, m’a conduit près de toi.

Et, se détournant à demi, Armand désigna d’un geste Julian d’Hérigoyen qui se tenait souriant à quelques pas en arrière, jouissant du bonheur des deux jeunes gens et se payant ainsi de toutes ses peines.

— Lui ! s’écria la jeune fille avec effusion ; je le savais, mon cœur me l’avait dit ; lui seul pouvait accomplir ce miracle ! Oh ! je suis heureuse ! bien heureuse !

Mais le choc avait été trop rude, tant de joie après tant de douleur avait brisé les forces épuisées de la jeune fille : ses traits pâlirent tout à coup, elle chancela, poussa un soupir et tomba défaillante dans les bras de son fiancé.

Elle avait perdu connaissance.

— Mon Dieu ! s’écria le jeune homme épouvanté de l’é-