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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/53

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tant les revolvers de la poche de côté de son habit, et enlevant les tonnerres, vous voyez que je suis maintenant à votre merci.

— Je n’en abuserai pas, dit le bandit, complètement rassuré par l’abandon fait par le Mayor ; et l’argent ? ajouta-t-il.

Le Mayor ouvrit son portefeuille, prit plusieurs billets de banque et les présenta à Caloubot.

— Comptez, lui dit-il.

— Il y en a deux de trop, dit-il après avoir compté.

— C’est pour les remords, dit en riant le Mayor.

— Merci, mon maître, dit le bandit ; peut-être êtes-vous le diable, mais si vous ne l’êtes pas, vous êtes à coup sûr un de ses plus proches parents.

— Peut-être, répondit le Mayor en riant ; voulez-vous que je retourne mes poches !

— C’est inutile, depuis que nous sommes ensemble, j’ai eu le temps de m’assurer que vous ne pouviez pas avoir d’autres armes, et que M. Romieux, lui, n’en avait pas.

— Maintenant, comment ferez-vous pour tenir votre promesse ?

— Soyez tranquille, monsieur ; cela me regarde.

— Comme il vous plaira ; le principal pour moi, c’est que vous ne me trompiez pas.

— Vous avez ma parole, monsieur.

— C’est juste ; partons-nous ?

— Oui, et cette fois pour tout de bon.

Sur ces derniers mots, ils se remirent en marche.

La nuit était sombre, nous l’avons dit, à cause de l’absence de la lune, mais elle n’était pas positivement obscure, elle avait, grâce à la lueur mélancolique qui tombe des étoiles, selon l’expression d’un poète, une espèce de transparence qui permettait de distinguer assez nettement les objets, même à une certaine distance, et plus que suffisante pour se diriger avec sûreté.

Les trois hommes marchaient en file sur le bord du sentier pour être moins en vue, et ils emboîtaient autant que possible leurs pas les uns dans les autres.