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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/66

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— Oui ! je le sais bien, interrompit le Mayor en ricanant. Mais tu n’échapperas pas, sois tranquille… Chacun son tour, cher ami ; tu t’es vengé à ta manière ; je me venge à la mienne ; c’est un prêté pour un rendu. Tu vas voir ce que je te réserve et tu me diras…

Un coup de revolver se fit entendre. Le Mayor n’acheva pas, et tomba comme une masse sur le plancher, où il resta immobile…

Felitz Oyandi poussa un cri terrible d’épouvante, et se précipita, effaré, au dehors.

Voici ce qui s’était passé.

Pendant que le Mayor causait avec Sebastian et lui détaillait avec complaisance la torture qu’il lui préparait, en se pourléchant à l’avance, comme un tigre à la curée, Michela ayant rouvert les yeux, avait repris connaissance.

Elle demeura pendant un instant comme hébétée, ses pensées tourbillonnaient dans son cerveau.

Elle ne se rendait pas compte de ce qui s’était passé, ni de la situation dans laquelle elle se trouvait ; mais bientôt la mémoire lui revint, et tout lui fut alors expliqué.

Elle tressaillit, se redressa à demi et regarda autour d’elle.

Michela était une paysanne de pure race montagnarde, énergique et brave ; sa résolution fut prise en une seconde.

Caboulot était tombé à deux pas d’elle ; ses revolvers étaient à portée de sa main ; les dernières paroles du Mayor firent courir un frisson d’horreur dans tout son corps : elle étendit le bras et s’empara des revolvers, si dédaigneusement abandonnés par le Mayor.

En ce moment, ses yeux tombèrent par hasard sur Felitz Oyandi.

Le misérable la regardait avec une expression étrange.

Il n’avait qu’à faire un geste, dire un mot, et elle était perdue !

Felitz Oyandi ne bougea pas, ne prononça pas une parole.

Quelle pensée infernale avait donc germé tout à coup