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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/67

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dans l’esprit de ce hideux personnage pour qu’il se conduisît ainsi et ne donnât pas l’éveil à son complice, en l’avertissant du danger terrible qui le menaçait ?

Espérait-il donc se libérer, par la mort du Mayor, et se soustraire à tout jamais à sa diabolique influence ?

Qui sait quelles pensées traversèrent son cerveau atrophié ?

Peut-être même l’intensité de son épouvante l’avait-elle complètement paralysé ?

Il est impossible de répondre à ces questions.

Ce qui est certain, c’est qu’il resta neutre.

Michela se leva lentement sans le perdre du regard.

Quand elle fut debout, elle fit un geste de menace, et, pressant la détente, elle tira sur le Mayor.

Elle s’élança aussitôt vers Sebastian, dont elle coupa les liens.

Elle était folle de joie, pleurait et riait à la fois.

— Merci, ma lionne ! dit Sebastian en lui rendant ses caresses ; c’est toi qui nous a sauvés. Enfin, ce misérable est mort ; nous n’avons plus rien à redouter de lui.

— Viens, partons ! s’écria-t-elle d’une voix tremblante d’émotion ; partons, ne restons pas une minute de plus dans cette maison.

— Oui, partons ; mais à présent que nous n’avons plus rien à redouter de ce misérable, nous resterons à Paris. À quoi bon nous réfugier en Espagne ?

— Je ferai ce que tu voudras, mon ami, répondit-elle ; mais les meurtres commis dans cette maison auront un grand retentissement, et peut-être…

— C’est vrai, tu as raison ; la police ne doit pas mettre son nez dans nos affaires particulières ; mieux vaut nous éloigner au plus vite ; plus tard, quand le scandale de ces crimes mystérieux sera étouffé…

— Nous reviendrons ; mais, je t’en supplie, éloignons-nous.

— Viens donc, et hâtons-nous.

Ils firent leurs derniers préparatifs en quelques minutes.