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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/74

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— Merci, je sors d’en prendre ; c’est plein de mouches là-dedans.

— Le fait est qu’il n’en manque pas ce soir, on dirait un rendez-vous.

— Cela se pourrait bien.

— Et ils me reluquaient, faut voir !

— Bah ! tant que ça ?

— J’avais un taf à tout cesser, mais je t’attendais et j’ suis resté quand même.

— T’as bien fait ; viens.

— Où que nous allons ?

— Dans un endroit où nous pourrons causer à notre aise.

— Y a donc du nouveau ?

— Tu le verras, curieux.

— T’as raison, allons-y ; c’est-y loin ?

— As-tu peur d’user tes quilles ?

— Non, c’est pour savoir ?

— Eh bien ! ma vieille, tu le sauras quand nous y serons.

— Comme tu voudras : ça m’est égal.

Tout en causant ainsi, les deux hommes s’étaient éloignés bon train et avaient quitté la Cour-de-Rome.

Bientôt ils se trouvèrent au square des Arts-et-Métiers ; un fiacre passait à vide, le Loupeur le héla ; le cocher arrêta son véhicule.

— Monte, dit le Loupeur à son camarade, en ouvrant le portière.

— Excusez, dit en riant Fil-en-Quatre, plus que ça de poussière ! J’ te vas tuer, pour sûr !

— Où allons-nous, bourgeois ? demanda le cocher.

— Il est neuf heures un quart, je vous prends à l’heure conduisez-nous d’abord place du Trône.

— Cristi ! dit le cocher, en voilà une course ; heureusement que c’est à l’heure.

Le Loupeur se mit à rire.

— Il y aura pourboire, dit-il.

Il s’assit à côté de Fil-en-Quatre et ferma la portière.