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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/91

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En effet, M. Blanchet, arrivé quelques minutes avant eux, avait eu le temps d’ouvrir la porte, de se procurer de la lumière, et il attendait sur le seuil même de la maison l’arrivée des deux rôdeurs.

La rue de Chaillot était complètement déserte ; depuis qu’ils avaient quitté les Champs-Élysées, les trois hommes n’avaient pas croisé un seul passant.

M. Blanchet referma la porte derrière eux, leur fit traverser une cour assez petite, mais plantée d’arbres fort touffus, et les introduisit dans un pavillon qui avait dû, à un autre époque, servir d’atelier à un peintre ou à un sculpteur.

Le plafond était très élevé, les murs étaient peints à l’huile, et d’immenses fenêtres de forme carrée devaient, pendant le jour, laisser pénétrer à profusion les rayons du soleil.

Mais, en ce moment, ces fenêtres étaient cachées sous d’épais rideaux en tapisserie.

Trois portes ouvraient sur cette immense pièce : deux intérieures communiquant sans doute avec les appartements, car ce pavillon était élevé d’un étage et se terminait par un toit à l’italienne.

La troisieme porte, celle par laquelle les visiteurs avaient été introduits, était à deux battants et ouvrait sur un corridor de dégagement, où le Loupeur aperçut d’autres portes et un escalier.

Deux bahuts en chêne de style Henri II, fabriqués au faubourg Saint-Antoine ; une glace de Venise placée sur une cheminée en marbre blanc sur laquelle était posée une horloge Louis XIII ; deux divans en velours rouge, plusieurs fauteuils, une table à ouvrage couverte de boîtes de toutes sortes, une broderie commencée posée sur le dos d’une chaise, dénonçaient la présence habituelle d’une femme.

Une grande table de travail, encombrée de papiers au milieu desquels gisaient comme abandonnés trois ou quatre revolvers, quelques chaises, une bibliothèque en chêne remplie de livres, une dizaine de tableaux accro-