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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/322

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— Oui.

— Tu en es sûr ?

— Pardieu ! je l’ai vue ; tu comprends, compagnon, que le fait était beaucoup trop important pour que je ne prisse pas aussitôt la peine de mesurer par moi-même qu’il était exact. Mais pourquoi donc, cher ami, prends-tu cet air effaré, au lieu de te réjouir ?

— Moi ? fit-il en essayant de se remettre, allons donc, tu es fou, compagnon, pourquoi donc prendrais-je l’air effaré, s’il te plaît ? mais, dis-moi soupçonnes-tu quels peuvent être les projets des Frères de la Côte ?

— Certes, non-seulement je les soupçonne, mais encore je les connais entièrement, cher ami : l’expédition est forte de quinze cents hommes au moins, choisis parmi les plus braves de nos frères ; ils veulent tout simplement s’emparer de Carthagène.

— S’emparer de Carthagène, allons donc ! s’écria-t-il avec un bond de surprise, mais c’est de la folie, cela !

— Ce n’est pas l’opinion des Frères de la Côte, je te le certifie, compagnon ; ils espèrent réussir, au contraire.

Don Torribio était retombé sur son siège, il tremblait de tous ses membres ; son visage était livide.

Barthélemy feignit de ne pas remarquer l’état de son ami.