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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/145

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LE CITOYEN CONTRE LES POUVOIRS

et séparé de l’opinion par des rangs épais de flatteurs ; sans compter qu’un pouvoir sacré porte naturellement l’aveuglement et l’infatuation au delà de toute prudence ; aussi la menace des révolutions est toujours comprise trop tard. Il fallait des rois sans majesté, toujours menacés et surveillés, toujours prêts à rendre des comptes, sans aucun privilège ni aucun secret, et déposés promptement, à l’occasion, sans scandale ni tumulte. À quoi les Chambres devaient servir, qui étaient comme des comités de vigilance, traduisant la puissance de l’opinion. Mais on a vu déjà au temps de Combes, et l’on voit encore maintenant, que les relations politiques s’établissent par d’autres moyens ; et il arrive que les députés, par mille causes, éprouvent moins directement les changements de l’opinion que ne fait un roi éphémère qui naturellement s’efforce de durer. Les uns composent discours avec discours, ce qui est certes quelque chose ; mais le pilote jette la sonde, et corrige les discours.


Quand les partis s’équilibrent,L’ADMINISTRATION AIME
LES PARTIS ORGANISÉS.

Quand les partis s’équilibrent, l’administration gouverne. Mais il y a entre les partis et l’administration une affinité profonde. Autant que les députés dépendent de leur parti, l’administration gouverne. Or nous vivons présentement sous la férule administrative, et ceux qui essaient d’interpeller se trouvent dans la situation du réclamant devant le guichet. « L’affaire suit son cours, et revenez dans trois mois. » L’idée de fatiguer ceux qui réclament et de résister au public, dans son intérêt

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